Niger : test grandeur nature pour Bazoum

Le Niger est en deuil de 72 heures à compter d’hier à la suite des attaques du dimanche dans la région de Tahoua, proche du Mali, ayant entraîné la mort de 137 personnes, selon les autorités nigériennes. Ce drame fait suite à une autre attaque qui s’est produite une semaine plutôt et qui a couté la vie à 66 personnes dans la région de Tillabéry à l’Ouest du pays. Là aussi, un village a été pris pour cible ainsi que des véhicules qui revenaient du marché de Banibangou. En une semaine, plus de 200 personnes ont donc été tuées dans l’Ouest du Niger. Il s’agit en effet de la 4e attaque dans le pays et qui cible exclusivement des civils depuis le début de l’année. Selon les témoins, concernant la dernière attaque, les assaillants sont arrivés à motos et ont immédiatement ouvert le feu sur les villageois. Pour l’heure, les deux attaques ne sont pas encore revendiquées, plongeant ainsi les autorités nigériennes dans des interminables réflexions pour se faire une idée de l’ennemi. Des spéculations tendent à faire croire qu’il s’agirait de conflits intercommunautaires, mais Niamey balaie du revers de la main cette thèse.
Le gouvernement à travers un communiqué ne parle que de bandits armés.
Ces évènements malheureux interviennent au moment où le nouveau président, Mohamed Bazoum, s’apprête à prendre officiellement les rênes du pouvoir, le 2 avril prochain. A peine élu, son pays a été attaqué à deux reprises dans le mois de mars. Le 2 janvier 2021, entre les deux tours de l’élection présidentielle, près de 100 personnes avaient été tuées dans les attaques de deux villages de la commune de Mangaïzé. Cette série d’attaques sonne comme un avertissement au nouveau locataire du palais présidentiel. L’ancien ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique, de la Décentralisation et des Affaires coutumières et religieuses pourra-t-il trouver les armes nécessaires pour asseoir sa notoriété ? Sa « maîtrise » du terrain et de la question sécuritaire de son pays pourraient être des atouts importants pour relever les défis. En plus, M. Bazoum pourra bénéficier d’une nouvelle loi votée en novembre dernier à l’Assemblée nationale, qui vise à doubler les effectifs de l’armée.
L’objectif étant d’atteindre 50 000 soldats d’ici cinq ans. Un avantage certes, mais avant de déployer son arsenal de riposte, le nouveau président nigérien doit d’abord faire face à son opposition qui devient de plus en plus menaçante.
En effet, celle-ci annonce un appel à la désobéissance civile. M. Bazoum va-t-il joué la carte de l’apaisement avec ses adversaires politiques ? Attendons de voir. Toutefois, vouloir ouvrir deux fronts s’avère une mission difficile.
Surtout dans ce contexte de guerre asymétrique où l’ennemi est difficilement saisissable.
Le pouvoir qui se mettra bientôt en place, gagnerait à tendre la main à l’opposition, à commencer par libérer l’opposant Hama Amadou emprisonné à la maison d’arrêt de Filingué. En tous les cas, il s’agit d’un test grandeur nature pour le nouveau président, désormais au pied du mur. Il lui reste à prouver qu’il est le bon maçon que ses compatriotes ont choisi pour remplacer Mamadou Issoufou.

Abdoulaye BALBONE

 

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