Dans la nuit du 31 décembre 2019 au 1er janvier 2020, la police nationale a déployé un dispositif pour réglementer la circulation aux grands carrefours et sécuriser la ville à travers les patrouilles. Sidwaya a passé la nuit du réveillon en compagnie de ces agents qui ont veillé dans l’ombre, pour que les populations fêtent dans la sérénité.
31 décembre 2019, 21 h 11, bon nombre de Ouagalais s’activent pour passer le cap symbolique de la nouvelle année. Au Commissariat central de police de Ouagadougou (CCPO), un petit attroupement d’agents en uniforme kaki vient de se former. En attendant d’aller remplacer leurs camarades en poste depuis 12 h aux différents carrefours du centre-ville, ceux-ci écoutent les dernières consignes du chef de service voie publique, le lieutenant de police, Karim Konaté : rester courtois envers les populations, les sensibiliser et interpeller en cas d’infraction, s’il y a lieu. Le lieutenant recommande fermement aux agents de ne pas se laisser distraire par leurs téléphones portables. Puis, par équipes de quatre ou cinq agents, chacun récupère un talkie-walkie, un gilet fluorescent et un bâton lumineux sous la supervision du sergent-chef Désiré Zongo, avant de rejoindre l’intersection qui lui a été affectée. Au total, 5710 éléments de police sont postés à 100 carrefours de la ville de Ouagadougou pour cette nuit de St Sylvestre, selon le commissaire principal de police, Aimé Salvador Bougma. Il nourrit l’espoir, que les forces de l’ordre enregistrent moins d’accidents comme à la fête de Noël (77 cas dont 1 cas mortel). Pendant que les dernières équipes se déploient sur le terrain où elles pourraient rester jusqu’à l’aube, en fonction de la densité de la circulation, la police secours, quant à elle, multiplie les patrouilles à travers les artères de la capitale. Le sergent de police, Xavier Guigma et son équipe sont de service. Kalachnikov en main, gilet pare-balles recouvrant le dos et la poitrine, ils embarquent dans leur pick-up pour un énième tour de la ville qu’ils effectuent depuis 6h du matin. Il est 23h. Le froid « fouette » les quatre éléments juchés sur la banquette arrière. Quartier après quartier, ils sont à l’affût de la moindre situation d’insécurité. Ils croisent les regards de citoyens, empreints de curiosité, souvent d’indifférence. Certains montrent toutefois de l’empathie. C’est le cas de cette usagère de la route qui lance gaiement à l’équipe : «bonne année à vous tous etcourage !». D’autres par contre sont moins exemplaires, à l’image d’un homme au volant d’un véhicule sans immatriculation. « Ce sont de potentielles sources de danger. En cas d’accident, certains prennent la fuite et il n’y a pas de référent pour procéder à une éventuelle interpellation », commente le policier Abdoul-Aziz Ouédraogo, assis à l’arrière du pick-up. L’équipe décide de procéder à un contrôle.
Délit de fuite
Elle a eu raison. Le conducteur n’a aucun document du véhicule. Sa compagne, elle, n’a pas non plus de document d’identité. Un procès-verbal d’infraction est tout de suite dressé. La patrouille se poursuit, il est 23h 51. Plus loin au quartier Karpala, au moment où il est minuit et des feux d’artifice crépitent, malgré l’invite du chef de l’Etat à rester sobre, les patrouilleurs rencontrent un véhicule d’occasion portant son immatriculation d’origine. Ils décident d’effectuer un contrôle, mais le chauffeur n’obtempère pas. C’était sans compter avec la détermination des agents de police qui, malgré les crevasses et autres obstacles sur la voie, réussissent à rattraper la « coccinelle » en quelques secondes. Le chauffeur fuyard est tenu en respect tandis que la voiture est passée au peigne fin, tout autant que ses quatre passagers. Ils soutiennent n’avoir pas remarqué le signal des policiers. Mais alors, pourquoi la fuite ? « Votre comportement aurait pu vous être fatal, nous aurions pu tirer, au regard de la situation sécuritaire du pays, votre attitude est suspecte », sermonne le sergent Guigma. Le fautif, ressortissant d’un pays voisin, se confond en excuses. L’équipe de police se montre magnanime, d’autant plus que la fouille n’a rien révélé de suspect. Il est presque 2h, lorsque les agents, après plusieurs autres contrôles, s’autorisent un break dans un endroit discret de la ville, le temps d’un casse-croûte. Mais à peine ont-ils soufflé qu’un flagrant délit de vol leur est signalé. Les pneus crissent, 30 mn plus tard, ils retrouvent un individu visiblement en état d’ébriété au milieu d’une petite foule. Il n’a aucun document d’identité. La police enregistre la déclaration du requérant et embarque l’accusé qui passera le jour de l’an à s’expliquer au service investigation, pourquoi il a tenté de pénétrer dans une cour sans y avoir été invité. A 6h, d’autres agents relayeront l’équipe du sergent Guigma pour que la police continue de veiller au grain.
Fabé Mamadou
OUATTARA