Le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur a organisé un panel sur le thème : « Les crimes économiques déterminants : la conférence de Berlin et le néocolonialisme », samedi 1er novembre 2025 à Ouagadougou.
Le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur veut montrer à la génération actuelle les impacts négatifs des crimes économiques sur l’Afrique et la nécessité de trouver des solutions idoines pour le développement du continent.
A cet effet, il a organisé un panel le samedi 1er novembre 2025 à Ouagadougou sur le thème : « Les crimes économiques déterminants : la conférence de Berlin et le néocolonialisme ». Cette communication assurée par l’universitaire Serge Noël Ouédraogo, maitre de conférences en histoire contemporaine a connu la participation d’une délégation de la diaspora africaine et d’afrodescendants venus des USA.
Le conférencier a abordé différentes formes d’exploitation économique de l’Afrique depuis l’ère coloniale au néocolonialisme. A ce propos, il a indiqué que pendant la colonisation, les terres africaines étaient considérées comme vacantes au point que des puissances européennes se sont donné le droit de partage. C’est ainsi qu’elles se sont ruées sur le continent tout au long du XIXe siècle avec souvent des rivalités entre elles sur les conquêtes des positions les plus stratégiques.
C’est ainsi, a-t-il cité en exemple, que les Britanniques ont écarté les Danois et les Portugais en Gold Coast (actuel Ghana). Ils ont évincé les Portugais dans le Delta du Niger et pris possession du Delta du Niger et de Lagos. Ils se sont également imposés aux Hollandais en Afrique du Sud depuis la première moitié du XIXe siècle, a confié M. Ouédraogo.
Les Français de leurs côtés, a poursuivi le communicateur, ont retiré aux Portugais les comptoirs de Conakry et de Porto Novo. Cette course effrénée à l’accaparement des terres africaines va cristalliser des rivalités franco-belgo-portugaises dans le bassin du fleuve Congo et franco-britanniques en Egypte. Face à ces menaces d’affrontement, les puissances coloniales vont se retrouver à la Conférence de Berlin du 15 novembre 1884 au 26 février 1885.
Au cours de ce conclave, les puissances vont se fixer des règles afin que la colonisation du continent se déroule sans heurts, a déclaré l’universitaire. Il a en outre relevé que les puissances coloniales vont, pendant cette période, imposer aux populations africaines des mesures contraignantes.
Un brin d’espoir
Prenant le cas de la Haute-Volta (actuel Burkina Faso), M. Ouédraogo a fait remarquer que le colon a imposé l’impôt de capitation et la culture du coton en 1924 avec des prix qui n’obéissent pas à la loi de l’offre et de la demande. Ils ont instauré, de son avis, d’autres mesures pour exploiter les richesses notamment la construction des lignes de chemin de fer de l’intérieur du continent vers les côtes et la mise en place de petites unités industrielles pour juste rendre les matières premières faciles à transporter vers les côtes.
Selon le conférencier, les pays africains sont allés aux indépendances dans les années 60, avec ce lourd handicap de départ qui pèse encore sur leur développement.
Le communicateur a par ailleurs relevé que le néocolonialisme actuel trouve ses lointaines racines dans la conférence de Berlin. C’est au moment de la négociation des indépendances que ces fondations ont été creusées au moyen des accords de coopération pour une exploitation plus souple des ressources des anciens territoires colonisés.
De son avis, les crimes économiques par l’inégalité des échanges commerciaux ou par les guerres ne sont que les manifestations du néocolonialisme. « Aujourd’hui, on assiste à une domination plus subtile. Il faut avoir une hauteur d’esprit pour voir que bon nombre d’actions sur le terrain sont dans l’intérêt d’autres pays que ceux africains », a-t-il assuré.
Pour changer la donne et en réponse aux préoccupations des participants, le conférencier a lancé un appel aux africains.
« Il faut savoir mettre en toute circonstance ses propres initiatives et être toujours dans la logique du partenariat gagnant-gagnant en sortant de celui gagnant-perdant. Pour cela, il faut des mesures fortes et courageuses », a-t-il suggéré. Toutefois, il a noté un brin d’espoir.
« Certains dirigeants, notamment ceux de la Confédération des Etats du Sahel (AES) sont sur la bonne voie », a-t-il signifié. A ce propos, Serge Noël Ouédraogo a salué l’éveil de consciences en cours dans certains pays africains dont les manifestations se traduisent par la remise en cause par le Burkina Faso de la convention fiscale avec la France en la dénonçant le 7 août 2023.
Cela permettra au Burkina de disposer des ressources fiscales propres, s’est-il réjoui. Puis de soutenir que son souhait est que toute l’Afrique s’inscrive dans cette dynamique pour qu’elle puisse émerger sur le plan économique.
Abdoulaye BALBONE
























