Oumane Sonko, le Macron sénégalais ?

Après avoir franchi les derniers obstacles à sa candidature, le président du parti, Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF), Ousmane Sonko, se présente comme le principal adversaire du chef de l’Etat sortant, Macky Sall, candidat à sa propre succession à la présidentielle de février 2019. Encore peu connu, il y a quelques mois au Sénégal, le jeune député de l’opposition s’est révélé au grand public, après le lancement inédit de sa campagne, au cours de laquelle il a fait le tour du monde pour expliquer à ses compatriotes, sa vision de la politique.

Une vision, dont la pierre angulaire reste la confrontation des idées, la compétence et l’incarnation d’une jeunesse décomplexée, ambitieuse et combative. De Paris à New York, en passant par Madrid, Bruxelles ou Milan, Ousmane Sonko a fait salle comble partout où il est passé. Avec la même fougue et la même détermination que lors des débats à l’Assemblée nationale sénégalaise, où il siège depuis 2017, le jeune opposant a réussi à mobiliser des milliers de militants et sympathisants pour venir à l’écoute de son projet de société pour un Sénégal émergent et ambitieux.

La lutte contre la corruption au sommet de l’Etat, la souveraineté nationale « mise à mal », celui qu’on surnomme la nouvelle star de la politique sénégalaise multiplie les critiques acerbes contre le pouvoir en place, pointant du doigt son « incapacité et ses défaillances ». Après l’étape redoutable des parrainages et la publication de son livre intitulé « Solutions », plus rien ne semble arrêter le candidat de PASTEF dans sa marche vers le palais présidentiel sénégalais. Né le 15 juillet 1974 dans la région de Thiès, Ousmane Sonko était cadre au ministère de l’Economie et des Finances du Sénégal, avant d’être radié en 2016 de l’Inspection générale des impôts et domaine pour manquement au devoir de réserve. Il avait notamment accusé le régime Sall d’anomalies fiscales et budgétaires en mettant personnellement en cause le chef de l’Etat.

Mais, loin de le faire taire, cette révocation a poussé l’homme dans son dernier retranchement, avant de lui donner des ambitions politiques. Elu à l’Assemblée nationale, un an plus tard, le député Sonko se fait très vite remarquer par ses interventions lors des débats généraux à l’hémicycle. Pour pousser plus loin sa critique à l’égard du régime de Dakar, il publie un premier livre sous le titre évocateur, «  Pétrole et gaz au Sénégal : chronique d’une spoliation », dans lequel il dénonce les malversations et le pillage des deniers publics par un groupuscule, le président Macky Sall en tête.

Aux yeux de certains analystes, le succès que rencontre Ousmane Sonko dans sa jeune carrière politique s’explique en partie par le désenchantement d’une bonne partie des Sénégalais, affectés par la malgouvernance du régime actuel. Une situation qui se traduit sur le terrain par les difficultés que rencontre le Plan sénégal émergent (PSE) dans sa mise en œuvre, avec des projets et des reformes qui piétinent. Cependant, si le patron du PASTEF semble avoir le vent en poupe, son camp devrait garder la tête sur les épaules et poursuivre le travail de mobilisation, car dans une élection, rien n’est jamais joué d’avance. Cela vaut encore plus sous nos cieux, où il est presqu’admis qu’un président sortant ne saurait organiser des élections pour ensuite les perdre. Aussi l’adage, ne dit-il pas, que qui veut voyager loin ménage sa monture ? En tous les cas, la candidature d’Ousmane Sonko va contribuer à la vitalité démocratique.

Parce qu’il faut une opposition forte pour empêcher la majorité présidentielle de se prélasser dans un confort insoutenable et sombrer dans une léthargie inadmissible. A ce titre, le président du PASTEF porte l’espoir de la jeunesse sénégalaise et il devra travailler à mériter sa confiance.

Beyon Romain NEBIE
nbeyonromain@yahoo.fr

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