Pôle de croissance de Bagré : des journalistes découvrent les potentialités agricoles

L’Initiative présidentielle « Assurer à chaque enfant en âge scolaire, au moins un repas équilibré par jour » est en marche. À mi-parcours de la mise en œuvre opérationnelle du programme, le secrétariat permanent de ladite Initiative a présenté aux journalistes, des actions déjà menées sur les plaines agro-sylvo-pastorales du pôle de croissance de Bagré, dans la région du Centre-Est. L’immersion a permis de toucher du doigt, le potentiel de production ainsi que les enjeux pour la réalisation des objectifs de l’initiative présidentielle.

L’Initiative présidentielle visant à « Assurer à chaque enfant en âge scolaire, au moins un repas équilibré par jour » est en marche depuis mi-juin 2021. Elle vise à améliorer considérablement l’alimentation et la nutrition des enfants en âge scolaire au Burkina Faso de 2021 à 2025. A mi-parcours de la mise en œuvre, une équipe de journalistes se lance sur les traces de l’initiative. Le 23 novembre 2023, la croisade des journalistes commence sur les berges de la pleine aménagée du pôle de croissance de Bagré, dans la province du Boulgou, région du Centre-Est. L’immersion débute par une présentation sommaire de l’initiative présidentielle par Patrice Kaboré, chef du département Plaidoyer-Partenariat et Communication au Secrétariat permanent de l’Initiative présidentielle (SP-IP), et chef de mission de la trentaine de journalistes. De la communication de ce dernier qui a duré une quarantaine de minutes, il ressort que l’Initiative présidentielle « Assurer à chaque enfant en âge scolaire, au moins un repas équilibré par jour » est, une vision de protection sociale lancée au plus haut niveau de l’appareil d’Etat. Et c’est connu de tous que l’alimentation joue un rôle crucial dans le maintien des enfants à l’école et peut impacter leurs performances scolaires.

Une alimentation saine, diversifiée et équilibrée contribue au développement cognitif, à la concentration et à l’énergie des élèves et permet de réduire les absences scolaires. L’initiative prévue pour s’étendre sur 5 ans, soit le temps d’un mandat présidentiel au Burkina Faso, a fait son ancrage. Elle est axée autour de la sécurité alimentaire, du bien-être des enfants en âge scolaire et des ménages ruraux vulnérables avec pour objectif de garantir la disponibilité d’un capital humain durable au Burkina Faso. En réalité il s’agit d’une initiative qui traduit l’engagement de l’Etat à éradiquer la faim à travers l’amélioration des productions agricoles, la promotion de la transformation des productions agraires et des produits forestiers non ligneux (PFNL) ainsi qu’une bonne gouvernance des cantines scolaires. Et pour y arriver, l’Etat a mis à contribution les différents pôles de croissance du pays dont Bagrépôle qui est d’ailleurs le tout premier pôle de croissance au Burkina Faso. Ces pôles sont chargés d’assurer une production agricole en quantité et de qualité devant servir à alimenter les cantines scolaires dans les écoles.

Résultats reluisants

Le Centre écotouristique de Bagré est un véritable haut lieu de tourisme.

Dans la présentation de l’initiative, on retiendra qu’elle est financée à un coût global de 489 milliards FCFA repartis entre l’Etat burkinabè qui assure 52% du financement, le secteur privé, les Partenaires techniques et financiers et les Organisations non gouvernementales (ONG) qui assurent conjointement 47%. Les bénéficiaires directs et indirects quant à eux, assurent 1% du financement. Après deux années de mise en œuvre opérationnelle, les acteurs impliqués se frottent les mains. Les résultats à mi-parcours sont reluisants et le chef du département Plaidoyer- Partenariat et communication, Patrice Kaboré se réjouit de ce que l’initiative a permis à la date du 31 décembre 2022, d’accroître les différentes filières sensibles à la nutrition, d’augmenter la part des produits endogènes dans l’approvisionnement des cantines. Elle a permis également de diversifier et d’équilibrer les menus proposés dans les différents établissements et de renforcer les connaissances des acteurs du système des cantines scolaires sur la nutrition par des formations de proximité. Sur les périmètres irrigués de Bagrépôle, les visiteurs découvrent la plénitude d’un pôle de croissance riche en 5 580 hectares de terre aménagés pour un potentiel opérationnel de 20 mille, le tout dominé par un barrage d’une capacité de 1,7 milliard de mètre cube d’eau avec des canaux primaires, secondaires et tertiaires desservants les espaces agricoles, maraichers et halieutiques en eau. Escortés par les Forces de défense et de sécurité, les visiteurs vont parcourir une bonne partie d’un site de 50 kilomètres de rayon pour découvrir des unités économiques piscicoles, celle de mécanisation, les rizeries, entre autres. A la date de novembre 2023, les ingénieurs agronomes sur le site explique que les producteurs ont entamé la seconde campagne de production de l’année. Les espaces aménagés en riz de semence (semence améliorée certifiée) et en consommation s’étendent à perte de vue.

Des productions semencières et alimentaires

Des étangs d’alevins assurent la pérennité de la pisciculture sur l’ile de Bagré.

Rigobert Guengané, directeur de la valorisation de Bagrépôle, nous confie que la majeure partie des productions de riz en cette période concerne les semences riz sur demande de certains partenaires. Les principales variétés produites sont le FKR 64 communément appelées TS2 et la FKR 84 appelé « Orylux ». « C’est la production de semences, pour permettre de disposer de semences de bonnes qualités pour les producteurs au niveau de la plaine pour pouvoir booster le rendement » explique M. Guengané tout en précisant qu’en terme de production rizicole, le pôle de croissance de Bagrépôle produit environ 25 000 tonnes de riz par an. Selon ces techniciens en agriculture, Bagrépôle est une école avec des méthodes culturales dynamiques. De nos jours ces ingénieurs trouvent que le rendement du riz est à 4 tonnes par hectare. Ce qui est faible à leur entendement mais pourrait être amélioré dans les prochaines campagnes afin de faire un rendement de 5,5 tonne/ha. Mais quel que soit le problème, les acteurs s’acharnent à trouver une réponse adéquate susceptible de booster l’initiative présidentielle. En effet, dans le cadre de l’initiative présidentielle, Bagrépôle a pris des engagements avec l’Etat burkinabè sur une période de trois années. Et durant cette période, il est prévu une production de 6 000 ha de riz et 2 000 ha de maïs au cours du triennal. Mieux, le directeur de la valorisation de Bagrépôle a fait savoir que son engagement avec l’initiative consiste également à assurer une production de plus de 50 ha de pommes de terre par an ainsi que l’accroissement de la production de tomate, d’oignon et de bien d’autres produits maraîchers. Et les hommes de médias ont pu toucher les profondeurs et la richesse de certains bassins piscicoles.

Impressionnant dispositif de pisciculture

L’immersion dans les plaines de Bagré a conduit les caméras et micros au centre d’élevage piscicole de Bagrépôle (CEP/BGPL). Un centre bâti sur une superficie de 16 hectares qui comporte un bâtiment administratif, des bâtiments de service et de production, des logements et des infrastructures de production aquacole. Il fait la promotion d’un système d’aquaculture à vocation commerciale, réalisatrice de profits, incluant des formules adaptées aux faibles investissements et à la paysannerie. Nous y retrouvons Dimanche Ouédraogo, le directeur du CEP/BGPL qui nous fait visiter les 4 maillons de la chaîne de production pêche-aquaculture du Centre. Il s’agit du maillon production d’aliments pour poisson, volailles et bétail.

Ce maillon produit des aliments farineux et granuleux pour poisson ainsi que des aliments pour volailles et porc. Ensuite, le maillon de production d’alevins qui produit principalement des alevins de tilapia et le maillon production et prétraitement de poisson marchand. Cette composante produit des tilapias de table de poids avoisinant 400 grammes. Enfin, il y a le maillon transformation. Les explications de M. Ouédraogo dénotent que le centre sert également de lieu de formation et d’encadrement pour les étudiants et les élèves des universités et instituts de formation. En ce qui concerne l’envergure du site, il a une capacité de production de 5 millions d’alevins pour le tilapia mâle. Pour ce qui est du poisson marchand, le centre en produit 90 tonnes par an extensibles à environ 180 tonnes, si des infrastructures complémentaires sont réalisées, soutient Dimanche Ouédraogo à notre passage. Et le directeur de confier par ailleurs, que les poissons produits sont essentiellement commercialisés dans la capitale burkinabè. « Nos clients sont beaucoup plus des clients de la capitale. Nous produisons et il y a un grossiste qui vient chercher le poisson pour le vendre à Ouagadougou et dans les villes comme Tenkodogo », dit-il.

Du prêt à consommer

Sur toutes les spéculations, Bagrépole a deux saisons dans l’année.

A la de la visite des bassins piscicoles, nous avons fait la découverte des unités de transformation agro-industrielle du riz de Bagré. Parmi ces unités, il y a la Rizerie Sanara Wend-Panga de Bagré. C’est une usine qui fait dans la transformation et la commercialisation du riz produit dans la plaine de Bagrépôle. La première responsable de cette unité, Lamoussa Kéré, nous informe que l’usine a une capacité de transformation et de commercialisation d’environ 2 000 tonnes par an. Elle se réjouit de l’amélioration du marché en ce qui concerne l’écoulement du riz de Bagré.

« Avant, les gens n’appréciaient pas beaucoup le riz de Bagré mais aujourd’hui, nombreux sont ceux qui réclament ce riz parce que c’est du bio. Donc, actuellement les gens en raffolent. Ce qui a considérablement fait augmenter le marché et notre chiffre d’affaires aussi », s’est-elle réjouie tout sourire. Une autre unité, une autre réalité. De chez Mme Kéré, l’équipe d’immersion va fouler les locaux de l’unité de transformation du riz « Bagré Mariam Mui ». Les hommes de médias y ont pu notamment observer toute la chaîne de transformation du riz et apprécier les avancées notables en matière de production, transformation de produits issus du terroir. Il faut noter que si le secrétariat permanent de l’initiative présidentielle a choisi le site de Bagrépôle pour cette sortie, c’est non seulement au regard des potentialités agricoles qu’il présente, mais aussi et surtout, en raison de la place qu’occupe ce pôle de croissance dans la mise en œuvre de l’initiative présidentielle. La Secrétaire permanente de l’initiative présidentielle « Assurer à chaque enfant en âge scolaire au moins un repas équilibré par jour ». Alice Sidibé, a expliqué lors de cette immersion que l’initiative a fait des progrès. Mieux, elle a été boostée par le lancement du Programme intégré de soutien à l’alimentation et à la nutrition scolaires (PISANS). Un programme porté par quatre agences spéciales du système des Nations unies que sont l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Programme alimentaire mondial (PAM), le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) et le Fonds international de développement agricole (FIDA). A écouter Dr Prosper Saga Sawadogo, expert-nutritionniste à la FAO, ce programme se donne pour missions, de contribuer à l’approvisionnement des écoles de façon optimale avec des aliments sains et nutritifs, d’institutionnaliser les services de soutien à l’alimentation scolaire et de renforcer les capacités des acteurs nationaux et communautaires pour une meilleure gouvernance du programme national d’alimentation.

Wanlé Gérard COULIBALY

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