L’interrogatoire des témoins dans le procès de l’assassinat du Président Thomas Sankara et 12 autres victimes devant se poursuivre, le lundi 13 décembre 2021, a été suspendu. Mais avant la suspension, le témoin, K. Eugène Somda a fait une déposition devant le tribunal.
L’audience du lundi 13 décembre 2021, à peine débutée, a été arrêtée. Pour cause, les avocats ont émis une doléance pour assister aux funérailles d’un des leurs, Me Mamadou Bambara décédé. Le tribunal militaire a aussi annoncé le décès d’un magistrat militaire en stage dont l’inhumation est prévue le même jour. Le procès reprend demain mercredi à 9H. Mais exceptionnellement, a fait savoir, le juge Urbain Méda, il y aura une audience, le vendredi 17 décembre 2021 pour compenser les heures perdues.
Avant la suspension, le témoin, Eugène Somda, a été appelé à la barre pour sa déposition en vue de la manifestation de la vérité dans le dossier Sankara et ses compagnons. L’adjudant-chef major à la retraite, infirmier de la présidence au moment des faits a souligné qu’après le 4 Août 1983, c’était les éléments du Centre national d’entraînement commando (CNEC) qui assuraient la sécurité du président. Donc, il était attaché de santé en chirurgie en service dans ce centre. Il a reconnu avoir participé dans la matinée du 15 octobre 1987, à la réunion convoquée par le lieutenant d’alors, Gilbert Diendéré.
« Après cette rencontre, je suis rentré à la maison et vers 14 h, je suis reparti à la présidence », a-t-il relaté. A l’en croire, c’est de l’infirmerie qu’il a entendu une rafale de mitraillettes et quelques temps plus tard des coups de feu qui persistaient. « Je me suis rendu au Conseil pour voir. J’ai croisé Zétiyenga Abderrahmane qui m’a interdit d’entrer parce qu’il a reçu l’ordre du lieutenant Diendéré, que personne n’y accède », a-t-il expliqué. Au regard de l’intensité des tirs, a-t-il poursuivi, il est reparti pour une seconde fois mais sera bloqué par Nabonswendé.
Il l’a informé que le lieutenant Diendéré souhaitait le voir. Malgré son insistance, il sera désarmé, a-t-il dit, avant d’être conduit sous bonne escorte. « Dans la foulée, le soldat qui m’escortait a pris ses jambes à son cou », a confié M. Somda. Il a indiqué que c’est en avançant qu’il a vu Maïga, le chauffeur de Blaise Compaoré. « Des gens avaient cotisé pour mes funérailles » « Je lui ai dit que je venais voir Diendéré. Quand il est rentré, quelque temps après, le lieutenant est sorti. Nous nous sommes assis sur un banc à côté. Je lui ai demandé ce qui se passait.
Diendéré m’a dit que la réunion que nous avons tenue ce matin a dégénéré. Le président est mort avec quelques éléments. Mais ce n’est pas pour autant que la Révolution est finie », s’est-il rappelé. Le témoin s’est dit dépassé par les évènements, mais il n’y pouvait rien. Il a affirmé avoir été maintenu deux jours à l’infirmerie sans connaitre les raisons. « C’est le 17 octobre 1987 que le lieutenant a envoyé quelqu’un de venir me dire que je pouvais partir », a-t-il déclaré.
A écouter le retraité, quand il a rejoint son domicile, les gens du quartier étaient surpris. « On m’a fait savoir qu’on avait annoncé la mort d’un Somda et ils croyaient que c’était moi. Des gens avaient même cotisé pour mes funérailles», a-t-il rapporté. Il a indiqué avoir passé deux semaines à la maison avant d’être rappelé pour reprendre le service à l’infirmerie. A l’issue de cette déposition, le procès a été suspendu pour être repris demain mercredi avec les questions des différentes parties.
Aly SAWADOGO