Production de bananes : des drones pour lutter contre les nuisibles

Le ministre de l’Agriculture et des Aménagements hydro-agricoles, Salifou Ouédraogo, a lancé, le samedi 4 juillet 2020, à Fara, dans la province des Balé, la campagne de production de bananes de la Société coopérative agropastorale de Fara (SOCAF).

Le village de Fara, dans la province des Balé, se positionne comme un pôle de production de bananes au Burkina Faso. Sur une trentaine d’hectares emblavés, la Société coopérative agropastorale de Fara (SOCAF) produit plus de 1050 tonnes de bananes par an, avec un chiffre d’affaires annuel d’environ 300 millions francs CFA. Des résultats qui lui ont valu les encouragements du ministre de l’Agriculture et des Aménagements hydro-agricoles, Salifou Ouédraogo qui a lancé, le samedi 4 juillet 2020, officiellement la saison de production de la banane dans la localité. Fara, ce sont aussi 490 hectares emblavés de bananeraie, exploités individuellement par les membres de la coopérative et la SOCAF et dont les rendements en deux cycles de production avoisinent annuellement 2800 tonnes de bananes. Pour Salifou Ouédraogo, ces « grands résultats » confirment la nécessité pour les acteurs des filières agricoles à mieux s’organiser. « SOCAF le démontre à travers les approvisionnements groupés en intrants agricoles de même que les ventes collectives des produits », a-t-il expliqué. Le président de la SOCAF, Marcel Ouédraogo, a affirmé pourtant que sa structure produirait mieux, n’eut été les ravageurs et les maladies. « Les insectes, en 45 jours, peuvent détruire toute une production. Aussi, nous n’avons pas de pesticides homologués qui nous permettent de lutter efficacement contre ces ravageurs », a déploré M. Ouédraogo.

Un meilleur traitement phytosanitaire

L’action des nuisibles et des maladies des plantes induisent des pertes financières aux producteurs, en dépréciant la qualité de la banane. Au titre de la saison écoulée, la SOCAF a perdu près de 200 tonnes à cause des ravageurs et de la mévente due au contexte national d’insécurité, a confié son président Marcel Ouédraogo.
Pour la présente campagne, le ministère de l’Agriculture et des Aménagements hydro-agricoles veut minimiser les dommages liés aux insectes et aux maladies. Il a convenu d’un partenariat avec la société Kono Digital, pour le traitement phytosanitaire des bananeraies à l’aide des drones agricoles. Avec un réservoir pouvant contenir environ 10 litres de produits, les drones pulvérisent les produits phytosanitaires sur les plants. Selon le directeur général de Kono Digital, Moussa Yerbanga, cette technologie est à même de déterminer avec exactitude la quantité de pesticides nécessaires à lâcher sur une superficie de spéculation donnée. Aussi, selon lui, la nouvelle trouvaille permettra d’améliorer les rendements agricoles, de réduire la pénibilité du travail des producteurs et de les prémunir des risques d’intoxication dus à leur exposition aux pesticides lors du traitement phytosanitaire manuel. Pour cette année, 50 jeunes ont été formés pour piloter les drones. Ils seront mis à contribution pour aider les producteurs, a soutenu l’inventeur.

A terme, ce sont 320 jeunes qui seront outillés au pilotage des drones et mis à la disposition des producteurs. « Les drones vont nous faciliter la vie. Le traitement manuel est éprouvant et a des répercussions négatives sur notre santé », a reconnu Marcel Ouédraogo, président de la SOCAF. Paul Ouédraogo exploite par an 17 hectares avec un rendement de 500 tonnes. « Quand nous utilisons les pesticides, le liquide se reverse sur nous parce que les plantes sont hautes. Après, nous avons des démangeaisons », a-t-il confié. Karim Yéré, un producteur de banane a fait le déplacement de Bobo-Dioulasso pour découvrir la technologie. Il a mis en valeur 7 hectares de bananeraie dans la ville de Sya. Présent à Fara, il a dit espérer que l’innovation apporte de la plus-value dans la culture de la banane, éprouvée par les ravageurs.

« Techniquement, la technologie est performante et répond à nos besoins. Il reste à voir l’amortissement surtout pour un producteur moyen burkinabè», a indiqué M. Yéré. A ce sujet, le ministre Salifou Ouédraogo a exigé de la société promotrice des drones, Kono Digital, de rendre ses prestations accessibles aux agriculteurs. « Si le prix n’est pas accessible aux producteurs, nous n’allons pas accepter », a prévenu le chef du département en charge de l’agriculture. Le directeur général de Kono Digital, Moussa Yarbanga, a rassuré qu’un partenariat a déjà été scellé avec la société de micro-finance Graine SARL, afin qu’elle accorde aux producteurs des crédits pour financer le traitement phytosanitaire des champs et les rembourse en fin de campagne.

Djakaridia SIRIBIE
dsiribie15@gmail.com

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