Plusieurs structures interviennent dans la promotion des droits de la santé sexuelle et de la reproductive (DSSR) dans la Boucle du Mouhoun. A Dedougou, nous avons rencontré certaines d’elles qui font de la question, leurs préoccupations.
La Communauté d’action pour la promotion de la santé sexuelle et reproductive au Burkina Faso (CAPSSR-BF) mène dans la Boucle du Mouhoun, à travers son projet « sauver la vie », des actions pour défendre les droits en santé sexuelle et reproductive (DSSR). En plus des séances de sensibilisation, elle organise régulièrement des ateliers de renforcement des capacités des acteurs intervenants dans le domaine. A côté d’elle, d’autres structures font également de la question, son cheval de bataille. Le Centre d’écoute et de dialogue pour jeunes de la commune de Dédougou crée en 2021, offre des services dans ce sens aux jeunes. Au profit de ces derniers, a indiqué son directeur, Lucien Simporé, des sensibilisations et des causeries-débats sont régulièrement organisées sur des thématiques telles que, les avortements clandestins, les mariages précoces, les grossesses précoces et non désirées, l’excision, les infections sexuellement transmissibles, les exclusions sociales et les violences basées sur le genre, etc. « Notre but est permettre aux jeunes d’avoir une sexualité responsable. Quand on est jeune, il faut faire attention avec son corps. Surtout au niveau des élèves, il faut agir précocement pour leur éviter surtout les grossesses et les maladies », a-t-il émis.
S’agissant des oppositions aux DSSR, foi de M. Simporé, elles se font de plus en plus rares dans la région. « C’est le manque d’informations qui fait que les gens résistent. Partout où nous passons, nous arrivons à livrer nos messages sans problème », s’est-il réjoui.
Plus en contact avec les jeunes et les femmes, Mme Abibata Banao/Nombré, sage-femme dans le dit-centre, confirme : « Contrairement aux villages, les questions de DSSR rencontrent moins d’oppositions dans les grandes villes. Nous en parlons fréquemment et même la question des avortements sécurisés. C’est reconnu par la loi. Nous sommes parfois sollicités dans lieux de cultes pour sensibiliser les gens sur la sexualité». Avec une collègue, les deux dames sont présentes à la moindre sollicitation, pour le dépistage du cancer du col de l’utérus, la contraception, la prise en charge des infections sexuellement transmissibles, mais aussi, donnent des conseils pratiques aux jeunes sur leur sexualité. Également, les services du centre sont offerts à certains adultes notamment les femmes en grossesse.
Des jeunes qui luttent pour leurs droits
Sétou Diallo est la présidente du Club des jeunes filles leaders de Mouhoun, une association regroupant des étudiantes et des élèves. Elle mène plusieurs activités entrant dans le cadre de la promotion des droits des filles et des femmes. « Nous avons décidé de défendre nous-mêmes nos droits en créant cette association. Entre jeunes filles, nous parvenons à nous parler sans tabou », a-t-elle confié. Pour ce faire, a-t-elle souligné, des actions de sensibilisations sur la gestion hygiénique des menstrues, des dépistages mais aussi de conseils pratiques sur la sexualité sont dans son programme d’activités. « Aucun sujet n’est laissé de côté. Tout ce que la loi nous donne comme droits et devoirs, nous œuvrons pour les défendre. Même les interruptions sécurisées sont évoquées et je pense que les gens commencent à comprendre », a-t-elle rassuré.
Le manque de partenaires, un souci
Au centre d’écoute, regrette Mme Banao, le manque de moyens surplombe certaines activités. « Nous n’avons pas de partenaires. Il nous est même difficile souvent, d’avoir des préservatifs pour les jeunes. Nous avons dans notre programme, plusieurs activités qui entrent dans la promotion de la santé sexuelle et reproductive. Malheureusement, elles ne sont pas menées par manque de financement», se désole-t-elle. Même son de cloche pour Sétou Diallo, pour qui son association est à la recherche de partenaires pour bien mener à bien ses missions. « Souvent, nous nous cotisons pour pouvoir mener certaines activités », conclu-t-elle.
Adama SEDGO