Récupération des terres dégradées: 30 ans de prouesse à Koankin

A Koankin, village de la commune rurale de Pabré, dans la région du Kadiogo, les populations ont engagé une lutte contre les terres dégradées. Après 30 ans de combat acharné contre les terres incultes, elles sont parvenues, par diverses méthodes, à transformer leur biotope en un véritable paysage boisé…

A Koankin, village situé à 38 km de Ouagadougou dans la commune rurale de Pabré(route nationale 22), la forêt communautaire attire les regards et suscite l’admiration. Cette verdure qui borde la bretelle Est-Ouest de la route de l’aéroport de Donsin ne laisse aucun usager indifférent. Malgré l’absence de pluies depuis plusieurs jours, sa végétation, dense et verdoyante, contraste avec celle des villages environnants, quelque peu désertique.
Samedi 2 août 2025.

Le couvert végétal a repris vie grâce à la combinaison de la demi-lune et des cordons pierreux.

Il est 11 heures. Le soleil brille de mille éclats. Bienvenue dans la forêt communautaire de Koankin. Ici, la nature a repris vie. Aux chants d’oiseaux, s’entremêlent les craquèlements des feuilles mortes tombées, çà et là. Accroupi devant un jeune plant qui bourgeonne, le président de l’Association pour la sauvegarde de la biodiversité (ASABIO), Jean Ilboudo, exprime une joie immense. Avec son équipe, il a réussi à transformer cette vaste étendue de 28,5 hectares de terres ancestrales, autrefois abandonnées en raison de leur inadaptation à l’agriculture, en un espace cultivable et « vivant ».

Plant après plant, il y scrute les nouvelles feuilles. Il est heureux que les nouveaux arbres commencent à trôner au sein de la forêt. Leur secret : le zaï, les cordons pierreux, les demi-lunes, une combinaison gagnante de techniques de récupération des terres dégradées.

En effet, à Koankin, les aléas climatiques et les actions anthropiques ont entraîné une dégradation sévère des terres agricoles avec à la clé, une baisse des rendements et de la fertilité des sols. Pour dompter ces terres arides, les populations ont mis en œuvre une panoplie de techniques de récupération dont le zaï. Selon le chef du service départemental des Eaux et forêts de Pabré, le contrôleur des Eaux et forêts, Jean Aimé Sawadogo, le zaï, système traditionnel de réhabilitation de la productivité des terres pauvres, consiste à creuser des trous dans des terres fortement dégradées (nues, encroûtées ou de glacis).

Ces derniers sont remplis de fumure. Ces poquets d’une vingtaine de centimètres de profondeur et de 20 à 40 cm de diamètre ont des écartements d’environ un mètre, variables selon la taille des spéculations. Ils captent le maximum d’eau de pluie et de ruissellement à l’arrivée de la saison pluvieuse ainsi que les fines particules du sol transportées par les eaux. Alors, le sol dégradé devient moins dur et plus perméable et pourrait être utilisé de manière classique.

Avec le zaï, les résultats sont palpables

La forêt communautaire de Koankin est boisée avec diverses espèces animales et végétales.

Avec le zaï, les résultats sont palpables à Koankin. La verdure d’antan a refait surface. Très déterminées, les populations ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Elles décident d’expérimenter la technique des cordons pierreux. Ce sont des petits murets de 20 cm de hauteur construits dans des sillons (de 10 cm de profondeur et d’une trentaine de cm de largeur) qui suivent les courbes de niveau de la zone à aménager.

Très adaptés en zone soudano-sahélienne, les cordons sont tracés tous les 20 à 50 m selon la pente et la pluviosité : plus le terrain est pentu et le climat sec, plus les cordons seront rapprochés. Encore, le succès est au rendez-vous. Des dizaines d’hectares récupérés. Pour débarrasser totalement Koankin de ses terres incultes aux cultures, ses habitants n’hésitent pas aussi à faire recours à la technique des demi-lunes, ces cuvettes en forme de demi-cercle réalisées sur des terrains encroûtés ou bien à l’intérieur de champs en zone aride, généralement sur les terrains de faible pente (inférieure à 3%).

Ces cuvettes sont disposées selon les courbes de niveau, en quinconce, pour récupérer le maximum d’eau en la concentrant au pied des plantations et diminuer les effets d’érosion (environ 300 demi-lunes par hectare). A l’intérieur de chaque cuvette, on dépose de la fumure organique pour assurer une croissance optimale des plants et un rendement plus élevé. On plante dans la cuvette en moyenne 20 à 30 poquets.

Selon Jean Ilboudo, la pratique de la demi-lune vise à capter l’eau de ruissellement, à favoriser son infiltration, à réduire l’érosion hydrique et provoquer la sédimentation. Elle permet également d’augmenter la disponibilité en eau pour les cultures, d’accroitre le rendement agricole, récupérer des terres encroûtées et compactées à des fins agricoles, à sécuriser la production agricole.

De nombreux arbres poussent sur cette terre jadis « morte ».

Toutes ces techniques, souligne-t-il, ont des impacts environnementaux importants. Elles permettent notamment d’étendre les superficies cultivables, de restaurer le couvert végétal et de favoriser la recharge des nappes phréatiques grâce à une meilleure infiltration des eaux de pluie.

De fous … à héros

La récupération de ces terres n’a pas été un long fleuve tranquille. En 1995, animé par l’amour de la nature, JeanIlboudo prend l’initiative de redonner vie aux sols dégradés de son village. Entouré d’une vingtaine d’amis, étudiants et jeunes travailleurs, il consacre le mois d’août à planter des arbres sur ces terres autrefois abandonnées à cause de leur faible productivité agricole.

L’appétit venant en mangeant, ils se fixent le pari de les restaurer. « Ce site était, dans les années 1992, une vaste étendue de terres dégradées, abandonnées, parce qu’il n’y avait plus de rendements agricoles. On ne pouvait plus y cultiver et avoir de bonnes récoltes », se remémore-t-il. Après plusieurs campagnes de sensibilisation du Programme national de gestion des terroirs (PNGT) d’alors, indique M. Ilboudo, les habitants de Koankin commencent à réaliser des cordons pierreux et des diguettes antiérosives.
« Ce sont les techniques qui étaient connues à l’époque.

A la suite, nous avons jugé nécessaire de planter sur les terres déjà restaurées. C’est ainsi que nous avons commencé progressivement à restaurer les sols dégradés tout en plantant les arbres », ajoute-t-il, fier du parcours. Depuis lors, des dizaines d’espèces en voie de disparition, des arbres aux multiples vertus comme les annéosissis leocarpis, les acacias sénégalensis … sont régulièrement mis en terre pour restaurer le couvert végétal. Mais, le défi restait de taille : comment faire face aux actes néfastes de ceux qui ne percevaient pas encore l’importance de leur lutte contre l’aridité des sols ?

La forêt est désormais colonisée par de nombreuses espèces animales
qui avaient fui le village depuis belle lurette.

Une nouvelle bataille s’imposait alors, celle de l’éducation environnementale. Il fallait convaincre la population à abandonner la coupe des jeunes arbres qui commençaient à repeupler le village. « Lorsque les arbres ont commencé à pousser sur ces sols dégradés, les gens voyaient de l’argent frais. Pour eux, il faut couper les arbres, puis les vendre. Nous avons beaucoup travaillé pour montrer à la population qu’elle a intérêt à protéger son environnement. C’était la plus grosse difficulté.

Mais, à travers l’éducation environnementale, ils ont fini par comprendre », témoigne-t-il. Pour apaiser les tensions nées de cette bataille et détourner les habitants de la coupe des arbres, Ilboudo et ses compagnons décident de creuser une retenue d’eau. « Nous avons estimé qu’avec un point d’eau, les gens pourraient pratiquer des cultures de contre-saison et laisser les arbres pousser », explique-t-il.

La stratégie porte ses fruits. Année après année, la détermination des
« restaurateurs de terres dégradées » ne faiblit pas. Au regard des résultats probants, certains habitants ont volontairement cédé leurs terres pour le bien du village. En avançant, Ilboudo et ses « soldats de la terre » adoptent, en plus du zaï, les demi-lunes et les cordons pierreux. Grâce aussi à la régénération naturelle assistée, ils ont réussi à restaurer 28,5 hectares de couvert végétal.

Traités au début de fous pour avoir voulu restaurer des terres jugées « mortes », ils n’ont jamais renoncé à leur combat. 30 ans plus tard, ils sont célébrés comme les héros de la lutte contre la désertification dans leur village. « Au départ, les gens trouvaient que c’était une initiative de fous, parce qu’ils ne voyaient pas l’importance de notre combat de récupérer les terres dégradées. Ce sont eux-mêmes qui nous disent maintenant : vous avez fait du bon travail », témoigne-t-il, l’air joyeux.

Un « poumon écologique »

Les populations, tout comme les membres de l’ASABIO, sont fières d’avoir réussi à dompter ces terres arides.

Aujourd’hui, la forêt est devenue une source de fierté de tous les habitants de la commune rurale de Pabré. Grâce aux techniques de récupération des terres dégradées, Koankin est désormais considéré comme « le poumon écologique de la commune ».
« Sur le plan de la superficie, cette forêt communautaire est unique dans la commune. Leur lutte contre les terres dégradées a contribué à améliorer la diversité biologique dans la commune. Elle fait la fierté de tous », lance le chef de service départemental des Eaux et forêts de Pabré, Jean Aimé Sawadogo.

Des résultats de l’inventaire floristique et d’évaluation, ce sont des centaines d’espèces végétales et animales dont regorge la forêt communautaire de Koankin. On y trouve diverses espèces végétales comme l’acacia Macrostachya (Zamnè), Adansonia Digitata (Toèga), le liane goïne, le néré, le jujubier, le kapokier rouge …

Des espèces en voie de disparition et aux vertus médicinales comme le bouleau d’Afrique, les dattiers du désert, l’ébène africaine, le gardénia, le prosopis, la vène, le noisetier, le cassia, le teck, le jujubier amer… trônent majestueusement dans ce tapis vert.
La forêt ne se résume pas à ses arbres. Elle abrite aussi une riche diversité animale. Selon M. Sawadogo, elle est devenue un véritable sanctuaire pour de nombreuses espèces d’oiseaux, d’insectes et de mammifères, dont les lièvres, les rongeurs et les singes.

« Les animaux demeurent cruciaux pour la biodiversité, car ils assurent des rôles vitaux dans les écosystèmes, tels que la pollinisation des plantes, la fertilisation des sols, la régulation des populations d’autres espèces, la dispersion des graines, la décomposition de la matière organique. Ces fonctions maintiennent la santé et l’équilibre des écosystèmes. Ce qui est indispensable à la survie de la planète et au bien être humain », soutient le chef de service départemental des Eaux et forêts de Pabré.

« Grâce à notre lutte contre ces terres incultes, nous avons pu conserver beaucoup de plantes qui sont en voie de disparition. Parmi eux, il y a beaucoup de plantes médicinales que nous utilisons pour nous soigner », raconte Sampawendé Alain Ilboudo, ressortissant de Koankin. Présidente des femmes de Koankin, Mariam Sawadogo confirme que toute la communauté se procure des plantes médicinales pour les nouveau-nés, les malades… dans ce massif forestier.

Selon le président de l’ASABIO, Jean Ilboudo, leur rêve de faire revivre ces terres est devenue une réalité.

« Nous n’avons pas eu tort de restaurer ces terres et mieux, de les reverdir », ajoute-t-elle. Pour le président du Conseil villageois de développement (CVD) de Koankin, Seni Ilboudo, la population a fait un choix judicieux de s’investir à récupérer ses terres mortes.
« De nos jours, ce n’est pas seulement le village qui bénéficie des retombées de cette forêt, mais tous les villages environnants en tirent profit, grâce au doux micro climat qu’il distille dans la commune. La verdure nous procure un climat agréable à toutes les périodes de l’année », estime-t-il.

Un régulateur du climat

Dans la commune rurale de Pabré, la forêt communautaire de Koankin occupe une place centrale dans la lutte contre le changement climatique. Selon le chef du service départemental des Eaux et forêts de Pabré, son importance est incontestable. En effet, soutient-il, elle constitue un véritable sanctuaire de séquestration du carbone, de réduction de la chaleur et de régulation des effets climatiques.

Ainsi, elle joue un rôle essentiel en absorbant les gaz à effet de serre, en protégeant les communautés locales contre les phénomènes climatiques extrêmes et en favorisant la création de couloirs migratoires pour la faune. « La forêt agit comme un puits de carbone en captant le CO₂. Elle régule le climat en rafraichissant l’air sans oublier le rôle qu’elle joue dans la lutte contre l’érosion éolienne », précise M. Sawadogo. Dans le village, renchérit-il, la forêt contribue à améliorer la qualité de l’air et de l’eau grâce à son action de filtration des poussières et des polluants microbiens.

Elle joue également un rôle essentiel dans la prévention de l’érosion des sols en régulant le cycle des eaux de pluie. Lors des précipitations, le feuillage des arbres intercepte une partie de l’eau, une autre s’évapore, tandis que le reste alimente à la fois les arbres et les nappes phréatiques, rechargeant ainsi les sources naturelles. Il souligne aussi qu’elle exerce une influence déterminante sur la régulation du climat à l’échelle communale, notamment à travers son impact sur le cycle de l’eau, la répartition géographique et l’intensité des précipitations.

Selon Brahima Savadogo, chargé de Programmes de Tiipaalga pour la zone Centre, l’initiative communautaire à Koankin pour récupérer les terres dégradées est très bonne, car, sa structure met également en œuvre un programme dénommé : « les communautés reverdissent le Sahel ». Il soutient : « partout où, il y a des formations boisées, les précipitations sont nombreuses. Donc, cela facilite aussi le cycle des pluies.

Alors, si nous travaillons à voir des formations boisées, que les pluies deviennent de plus en plus importantes, nous allons inverser de la tendance dans la lutte contre le

Le chef de Koankin, Naaba Kaongo, appelle à l’aide pour protéger le massif forestier contre les menaces
de tous genres.

changement climatique ». Il souligne que, ces dernières années, les pluies sont redevenues plus abondantes et régulières. Selon lui, cette amélioration résulte d’une prise de conscience collective sur l’importance de protéger l’environnement. Les populations comprennent désormais qu’une attitude responsable permet de limiter, voire d’éliminer, les effets du changement climatique.

Une expérience à vulgariser

Compte tenu de son importance dans la lutte contre les changements climatiques, Brahima Savadogo estime qu’il est essentiel de promouvoir les techniques et technologies de restauration des terres dégradées partout, afin de régénérer les sols appauvris et de prévenir la désertification. « Les résultats ne me surprennent pas si l’initiative est venue des populations elles-mêmes. De ses excellents résultats, l’expérience de Koankin doit être vulgarisée, avec un passage à l’échelle », affirme le chargé de Programmes de Tiipaalga pour la zone Centre.

C’est pour dompter davantage les terres dégradées et mieux vulgariser leurs expériences à travers Pabré, voire le Burkina que les habitants ont décidé de s’organiser au sein de l’Association pour la sauvegarde de la biodiversité (ASABIO) depuis 1995 et reconnue officiellement en 2014. Selon son secrétaire général, Oumarou Yaogo, l’ASABIO s’est donné pour mission de contribuer à la sauvegarde de la biodiversité, à la protection de l’environnement, la promotion des bonnes pratiques en matière de récupération des terres dégradées. « Nous appelons nos partenaires, à nous aider à conserver ce joyau qui regorge des produits forestiers non ligneux, des plantes médicinales… », plaide M. Yaogo.

A écouter le secrétaire exécutif de l’ASABIO, expert en environnement, Dramane Guissé, tout le monde est conscient aujourd’hui qu’il y a un phénomène qui menace la planète terre. Pour inverser la tendance, les communautés doivent s’engager activement dans la restauration quel que soit l’état d’aridité des sols. « Les populations ont pris conscience et sont fortement engagées. Mais cela nécessite aussi des ressources pour accompagner le travail de restauration, de stabilisation, d’infiltration de l’eau avec les techniques de cordons pierreux, les demi-lunes …

Pour le chef du service départemental des Eaux et forêts de Pabré, Jean Aimé Sawadogo, la victoire sur la dégradation des sols est possible grâce à la détermination et à la persévérance.

Depuis mai 2025, le Conseil national pour le développement durable, l’Union internationale pour la conservation de la nature et le Fonds mondial nous accompagnent pour récupérer 10 hectares. Cela marche très bien car, les herbacés ont commencé à pousser sur ces sols », se réjouit M. Guissé.

A Koankin, la population s’accorde à dire que son engagement pour la restauration des terres dégradées doit servir d’exemple à d’autres communautés. Pour Jean Aimé Sawadogo, chef du service départemental des Eaux et forêts de Pabré, la victoire sur la dégradation des sols est possible grâce à la détermination et à la persévérance. En conjuguant diverses techniques et technologies, les communautés, à l’exemple de Koankin, réussiront à redonner vie aux terres arides du Burkina.

Abdel Aziz NABALOUM
emirathe@yahoo.fr


Plaidoyer pour protéger la forêt

Malgré son importance dans la lutte contre la désertification, les changements climatiques … la forêt de Koankin est confrontée à diverses menaces dont le braconnage et la divagation des animaux, déplore Assami Sonhouto, le gardien des lieux. « Des personnes agressent la forêt en coupant les arbres. Il y a des endroits, lorsque tu y vois les dégâts, c’est vraiment décourageant. Malgré les sensibilisations, le phénomène persiste parce que la forêt n’est pas clôturée », dénonce-t-il. Le Naaba Kaongo de Koankin se réjouit de la mobilisation communautaire qui a permis de récupérer ces terres et permettre au village de recouvrer sa biodiversité. Mais, il reconnait que la protection de ce domaine forestier est une grosse épine au pied des habitants. « Cette forêt est unique parmi les 22 villages dans la commune. Notre préoccupation, c’est d’avoir une clôture pour la protéger contre la divagation des animaux … Chaque année, nous reboisons les surfaces de terres récupérées, mais sans clôture, les plantes sont à la merci des animaux qui les broutent », regrette le chef coutumier. D’où son appel à l’aide pour protéger ce massif forestier pour que le gigantesque travail qui a été fait depuis des décennies ne soient pas vain.

A.A.N


 

SOS eau

Dans la forêt communautaire de Koankin, s’il y a une question qui taraude tous les esprits, c’est celle de l’eau. Les initiatives pour installer un forage se sont révélées négatives. La digue de la retenue d’eau à proximité de la forêt a cédé, obligeant « les soldats de la restauration » à parcourir quotidiennement 5 km pour se ravitailler en eau afin d’assurer la survie des plantes. « Nous n’avons pas d’eau de façon permanente. Donc, tous les arbres que nous plantons pendant la saison pluvieuse résistent seulement jusqu’en mars et après, nous perdons beaucoup d’entre eux », déplore le président de l’ASABIO, Jean Ilboudo. Mais, « si, nous arrivons à clôturer ce massif forestier, avec des forages à l’intérieur, je pense que nous ferons mieux que ce que vous constatez actuellement », soutient le secrétaire général de l’ASABIO, Oumarou Yaogo.

A.A.N


 

Nabasnogo Roch Pananditigri, coordonnateur de l’IGMVSS

« Nous encourageons la combinaison des techniques et technologies pour la récupération rapide des terres dégradées »

Sidwaya(S) : L’Initiative de la grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel (IGMVSS) est engagée depuis plusieurs années dans la récupération des terres dégradées. A ce jour, quel bilan pouvez-vous en faire ?

Nabasnogo Roch Pananditigri (N.R.P) : Dans l’ensemble, nous enregistrons un bilan positif de la mise en œuvre de l’initiative de la grande muraille verte au Burkina. En effet, elle a permis d’attirer l’attention des dirigeants, des techniciens et des gestionnaires des ressources sur la nécessité de se pencher sur la dégradation des terres et des écosystèmes. C’est ainsi que des actions de communication ont été déployées au niveau national et local pour informer et sensibiliser l’ensemble des acteurs sur le fléau. Aussi, des actions concrètes ont été développées à travers certains projets et programmes de restauration des terres et des paysages. Globalement, nous avons constaté une prise de conscience et une forte mobilisation autour de cette question préoccupante qui demande la prise de décisions idoines pour une gestion plus durable des terres et des paysages.

S : A Koankin, village situé dans la commune de Pabré, les populations ont réussi à récupérer près de 30 ha de terres dégradées pour en faire une forêt communautaire avec à la clé, le retour de la biodiversité. Comment appréciez-vous leur initiative ?

N.R.P : Nous apprécions très positivement une telle initiative qui s’intègre parfaitement dans les objectifs de l’Initiative de la grande muraille verte (IGMV). En effet, nous nous sommes rendus compte que la dégradation des terres qui est enregistrée n’est pas une fatalité, car, avec une bonne organisation et un peu de moyen, nous pouvons inverser cette tendance à la dégradation comme l’exemple de la forêt de Koankin. Cette pratique est adoptée et vulgarisée par l’IGMV par l’appellation « Mises en défens (MED) ». Elle permet également de disposer de forêts dont le statut foncier ne suscite pas de contestation.

S : Pour réaliser cet exploit, ces populations ont combiné les techniques du zaï, des cordons pierreux et des demi-lunes. C’est un cocktail de techniques à encourager ?

N.R.P : Effectivement, nous encourageons cette façon de faire car, la combinaison des techniques et technologies est une approche prônée par la Coordination nationale de la GMV. En effet, cette pratique a été testée avec des résultats très encourageants et nous invitons les producteurs à combiner au minimum deux ou trois technologies pour se donner plus de chance dans la récupération rapide des terres dégradées.

S : En quoi le zaï, les cordons pierreux, les demi-lunes et autres techniques existantes peuvent être des panacées à la lutte contre les changements climatiques ?

N.R.P : Ces différentes techniques utilisées qui sont à la portée des producteurs permettent de restaurer dans des délais relativement courts, la capacité productive des terres et de surcroît, on parvient à une meilleure résilience.

S : A l’IGMVSS, quelles sont les actions en vue de promouvoir les techniques de récupération des terres dégradées ?

N.R.P : Pour une meilleure promotion des techniques de récupération, il faut nécessairement faire le diagnostic approfondi du milieu avec des outils appropriés, établir la situation de référence, organiser des actions d’information et de sensibilisation, renforcer les capacités techniques et matérielles des acteurs, suivre et évaluer ces actions, organiser des séances de partage des résultats et mettre à l’échelle les techniques éprouvées.

S : Quel est votre appel à toutes les communautés villageoises engagées dans la lutte pour la récupération des terres et contre l’avancée du désert au Sahel.

N.R.P : Nous invitons les communautés à s’organiser davantage pour une gestion durable des terres et des écosystèmes car, de notre expérience, il est possible d’inverser la tendance de la dégradation des terres par l’adoption de bonnes pratiques éprouvées.
A cet effet, l’accompagnement technique et l’engagement individuel et collectif sont des conditionnalités pour réussir au mieux cette lutte. Aussi, la prise en compte de cette question dans les documents de planification (plans communaux de développement et plans régionaux de développement) facilite la prise en charge.

Propos recueillis par
A.A.N

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