Louanges à Allah comme il sied à la majesté de Sa face ainsi qu’à la grandeur de Son trône. Louanges infinies à Lui pour Ses innombrables bienfaits. Que Sa paix et Ses bénédictions se déversent abondamment sur Son noble Prophète Mouhammad ainsi que sur ceux qui le suivent.
Parmi les choses qui raffermissent la foi du croyant et qui allègent du fardeau de la tristesse figure en bonne place l’invocation. C’est en cela qu’elle est très souvent présentée comme l’arme du croyant. Le musulman fait œuvre d’adoration quand il invoque ALLAH. En effet, ALLAH aime qu’on L’invoque et qu’on implore Son aide, Il nous encourage même à L’invoquer pour tous nos besoins et désirs. Allah dit : « Si mes serviteurs t’interrogent à Mon sujet qu’ils sachent que je suis tout près d’eux, toujours disposé à exaucer les vœux de celui qui m’invoque » (S2V186). C’est dire la place qu’occupe la dou’a en Islam. L’importance de l’Invocation est qu’elle est en rapport avec notre besoin d’exprimer cette foi en Dieu, et d’œuvrer en vue de la maintenir vivante à l’intérieur de nous-mêmes, de la renouveler à tout moment, et de la consolider constamment. C’est pourquoi, il est dit dans le Hadith que l’invocation est « la moelle de l’adoration », car elle exprime la signification profonde de la servitude, de la soumission et du recueillement qu’incarne l’adoration, et sans elle, celle-ci équivaudrait à un corps sans âme ; c’est pourquoi aussi, l’invocation sort du cadre d’un simple rite traditionnel que l’homme pratique par pure habitude, sans compréhension et sans conscience.
L’invocation est une imploration, une prière de demande, une supplication que nous adressons à Dieu pour qu’il satisfasse nos besoins, nous accorde Ses bienfaits, pardonne nos péchés, nous aide à surmonter nos difficultés, à résoudre nos problèmes, à corriger nos défauts, à nous rapprocher de Lui, à trouver le droit chemin et la paix intérieure. Réciter l’invocation est en soi une prise de conscience de notre besoin constant de Dieu, de l’importance de l’invocation pour nous, et un premier pas vers la compréhension de son contenu. Son acceptation par Allah requiert un certain nombre de conditions :
1- Avoir une bonne opinion d’Allah car selon le Prophète, Allah a dit : « Je réponds à la bonne opinion que Mon serviteur a de Moi » et le Prophète précise : « Invoquez Allah tout en étant surs d’être exaucés ». Celui qui pense du bien de son Maître recevra une abondance de biens d’Allah car Il le comblera de Ses grâces et répandra sur lui Ses honneurs et ses généreux dons.
2- Invoquer Allah seul, conformément à cette parole adressée par le Prophète à Ibn Abbas : « Quand tu demandes quelque chose, demande-la à Allah. Quand tu sollicites une assistance, demande celle d’Allah ». Ce hadith explique la parole du Très-haut : « Les mosquées sont consacrées à Allah ; n’invoquez donc personne avec Lui » (S72V18).
3- Eviter l’empressement car c’est un des défauts qui empêchent l’exaucement de l’invocation. Selon un hadith, « on exauce l’invocation de l’un d’entre vous à moins qu’il ne soit pressé au point de dire : J’ai invoqué sans recevoir l’exaucement ». Aussi : « le fidèle ne cesse de bénéficier de l’exaucement de ses prières à moins qu’il ne soit trop pressé ou formule une demande entrainant la rupture de ses liens de parenté ou la commission d’un péché. On lui dit, O Messager d’Allah, comment s’empresse-t-on ? -C’est en disant : « J’ai invoqué et invoqué mais je n’ai pas reçu d’exaucement. Il exprime ainsi son remord et cesse d’invoquer ».
4- La présence du cœur ou la concentration qui fait ressentir la grandeur de Celui qu’on invoque. A ce propos, le Prophète a dit : « Sachez qu’Allah ne répond pas à l’invocation d’un invocateur distrait ».
5- Se contenter d’une nourriture licite car le Transcendant et Très-haut dit : « Allah n’agrée que l’œuvre des pieux ». Le Prophète a exclu que soit exaucée l’invocation de celui qui mange et boit des denrées acquis illicitement. En effet, le Prophète évoqua un homme qui a fait un long voyage les cheveux ébouriffés, couvert de poussière, et qui lève les mains vers le ciel en disant : « Ô Seigneur ! », et sa nourriture est illicite, ses habits sont illicites, il a été nourri d’illicite. Le Prophète, prière et salut d’Allah sur lui, dit alors : « Comment serait-il exaucé ? ». Ibn al-Qayyim dit : « La prise d’une nourriture illicite annule ou affaiblit l’efficacité de l’invocation ». Nous sommes tous interpellés dans une société dans laquelle le vol, la duperie, la corruption semblent devenus la norme. Comment serons-nous exaucés dans de telles conditions.
6- Eviter tout comportement agressif dans la formulation de l’invocation car le Transcendant et Très-haut dit : « Invoquez votre Seigneur en toute humilité et avec recueillement et avec discrétion. Certes, Il n’aime pas les transgresseurs » (S7V55). A côté de ces conditions, il y’a des moments propices d’exaucement des invocations. Ces moments sont multiples et mentionnés dans la tradition du Prophète. Il s’agit, entre autres, de :
1- Entre l’appel à la prière et l’Iqâma. En effet, le Prophète a dit : « L’invocation faite entre l’adhân et l’iqâma est toujours exaucée ».
2- Le milieu et le dernier tiers de la nuit. Il y a une heure pendant la nuit au cours de laquelle Allah répond à chaque invocateur. Le Prophète nous enseigne que : « Notre Seigneur descend chaque nuit au ciel inférieur lorsqu’arrive le dernier tiers de la nuit et dit : Y’a-t-il quelqu’un qui M’invoque afin que Je l’exauce ? Y’a-t-il quelqu’un qui me demande afin que je Lui octroie ? Y’a-t-il quelqu’un qui implore mon pardon afin que Je le lui accorde ? »
3- En état de prosternation. Le Prophète a, en effet, dit : « Le Serviteur n’est jamais aussi proche de son Seigneur que lorsqu’il est en prosternation. Multipliez vos invocations ».
4- A la fin de chaque prière : Entre At-Tachahhoud et le taslîm (salutation de fin de la prière). Le Prophète a enseigné à ses Compagnons la formule de tachahhoud, et a dit, par la suite, que chacun de vous prie Allah par les invocations qui lui plairont.
5- Sans être exhaustifs, nous pouvons, aussi, retenir les temps suivants pour implorer les grâces de notre Seigneur : pendant la pluie, pendant Ramadan, à la rupture d’un jeûne, le jour d’Arafât, le jour du Vendredi, le début de l’aube, en cas d’oppression, l’invocation pour son frère en son absence, …
NB : La foi musulmane est une foi active qui impose un devoir de présence.
Inoussa COMPAORE Imam à l’AEEMB et au CERFI