S’entendre à tout prix !

Depuis quelque temps, les autorités de la Transition malienne et les dirigeants de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ne fument plus le calumet de la paix. Le sommet de cette entité sous-régionale à Accra au Ghana aura été le point d’orgue qui l’oppose à la junte au pouvoir, avec une batterie de sanctions qui touchent, en plus des dirigeants du moment, les populations maliennes elles-mêmes.

Evidemment, ces sanctions ont déclenché des vagues d’indignation du côté des politiques que du citoyen Lambda. Selon les textes et les principes de la CEDEAO, les coups de force sont strictement interdits dans l’espace ouest-africain. Sur cette base, les sanctions sont donc légales, voire légitimes. En clair, c’est un message fort que la CEDEAO veut et entend faire passer. Les autorités à Bamako ont vite fait de contre-attaquer en prenant des mesures de réciprocité qui frisent même la défiance.

L’une des leçons à retenir de ce bras de fer est que le Mali ne peut vivre « normalement » sans la CEDEAO et vice-versa. Que ferait en effet le Mali sans l’organisation ? Le pays est lié à l’institution, historiquement, socialement, culturellement, économiquement et sur le plan géostratégique. Il serait suicidaire pour un pays de se détourner de l’espace communautaire et « rester debout ».

Ouvrir ses frontières aux pays en dehors de ceux des Etats de la CEDEAO uniquement prendrait du temps, asphyxierait le pays et serait une entorse à la « normalité » et comme le dit l’adage : « Chassez le naturel, il revient au galop ». Pire, les populations maliennes en souffriront énormément, même si les manifestations populaires de vendredi dernier pourraient laisser penser à une forte résilience de celles-ci qui ont « communié » avec leurs dirigeants à cette occasion.

Du côté de la CEDEAO, l’absence ou le retrait du Mali de cet espace handicaperait le pays à plus d’un titre. Comme dit le philosophe : « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé ». En somme, autant la CEDEAO a besoin du Mali, autant la Mali a besoin de la CEDEAO. C’est une dialectique dont aucune des parties ne peut se défaire, sans conséquences majeures sur chacune d’elles.

Les deux protagonistes ont un avenir et un destin communs. Ils ne sauraient se séparer sur ce que nous croyons être un malheureux malentendu entre eux. C’est pourquoi nous croyons que toute la diplomatie des pays de la CEDEAO doit être mise en branle à fond pour trouver une solution sinon, cela pourrait donner l’impression que nos dirigeants ne peuvent pas ou ne savent pas résoudre les problèmes localement.

Il faut surtout éviter de laisser croire, comme le pensent les dirigeants maliens, que les présidents ouest-africains « roulent » pour des puissances étrangères qui ont des comptes particuliers à régler avec le Mali ou font du « deux poids, deux mesures ». Un mauvais arrangement ne vaut-il pas mieux qu’un bon procès ? Aux dirigeants maliens et de la CEDEAO de voir !

Mahamadi TIEGNA

mahamaditiegna@yahoo.fr

Laisser un commentaire