Situation nationale : où devons-nous aller ?

La vie d’une nation repose sur un socle. Ce socle est un ensemble d’éléments. C’est ainsi que nous pouvons citer le Droit qui régit la vie de cette nation, les valeurs morales et culturelles. Le Burkina Faso n’échappe pas à ce principe de vie sociale.

Depuis notre indépendance le 5 Août 1960 jusqu’à nos jours, notre pays a toujours été régi par des lois et des textes juridiques que l’Etat met en œuvre. Les lois naissent à partir d’une base juridique majeure qui est la Constitution appelée communément Loi fondamentale. Toute l’armature juridique qui régira la vie de la nation doit être dressée sur cette loi qui en définit l’organisation. Des lois organisent, orientent, font fonctionner, interpellent et au besoin, sanctionnent.

Oui, considérons ici, la mission de sanction de la loi. Pour qu’une société fonctionne normalement, il faut bien que les lois et les règlements qui la régissent soient strictement respectés par tous, sans exception aucune. En la matière on aime répéter à volonté que « nul n’est censé ignorer la loi ». Etre entre les mains de la justice ne signifie pas que l’on est forcément coupable ! Non ! Il faut admettre que même l’inculpation, si elle advenait, peut bien être combattue devant le tribunal ou que toute détention préventive n’implique pas forcement une inculpation et une condamnation.

C’est d’ailleurs normal que les choses se passent ainsi dès lors que nous sommes en démocratie avec des Etats de Droit. Il faut bien que nous développions des réflexes tendant à admettre partout et toujours la justice. Nous applaudissons le vote de la loi relative à la dépolitisation de l’Administration publique. S’il y a un domaine où doit régner la neutralité dans la vie de la nation c’est bien l’Administration publique.

C’est ainsi que par exemple un serviteur de l’Etat, fût-il Ministre, Député, Président de la République ne saurait chercher à se soustraire ou ne saurait être soustrait du principe « nul n’est au-dessus de la loi ». Si le serviteur de l’Etat, quel que soit le poste occupé, le grade porté est en indélicatesse avec la loi, il doit se soumettre à elle. Pourtant, c’est le contraire que nous constatons souvent. En ce qui concerne les prises de position, les points de vue, bref, les différents types de communication à l’endroit des activités militaires, quand bien même il y a la liberté de presse et d’opinion au Burkina Faso, elle ne saurait être exercée n’importe comment.

Cette même liberté de presse et d’opinion est encadrée par des textes législatifs et réglementaires. Ainsi, devons-nous accepter qu’en temps de crise comme une guerre, ipso facto une restriction de la liberté d’expression peut, sinon, doit être mise en branle part les gouvernements pour l’intérêt général. Les intérêts particuliers doivent alors systématiquement se fondre dans l’intérêt général. Il faut donc comprendre et accepter les mesures gouvernementales allant dans le sens du cadrage de la liberté d’expression dans la situation difficile que traverse notre pays.

Par rapport à la mesure prise par le Ministre de l’Economie et des Finances relative au contrôle des terrains autres que d’habitation, il n’y a rien à redire. L’activité est normale. Elle permettra de découvrir que les grandes surfaces culturales sont mises en jachère par des personnes qui auraient pu initier l’entrepreneuriat agricole, ce qui nous aurait permis de lutter contre le chômage des jeunes, de freiner l’exode rural et de contribuer beaucoup à la production céréalière du pays, au lieu de rester dans la spéculation foncière.

Dans le registre des baux administratifs où il y a la volonté de faire le ménage, la mesure du Ministère en charge de ces questions est salutaire. Cela permettra à l’Etat de faire des économies et d’éviter des contrats pas toujours avantageux. A propos de la reprise des relations diplomatiques avec la Corée du Nord, nous disons que cela est bon. Il faut soutenir cette initiative des autorités de la Transition. Là-dessus, il y en a qui opinent négativement, sans arguments qui vaillent.

Ceux qui voient d’un mauvais œil le réchauffement de l’axe Ouagadougou-Pyongyang sont-ils mieux éclairés que les dirigeants actuels du pays ? Les tenants de cette ligne négativiste peuvent-ils nous dire ce que ce pays de travailleurs a fait de mauvais ? Ne nous trompons pas d’adversaires. Il ne faudrait pas se tromper non plus de rôles et de devoirs. Sachons que nous n’avons pas à nous mêler, voir à systématiquement nous aligner dernière tel ou tel pays pour mépriser, marginaliser un autre pays pour plaire à tel ou tel pays.

La Corée du Nord est la bienvenue au Burkina Faso qui est un pays souverain, qui trace lui-même sa démarche diplomatique de par le monde. Aucun diktat d’où qu’il vienne, ne saurait prospérer. Les autorités burkinabè fussent-elles de transition, ont l’onction populaire pour nouer des relations avec tout pays qui est prêt à apporter au Burkina Faso, fût-elle petite, une expérience, une expertise dans tel ou tel domaine. Il est d’ailleurs meilleur d’apprendre à quelqu’un à pêcher que de lui apporter des poissons.

Avec l’apprentissage, on libère la personne, tandis qu’avec le poisson, on l’entrave, on le rend paresseux, dépendant. A plus d’un titre, la Corée du Nord peut partager son capital d’expertises dans beaucoup de domaines avec nous. Il faut arrêter la politique de l’Autriche, l’hypocrisie. Présentement, le Burkina Faso vit une période de Transition. Nous ne nous étendons pas sur les péripéties qui ont conduit à son avènement. Nous disons seulement que la classe politique et particulièrement ceux qui ont tenu et manœuvré le gouvernail du pays dans un passé récent y sont beaucoup pour quelque chose.

Nous n’irons pas dans les détails. Le véhicule a été conduit, sans soucis, maladroitement, dans le décor, on peut même dire qu’ils l’ont embourbé. Que faire maintenant ? Sort-on un véhicule de la boue avec un simple claquement de doigts ? Mets-on fin à une guerre ou vient-on facilement à bout d’un ennemi comme celui que nous combattons qui s’est enraciné pendant sept ans en si peu de temps ?

Ce genre de guerre est-il celui qu’on finit avec une télécommande comme si on mettait fin à un film qu’on est fatigué de voir ? Il y en a qui tiennent à ce que la Transition fasse des miracles, alors qu’on les a vus ici quand ils étaient aux affaires. Ils n’ont pas fait mieux. Ils sont comptables de la situation difficile que vit le pays. Qu’ils se le tiennent pour dit : la Transition n’est pas une course de vitesse qui ne saurait courir qu’une distance arrêtée en fonction du terrain, et s’il y a lieu, elle doit aller lentement ; pour bien faire les choses, l’essentiel n’est pas de courir, encore faut-il savoir comment courir.

Comme un car transportant des passagers, les occupants de la cabine n’auront de cesse d’écouter la majorité des passagers, en avançant à pas sûrs. Si la route est jonchée d’embûches, on les écarte en avançant. Naturellement, tout ça peut impacter l’allure du voyage ; surtout quand les conducteurs ont hérité d’un véhicule accidenté dont le moteur, les pneus, etc. doivent être remplacés.

Que ceux qui ne pensent qu’aux élections se ressaisissent pour patienter ; ils doivent aussi se mettre en tête que la Transition a la compétence pour agir en tout domaine au Burkina Faso. Son rôle n’est pas limitatif et ne se restreint pas seulement à la lutte contre l’insécurité. Non ! L’Assemblée législative de la Transition légifère en tout domaine et le gouvernement agit en tout domaine. En tous les cas, faut-il réparer un car pour permettre à des mauvais conducteurs d’occuper encore la cabine de pilotage ?

Pour aller où ? Encore dans les ravins, les précipices ? Non ! Il faut le laisser dans des mains sûres. Comme ça, on évitera les nombreux retours au garage pour des coups de marteaux par ci, des tours de clé et de vis par là. Faisons tout pour éviter le perpétuel recommencement. Alors saisissons des deux mains cette Transition pour poser des actes fondamentaux, salvateurs pour le peuple burkinabè qui n’a que trop souffert.

Pas de complaisance de la part de la Transition, seuls les intérêts majeurs du peuple burkinabè, l’avenir de notre Nation doivent primer sur tout autre. Voilà la ligne et l’horizon qui vaillent. Pour ce qui est de la promotion immobilière, on en a besoin. Mais de la vraie ; de celle qui promet l’habitat pour tous, pas de celle qui développe le dépeçage et grignotage des terres de notre pays. En ce qui concerne les taxes sur certains produits de grande consommation initiées par les autorités de la Transition, nous les applaudissons. Elles ont été bien réfléchies.

C’est une participation de la population à l’effort de guerre de façon générale et particulière pour soutenir les Volontaires pour la Défense de la Partie. Elles doivent continuer, même après la guerre contre le terrorisme. Il n’y aura qu’à redéfinir la stratégie qui consiste à financer des projets de développement pour d’abord les futurs démobilisés et pourquoi pas pour la jeunesse. Ainsi, c’est tout le Burkina Faso qui gagne. Il n’y a pas à se précipiter si on veut faire du solide pour les générations futures. Il faut consolider les acquis, les zones libérées et procéder à leur observation et accompagner les PDI qui y retournent.

Daniel YAMEOGO

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