La guerre au Soudan, déclenchée en avril 2023, s’enlise. Aux yeux de tous, elle continue
dangereusement de faire des victimes. En effet, en dépit des multiples initiatives de résolution de la communauté internationale et des appels incessants à un cessez-le-feu, les armes poursuivent leur crépitement à longueur de journée dans le pays. Cela, au grand
désespoir des humanitaires qui tentent vainement de sauver ce qui peut l’être. La population qui ne souhaite que la paix pour mener à bien ses activités paye le
plus lourd tribut dans ce brasier.
Cette crise a-t-elle été oubliée ? Serait-on tenté de se demander pour peu qu’on analyse objectivement ce bourbier soudanais. Pour mémoire, cette guerre oppose, depuis, le 15 avril 2023, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) avec à leur tête Mohamed Hamdan Dagalo, alias « Hemeti », aux troupes régulières des Forces armées soudanaises (FAS), dirigées par Abdel Fattah alBurhane.
Selon les dernières évolutions de cette « guerre des généraux », de récentes attaques des FSR, dans le Centre du Soudan, ont plongé, le mardi 20 dernier, la région dans une crise humanitaire majeure. Cette escalade, à en croire de nombreux medias, a provoqué l’évacuation d’environ 500 villages impliquant des dizaines de milliers de personnes à fuir dont 4 millions d’enfants. Selon les dernières estimations, plus de 150 000 personnes auraient perdu la vie et occasionné plus de 8 millions de personnes déplacées à l’intérieur et à l’extérieur du pays.
Il n’est donc pas exagéré de dire que la crise soudanaise mérite davantage d’être prise
au sérieux. Le mal est, en effet, profond et il y a urgence à agir. Mais, le hic est que les initiatives internationales peinent toujours, malheureusement, à endiguer ces violences meurtrières. La situation a été aggravée par le blocage, à l’ONU, d’une résolution
visant à protéger les civils.
On se rappelle encore que de multiples tentatives de négocier un cessez-le feu ont lamentablement échoué. La dernière en date remontant au mois d’août, lorsque l’armée soudanaise a refusé de participer aux pourparlers organisés à Genève sous l’égide des EtatsUnis. Bien avant, des tentatives de conciliation effectuées par les Nations unies et
l’Union africaine ont également échoué.
Sous l’impulsion des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite, les pourparlers de Djeddah, entamés en mai 2023, n’ont abouti qu’à des cessez-le-feu immédiatement violés. A y voir de près, c’est le manque d’une volonté manifeste des belligérants à aller à la paix, doublé d’une certaine pression extérieure, qui fragilisent les efforts de conciliation.
C’est pourquoi, il appartient aux acteurs engagés pour une solution pacifique du conflit à jouer franc jeu et surtout à redoubler d’efforts s’ils veulent parvenir le plutôt possible à un modus vivendi afin de soulager l’affliction du peuple soudanais dont le supplice n’a que trop duré. Dans ce sens, les deux généraux devront savoir raison gardée en privilégiant l’intérêt supérieur du pays et faire profil bas. C’est par cela, et c’est le souhait de tous, qu’un compromis véritable, digne de ce nom, pourrait être trouvé au grand bonheur de sa population ainsi que des dirigeants de cette partie du
continent.
Soumaïla BONKOUNGOU