Soutien aux déplacés internes : l’UA s’enquiert des préoccupations

Une délégation de l’Union africaine conduite par la commissaire aux affaires politiques, Minata Samaté, s’est rendue à Kaya, le samedi 27 juillet 2019, pour témoigner la solidarité de l’institution aux déplacés internes et recueillir leurs préoccupations.

Les déplacés internes vivant à Kaya ont souhaité avoir des logements pour s’abriter.

En plus du don de plus de 50 millions F CFA octroyé au gouvernement burkinabè pour la prise en charge des déplacés internes, l’Union africaine (UA) souhaite contribuer à la résolution des problèmes qui engendrent le déplacement forcé des populations.

De ce fait, une délégation de l’institution conduite par la  commissaire aux affaires politiques, Minata Samaté, s’est rendue à Kaya, le samedi 27 juillet 2019. Elle a témoigné la solidarité de l’UA aux déplacés internes et recueillir leurs préoccupations. Le représentant des 30 000 déplacés internes de Kaya, Idrissa Sawadogo, venu d’Arbinda, a fait savoir que ses compagnons d’infortune et lui font face à des problèmes de logements. «Nous vivons entassés dans des écoles, les zones d’habitats spontanés,  les familles d’accueil. Tous les jours, il y a des arrivées, donc certains sont mis à la porte au profit des parents de leurs logeurs. Ils se retrouvent à dormir à la belle étoile sous la pluie», a-t-il exposé. Un autre souci majeur, selon lui, est l’alimentation.
S’il a reconnu que l’Etat et les organisations humanitaires font des efforts, il a toutefois relevé que les rations alimentaires sont faibles et ne couvrent pas les besoins des familles. «Si, nous recevons un sac de maïs de 25 kilogrammes, nous pouvons parfois attendre un mois pour être encore rationnés.  Ce qui ne suffit pas du tout à nourrir les familles qui comptent 20 personnes en moyenne et enregistrent au quotidien de nouveaux membres. Or, nous n’avons rien, car nous avons tout laissé derrière nous pour sauver nos vies», a-t-il soutenu. A sa suite, la déplacée interne, Limata Bamogo, a relevé les difficultés d’accès à l’eau potable et aux soins de santé. «Beaucoup d’entre nous sommes malades, mais nous n’avons pas les moyens pour nous soigner. De plus, nous n’avons pas de moustiquaires pour nous protéger des moustiques», a-t-elle regretté.
Faire preuve de solidarité
Le sexagénaire Niwendé Bamogo, qui a fui Korko, un village de la commune de Barsalogho après que les terroristes aient tué un de ses fils et blessé un autre, s’est inquiété de l’avenir des enfants et de leur scolarisation. Cette préoccupation a été partagée par le maire de Kaya, Boukaré Ouédraogo. Celui-ci a indiqué que la province du Sanmatenga enregistrait à la date du 25 juillet 2019 118 000 déplacés internes dont beaucoup sont logés dans des écoles. «Que ferons-nous à la rentrée scolaire» ? s’est-il interrogé. Se posant la même question, le gouverneur du Centre-Nord, Casimir Séguéda s’est également demandé comment les quelque 300 000 déplacés internes que comptent sa région seront nourris, vu qu’ils ne sont pas en mesure de faire de la production agricole.  Toutes ces inquiétudes ont ému la délégation de l’UA. «En voyant toutes ces femmes, ces enfants et ces hommes dans cette détresse, nous ne pouvons que redoubler d’efforts pour trouver des solutions aux causes profondes des déplacements forcés», a déclaré Minata Samaté. Ce d’autant plus qu’elle a relevé qu’au-delà du Burkina Faso, c’est tout le Sahel qui est concerné par le phénomène.
«Grâce à cette sortie de terrain, nous avons pu toucher du doigt les réalités des populations éprouvées. Les autorités font ce qu’elles peuvent pour trouver une solution mais il faut que chacun de nous apporte sa pierre. Nous toucherons nos partenaires pour leur montrer la nécessité de faire preuve de solidarité entre Africains à l’image des habitants de Kaya qui ont accepté héberger des déplacés internes.  Cela montre que malgré la difficulté, on peut rester humain», a-t-elle souligné. Membre du sous-comité de l’UA chargé des refugiés, des rapatriés et des déplacés internes, Dieudonné Ndabarushimana a espéré que l’appel à la solidarité de la commissaire sera entendu. Aux dires du diplomate burundais,  l’UA travaillera pour aider à rétablir les déplacés internes dans leur dignité. Ils leur a donc demandé de garder espoir même si la situation est difficile.
Eliane SOME
elianesome4@gmail.com

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