Ousmane Ouédraogo actuel président de la fédération burkinabè de Vo Vietnam pour le mandat 2024-2028 est un homme averti de la discipline. De secrétaire général de club, il a gravi les échelons en passant de président de la Ligue du Centre à premier vice-président de la fédération avant de se hisser au rang de président. Dans cette interview, il donne des éclaircissements sur l’art martial vietnamien.
Qui est le président de la fédération burkinabè Vo Vietnam ?
Je suis Ousmane Ouédraogo, inspecteur de l’enseignement primaire et de l’éducation non formelle. Je suis le président de la fédération burkinabè de Vo Vietnam pour le mandat 2024-2028. J’ai fait mon intégration au sein de la fédération en 2006 comme secrétaire général de Dagoën Vo Vietnam club. Ensuite j’ai été élu président de la ligue du Centre en 2008, où j’ai fait trois mandats jusqu’en 2020. A partir de cette date, j’ai accédé à la fédération comme premier vice- président. Et après le mandat 2020-2024, j’ai été élu président.
Comment la discipline se porte au Burkina Faso ?

Le Vo Vietnam se porte assez bien au Burkina Faso. Nous sommes une jeune fédération qui avance à notre rythme, et à pas rassurant pour vulgariser la discipline sur toute l’étendue du territoire national. Nous comptons actuellement deux Ligues. La Ligue du Centre et la Ligue du Centre-Nord, avec près de 200 pratiquants, hormis les débutants. Nous avons des provinces qui peuvent être érigées en district, et des régions en ligue, mais cela est en cours de formalisation. Nous avons au Burkina un membre qui fait partie de la commission technique internationale, en la personne de maitre Julien Drabo, ancien président de la fédération et actuel directeur technique national.
Quelle est la spécificité du Vo Vietnam ?
Le Vo Vietnam est un art martial traditionnel vietnamien. Il a été fondé par Maître Nguyên Duc Môc un ancien militaire enrôlé dans l’armée française. Lorsque la France devrait faire la guerre contre le Vietnam, il a préféré rejoindre son pays et a créé cet art martial pour outiller les soldats afin de les aider à gagner la guerre. La particularité au Vo Vietnam est que seuls les professeurs, c’est-à-dire les formateurs, sont considérés comme membre de l’école Quyen Thuat. C’est-à-dire Vo-Sinh. Et pour accéder à ce niveau, il faut avoir passé 5 années minimum d’apprentissage. Cela pour acquérir des connaissances nécessaires afin de quitter le statut d’élève à celui de professeur. Le passage se fait annuellement par une commission supervisée par un membre de la commission technique internationale envoyé par la fédération internationale de Vo Vietnam. Les élèves concernent, les débutants, le deuxième groupe, le troisième groupe le quatrième groupe. Ils portent la tenue bleue. Les professeurs portent la tenue maron. Ils ont l’obligation d’enseigner. Et progressent maintenant en grade (dan).
Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre les rênes de la fédération ?
Après 3 mandats comme président de la Ligue du Centre et un mandat en tant que vice-président de la fédération, nous avons voulu que notre grand maitre, Julien Drabo, puisse s’occuper uniquement du volet technique. Il cumulait à lui seul les deux postes. Ce qui était vraiment une lourde charge pour lui. Ainsi, dans une démarche consensuelle, nous avons présenté une candidature à liste unique aux élections.
C’est votre premier mandat en tant que président, qu’est-ce que vous avez déjà appris ?
J’avoue que présider une fédération sportive au Burkina n’est pas chose aisée. Ne serait- ce que les correspondances en direction du ministère en charge des sports, les correspondances en direction des Ligues et clubs, l’organisation des activités, demandent beaucoup de sacrifices. Comme vice-président, on ne porte pas le même fardeau que le premier responsable. Quand vous êtes le premier responsable, la réussite ou l’échec vous est imputable. Malgré l’expérience que j’ai eue, je suis toujours en apprentissage. Mais condamné à avoir un bilan qui puisse honorer ceux qui m’ont fait confiance en me portant à la tête de la fédération.
Quelle est votre politique de développement de l’art martial?
Nous comptons développer la discipline en repartant sur le principe selon lequel un professeur doit obligatoirement transmettre ses connaissances. Nous allons donc encourager les professeurs à créer des clubs en les accompagnant autant que faire se peut. Nous nous sommes donnés pour ambition de créer d’autres Ligues. Et pour y parvenir, il faut obligatoirement commencer par créer des clubs, et des districts. Depuis 2008 nous n’avons que deux Ligues.
Quelles sont présentement les activités qui meublent la saison sportive du Vo Vietnam?
Nous avons chaque année deux stages que nous organisons. Un stage national au mois de mars organisé par la commission technique nationale et un stage international au mois de décembre supervisé par des membres de la commission technique internationale qui viennent pour la plupart de la France, ou de la Suisse. Nous avons également l’organisation des championnats nationaux en junior et en sénior, filles et garçons. Nous organisons également des stages de formation pour les encadreurs. En fonction des moyens, nous participons également à des compétitions au plan africain et au niveau mondial.
D’où proviennent les ressources financières de la fédération ?
Notre principale source de revenus extérieurs provient du ministère des Sports de la Jeunesse et de l’Emploi. Nous organisons nos différentes activités grâce à la subvention que ce département nous donne. Mais cela ne couvre même pas le dixième de nos dépenses. Ce sont les contributions des Vo Sinh, élèves et professeurs qui nous permettent la réalisation de nos activités. Je profite remercier tous ceux qui contribuent et qui nous aident à la réalisation de nos différentes activités. Il y a certains sponsors qui acceptent nous soutenir.
Quels palmarès peuvent se satisfaire le Vo Vietnam sur le plan international ?
Nous ramenons régulièrement des médailles des compétitions auxquelles nous participons sur le plan international. En 2023 où nous avons organisé le championnat d’Afrique de Vo Vietnam à Ouagadougou, nos athlètes ont remporté 28 médailles d’or, 9 médailles d’argent et 23 de bronze. A la Coupe du Monde de 2019, nous avons ramené 2 médailles d’or, 9 médailles d’argent et 8 médailles de bronze. Nous avons également des membres dans les instances internationales. Julien Drabo est membre de la commission technique internationale. Mahamadou Tamboura est le secrétaire général de la fédération africaine de Vo Vietnam. Docteur Henri Joël Soubeiga est le directeur technique de la fédération africaine de Vo Vietnam, et Ousmane Savadogo est le responsable chargé des passages de grades et des équivalences de de cette instance.
Avez-vous des ambitions sur le plan sportif et personnel ?
En ce qui concerne ma personne, ce serait très tôt d’avoir des ambitions sur le plan international. Je suis en train d’apprendre au niveau national comment gérer la fédération. Il y a déjà des Burkinabè qui briguent des postes à l’international. Nous allons continuer à leur apporter notre soutien. En ce qui concerne l’organisation d’une compétition internationale, cela dépend d’abord des instances internationales et des moyens dont nous disposons. En fait, lorsque dans l’année des fédérations sportives veulent accueillir l’organisation de compétitions, au vu des moyens financiers du ministère, il peut arriver qu’on diffère le vôtre. Nous avons eu la chance d’organiser le championnat d’Afrique en 2023, nous allons d’abord donner la chance à d’autres fédérations de pouvoir organiser avant de soumettre à nouveau une candidature.
Quels sont les défis de la fédération ?
Le défi majeur de la fédération est d’augmenter le nombre de pratiquants. Pour ce faire, nous avons signé un engagement avec le département en charge des sports, pour augmenter au moins de 5%, l’effectif des pratiquants chaque année. Nous devons également travailler à avoir des médailles que ce soit sur le plan africain ou mondial. Il n’est plus question de participer à une compétition et de rentrer bredouille. Si nous ne sommes pas capables, ce n’est pas la peine d’y aller. Nous évaluerons donc nos différentes chances avant de demander l’accompagnement pour notre participation. Nous comptons d’ici la fin de notre mandat ériger la Ligue du Centre-Ouest et la Ligue des Hauts-Bassins. Je vous remercie pour l’opportunité que vous nous offrez de nous exprimer à travers vos colonnes. Nous saisissons l’opportunité pour remercier et féliciter nous forces de défenses et de sécurité, les volontaires pour la défense de la patrie, qui ne ménagent aucun effort pour que le pays retrouve sa stabilité. Ce sont leurs efforts qui nous permettent nous sportifs, de développer notre art au niveau des différents clubs à travers le pays.
Réalisée par Pengdwendé Achille OUEDRAOGO
