Mauril Mesack Njoya, vient de confirmer son palmarès avec le deuxième sacre de Rahimo FC dans le Fasofoot Ligue 1. L’entraineur camerounais, avant de prendre les rênes de Rahimo FC avait un palmarès éloquent. En Côte d’Ivoire, il a remporté le championnat national et la Supercoupe en 2012 avec le Séwé Sport de San Pedro, la première fois qu’un club de l’intérieur du pays réalise cet exploit. Il a aussi mené le club du Sud-Ouest de la Côte d’Ivoire en finale de la Coupe de la Confédération de la CAF en 2014, une performance historique. Avec cette équipe, il a aussi été vainqueur de la Coupe nationale en 2015. Dans le championnat mauritanien, Mauril Mesack Njoya a remporté le championnat national avec le FC Nouadhibou en 2013 et 2014. Dans cette interview, il se prononce sur le Fasofoot Ligue 1.

Qu’est-ce qui vous a motivé à venir dans le championnat burkinabè ?

Le Burkina Faso, je l’ai gardé dans mon cœur depuis les années 1980 sur le plan politique et historique. J’ai toujours souhaité découvrir ce pays. Dès lors que j’ai eu l’invitation du président Rahim Ouédraogo, à venir regarder la Coupe nationale et échanger avec lui, pour que si possible nous travaillions ensemble, je n’ai pas hésité un seul instant.

Après une saison, comment trouvez-vous ce championnat par apport à ceux que vous avez connu ?

Pour être honnête, il n’y a pas beaucoup de comparaison à faire. Comme vous le savez, le monde est devenu aujourd’hui un village planétaire. Les gens font presque la même chose un peu partout. Sauf qu’ailleurs il y a des championnats un peu plus physiques, comme au Cameroun, au Nigéria. J’ai trouvé que le Burkina Faso est en train d’emboiter le pas à certains niveaux. Sur le plan technique, partout on trouve des joueurs de grandes valeurs et de bonnes qualités. Au niveau tactique, aujourd’hui les entraineurs font des recherches pour l’appliquer dans la formation des joueurs. De ce fait, quand vous voulez faire des comparaisons c’est très compliqué. Toutefois, de ce que je constate, le Burkina Faso est sur la bonne voie. L’équipe nationale qui est le miroir du football national, pratique un très bon football. Je me pose la question pourquoi elle n’a pas encore remporté une Coupe d’Afrique. Je profite souhaiter aux Etalons, bonne chance pour les prochaines échéances.

Qu’est-ce qui vous a marqué positivement et négativement depuis votre arrivée ?

Depuis mon arrivée sur le sol du pays des Hommes intègres, j’ai remarqué que le Burkinabè est très accueillant, gentil, convivial. J’ai aussi remarqué que notre fondateur, Rahim Ouédraogo, est exceptionnellement généreux. C’est un monsieur que tout entraineur aimerait travailler avec. Il n’y a pas grand-chose côté négatif. Comme vous le savez, partout dans le monde, il y a des brebis galeuses. Vous ne pouvez pas citer quelque chose de négatif et croire que c’est la spécificité d’un pays. Toutefois, je voulais m’insurger contre ce qui a cours dans le championnat. C’est la croyance en la magie dans le football. Je pense que c’est quelque chose à bannir et que la Fédération devrait sévir. C’est vrai que cela fait partie du patrimoine que nous ont légué nos ancêtres. On peut la pratiquer. Mais à les exposer au grand jour lors des matchs, contribue à traumatiser les joueurs. Le comble est que nous les entraineurs entérinons ces pratiques.

Quelles ont été les forces de Rahimo FC cette saison ?

La discipline a été la force majeure de Rahimo FC. Il y a aussi la solidarité entre les différents acteurs, l’abnégation et la résilience des joueurs. Il fut un moment où c’était dur. Les joueurs nous faisaient même pitiés. C’était la première fois qu’ils travaillaient trois fois par jour. Un footing à 5h00 du matin et un entrainement à 10h et à 16h. Les enfants ont accepté ce sacrifice. Ils se sont donnés à cœur joie, parce que nous leur avions présenté l’orientation ; au sortir de cette souffrance, ce qu’ils allaient récolter comme lauriers. Il y a aussi leur croyance en Dieu. Tous ont compris qu’il n’y a pas de magie dans le football. Le secret de la réussite c’est le travail.

Quelles équipes vous ont plus causé de difficultés ?

Les équipes qui nous ont causé plus de difficultés étaient celles du bas de tableau, menacées de relégation. C’est face à ces équipes que nous avons perdu beaucoup de plumes. Heureusement nous avons su à chaque fois nous racheter pour garder la tête du classement jusqu’au bout.

A partir de quelle journée vous avez su que vous pouvez être champion ?

Je vais toujours le répéter. Lorsque je suis arrivé à Rahimo FC, l’objectif d’être champion ne figurait pas dans la mission qui m’a été assignée. L’objectif était de faire progresser le niveau des jeunes. « Quand vous faites progresser les jeunes les résultats suivent », ce sont les mots du président. Je crois que le déclic est venu du dernier match de la phase aller quand nous avons terminé en tête de classement. C’était contre l’ASFB. A la fin du match, le président Rahim Ouédraogo nous a réunis pour demander si nous estimons pouvoir être champions. Et que si nous le pensions, il serait avec nous, il allait nous accompagner. Les garçons ont tous répondu, nous voulons être champions ; nous serons champions. C’est en ce moment que le déclic est venu. Nous n’avons jamais affirmé que nous allions être champions. Même à 4 journées de la fin je continuais à dire à la presse que nous ne sommes pas encore champions. S’il nous est donné de l’être nous ne cracherons pas dessus parce que notre objectif c’est la formation. Je crois que nous sommes toujours sur cette ligne de formation. Toutefois j’avais promis au président que si j’arrive à conduire l’équipe sur le podium, de compter sur moi pour emmener l’équipe à être champion. C’est cette promesse qui a été tenue.

Quelles ont été les difficultés que Rahimo FC a rencontrées ?

De tout ordre. Il y a des choses qui ne se disent pas, qu’on ne raconte pas. Dans toute œuvre humaine, il y a des difficultés. Ne disons-nous pas que le chemin de la réussite est parsemé d’embuches. Nous préférons mettre cela de côté. Et après la victoire, après le titre comme celui-ci, on ne s’aurait les énumérer.

Champion du Burkina Rahimo FC est qualifié pour la Ligue des champions. Seriez-vous de l’aventure avec le club ?

Cette question trouvera sa réponse après la réunion du conseil d’administration du club. Le fondateur a promis réunir le conseil d’administration pour donner de nouvelles directives. C’est vrai, c’est chatouillant d’aller à la Ligue des champions. Et j’en suis un habitué pour l’avoir joué avec Séwé Sport de San Pédro et FC Nouadhibou. Nous sommes même rentrés en phase de groupe de la coupe CAF également avec ces équipes. Nous sommes allés jusqu’à la finale avec le Séwé Sport et perdre à la dernière minute contre Al Ahly du Caire. Ce serait dommage qu’on n’y aille pas, mais la décision ultime appartient au conseil d’administration.

La campagne africaine c’est un autre niveau, est-ce que vous comptez renforcer votre équipe et dans quels compartiments ?

Lorsque que nous aurons terminé avec les compétitions domestiques, parce qu’il reste la Coupe du Faso, le conseil se réunira et nous fixera de nouveaux objectifs. Parmi ces objectifs, il y aura certainement la Ligue des champions. Par rapport aux objectifs, nous saurons ce qu’il a lieu de faire. Tout compte fait, Rahimo FC est une équipe de formation. Les jeunes qui y sont, certains ont beaucoup de talent. Il serait malvenu de les jeter déjà en pâture parce qu’on dit que la Ligue des champions c’est un autre niveau. Ils ont le niveau de la Ligue des champions, croyez-moi. Il suffit seulement que ces garçons acceptent de se donner. Qu’à cela ne tienne nous verrons le cas échéant s’il faut renforcer un compartiment.

Quelles relations entretenez-vous avec les autres entraineurs du championnat burkinabè ?

Des relations professionnelles et amicales. Dans chaque corps de métier il y a des brebis galeuses. Des personnes à éviter. Pour la majorité je puis dire que ce sont de bonnes personnes. Et au niveau des arbitres qu’on aime vilipender, je suis heureux de constater que le Burkina a fait un grand pas. Des scandales d’arbitrage je n’en ai pas encore vu. Et j’ai la conviction que les arbitres peuvent se tromper. Mais de là à penser à toute erreur que l’arbitre est corrompu, c’est à éviter. C’est pour cela que j’interpelle mes joueurs à chaque fois à respecter les arbitres. Ce sont les directeurs de la partie. Il faut également respecter les joueurs de l’équipe adverse et leurs coachs parce que vous pouvez le rencontrer ailleurs. Et s’il est rancunier, vous pouvez mettre une croix sur votre carrière.

Pengdwendé Achille OUEDRAOGO

 

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