Avec ses 1,76m pour 90 kg, Karzoum Zagré est très remarquable aux abords des terrains.

Il est assurément l’un des noms les plus connus du handball à Bobo-Dioulasso. Karzoum Zagré s’est en effet construit une réputation à travers son engagement pour redonner à la discipline ses lettres de noblesse dans cette partie du Burkina et les résultats atteints aussi bien sur le plan national qu’international en font un encadreur distingué.

Une sagesse populaire enseigne qu’un bon entraîneur n’est pas celui qui a été un bon joueur, mais celui qui sait révéler le meilleur chez les autres. Karzoum Zagré illustre à
propos cette maxime. Dans la ville de Sya où il officie depuis 2009 comme professeur d’éducation physique et sportive, les handballeurs qui ont pu donner le meilleur d’eux-mêmes grâce à son encadrement sont légion. Des noms comme Amadou Kientega qui évolue en équipe nationale et à l’AS DOUANES, Adja Maïmouna Konaté, Aminata Traoré
ou encore Ibrahim Sawadogo de l’AS SONABEL entre autres sont issus de la première cohorte de minimes qu’il a formée. Et la petite Rayhanatou Sombié, meilleure joueuse des jeux de l’USSU-BF 2025 et ses camarades championnes nationales U15 témoignent, si besoin en était encore, de la bonne santé de son écurie.

Sur le plan international également l’année a bien commencé pour le sélectionneur des Etalons juniors dames qui ont remporté haut la main l’international handball fédération
TROPHY de la zone 3 en battant en finale et sur ses installations, la Côte-d’Ivoire au mois d’avril dernier. « L’objectif c’est de tout gagner cette année », nous confie-t-il, après
quelques consignes à ses protégées en pleine préparation du championnat national sur le plateau de Yéguéré (Bobo-Dioulasso).

Cette ambition, l’homme de 44 ans n’a cessé de travailler à l’atteindre depuis qu’il est tombé amoureux du handball, il y a presque deux décennies. En effet, c’est à l’Institut des sciences du sport et du développement humain (ISSDH) que l’étudiant d’alors va s’essayer à ce sport au milieu des années 2000. « Sinon comme tous les jeunes, j’étais beaucoup plus football mais là-bas tous mes amis jouaient au handball donc je m’y suis mis aussi et je suis tombé sur M. Ousmane Diarra un grand passionné, très patient. Il m’a jeté dans le grand bain. Il m’a même octroyé une Licence à l’USO pour que je joue le championnat et m’a encouragé à continuer dans le coaching », relate Karzoum Zagré.

Après seulement deux saisons donc comme joueur (2007-2008 et 2008- 2009) il va se convertir dans l’encadrement une fois affecté à Bobo. Les débuts sont difficiles. La
discipline n’est pas au mieux de sa forme dans la ville et l’intérêt pour  les jeunes scolaires est en berne. Au club ASFB auprès du coach Modiba Tamou où il comptait faire ses armes,
il y a déjà assez du monde comme encadreurs. « Un autre ainé Blaise Konkobo m’a proposé alors de venir prendre le RCB qu’il venait de relancer », se souvient-il. C’est ainsi
qu’avec l’aide de quelques ainés de l’ISSDH et une bonne dose d’abnégation, Karzoum parvient à réunir des élèves pour lancer une catégorie de minimes. Les années passent, la couvée s’aguerrit et le RCB devient un adversaire sérieux lors des championnats nationaux.

Très vite, ses qualités convainquent plusieurs observateurs parmi lesquels Abdoul Aziz Sanfo qui était encore élève-maître d’éducation physique et sportive. Il est aujourd’hui un de ses adjoints et en garde un bon souvenir. « J’ai beaucoup aimé la dynamique
dans laquelle il s’inscrit. A chaque fois qu’il venait au championnat contrairement à d’autres qui venaient  des provinces souvent pour juste accompagner, lui, il arrivait à placer des équipes dans le dernier carré. Je me suis dit que si un jour j’avais la chance de travailler avec ce monsieur j’apprendrais beaucoup dans le handball », se rappelle Abdoul Aziz Sanfo.

Un dévouement salué Au niveau fédéral également ses performances ne laissent pas indifférent. « Il a monté une super initiative en combinant pratique scolaire et sport civil. Les élèves compétissent à l’USSU-BF et jouent en club pour le RCB. Grâce à une constante participation et une régularité dans la formation, il a un groupe qui lui donne toute la
satisfaction qu’il mérite aujourd’hui. Je l’en félicite », témoigne le directeur technique national de la Fédération burkinabè de handball, Bâ-Banien Sirima. 2017 marque le passage d’un cap pour coach Zagré. En finissant champion national avec ses juniores dames, il est intégré au staff de la sélection nationale et son équipe va représenter le pays
et remporter le trophée de la zone 2 et 3 à Cotonou face au Bénin.

Le secret de ces résultats est la rigueur et la remise en cause permanente, selon Karzoum Zagré et cela, Dalia Traoré qui joue sous les ordres de l’intéressé depuis quatre ans maintenant en sait quelque chose. « Cet homme est véritablement un génie du
handball. C’est un homme strict sur le travail. Coach Zagré est un pilier pour moi, il me pousse à donner le meilleur de moi-même, même quand j’ai des doutes, il a une vision claire, une méthode exigeante mais nécessaire qui fait de lui un véritable mentor », confirme la joueuse.

A côté de cette rigueur, coach Karzoum Zagré est un passionné très sociable, toujours disponible pour tout le monde et qui n’hésite pas à payer de sa poche pour les équipements de ses joueurs, selon les confidences. Cédric Natama, ancien joueur de l’AS SONABHY a rejoint son écurie à la faveur de son installation à Bobo-Dioulasso pour poursuivre ses études et a commencé à jouer sous sa houlette en 2021. « Je suis gardien de but et c’est un poste spécifique pour lequel il n’est pas facile d’avoir l’attention du coach comme pour les autres joueurs de champ mais lui, il s’investit dans notre entraînement comme pour les autres.

Grâce au travail acharné que nous avons fait ensemble j’ai été élu meilleur gardien du championnat sénior burkinabè cette année 2021 alors que nous avons été éliminés avant la finale », souligne l’athlète. Ce dévouement est reconnu et salué au plus haut niveau par une décoration au rang de chevalier de l’Ordre du mérite de la Jeunesse et
des Sports en 2023. Ceci, après plusieurs attestations de reconnaissance parmi lesquelles
celle de l’université Nazi-Boni (2019 et 2021) et celle de l’Amicale des enseignants d’EPS
(2024). Toute chose qui galvanise davantage le technicien ambitieux qui rêve de coacher des équipes à la CAN, à la Coupe du monde et aux Jeux olympiques. Et l’on sait
qu’il ne ménagera aucun effort pour espérer y arriver un jour.

Voro KORAHIRE

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