
Le Nihon taï jitsu est une nouvelle discipline sportive qui fait son petit bonhomme de chemin au Burkina Faso. Porté par une association, l’art martial japonais compte déjà plusieurs adeptes qui espèrent voir la discipline prendre de l’ampleur à travers le pays.
Erigé officiellement en association au Burkina Faso rien qu’en 2017, le Nihon taï jitsu compte déjà plus de 200 pratiquants dont une cinquantaine de ceinture noires, dans le pays. Cette organisation est présidée par Me Adadé Kpodar, ceinture noire 5e dan karaté Shotokan et 4e dan dans le Nihon taï jitsu. Il est dévoué à promouvoir et développer l’art martial japonais au Burkina Faso. Assurant également la fonction de directeur technique national, selon Me Kpodar, l’Association sportive burkinabè de Nihon taï jitsu (ASBNTJ) a pour mission de diffuser les techniques de self-défense et les principes du Nihon Taï Jitsu dans le pays. « Elle s’engage activement à former de nouveaux pratiquants et à développer la discipline », dit-il.
Selon le technicien, le Nihon taï jitsu se définit comme un art de combat d’inspiration japonaise mais de conception occidentale. Fondé par maître Roland Hernaez, il est l’une des disciplines issues de l’enseignement de Mochizuki Minoru, un disciple de plusieurs grands maîtres d’arts martiaux, y compris Jigoro Kano (fondateur du Judo) et Morihei Ueshiba (fondateur de l’Aikido). Née au début des années 70, l’école est aujourd’hui implantée dans plusieurs pays à travers le monde.

« Le Nihon taï jitsu est un art martial structuré, basé sur les techniques de défense personnelle. Il s’inspire des grandes écoles martiales japonaises comme le judo, le karaté, le jiu-jitsu et l’aïkido. Cette discipline repose sur des katas (enchaînements codifiés), des techniques de frappe, de blocage, de projection et de maîtrise. L’objectif est de neutraliser un adversaire en exploitant son énergie, tout en cultivant le respect, la discipline et la précision dans les mouvements », explique maître Kpodar.
L’ASBNTJ fait parallèlement la promotion du combat ju jutsu. Cette technique, selon le président, met l’accent sur l’application concrète des techniques apprises dans des situations de combat réelles. « Il s’agit d’une discipline orientée vers la compétition, où les pratiquants sont amenés à affronter des adversaires dans un cadre structuré, simulant des
affrontements réalistes. Cette pratique dynamique intègre non seulement les techniques du Nihon tai jitsu, mais également des éléments empruntés à d’autres sports de combat, tels que la boxe, le grappling et les arts martiaux mixtes », précise le directeur technique.
La découverte du nouvel art martial
Pratiquant chevronné du shotokan Karaté-do où il porte la ceinture noire 5e dan, Adadé Kpodar, dit avoir découvert le Nihon Taï Jitsu en 2006 lors d’un voyage en France au cours duquel il a étudié le livre du grand maître Roland Hernaez, intitulé Ju- Jutsu (la force millénaire). « Ce livre a été pour moi une source d’inspiration et m’a incité à introduire cet art martial contemporain au Burkina Faso
», révèle-t-il. A l’en croire depuis cette expérience, il a commencé à initier les techniques de self-défense basées sur les enseignements du livre, avec un petit groupe de pratiquant de karaté qu’il a mis en place.
En 2016, dans le but de formaliser la pratique du Nihon taï jitsu et de le développer davantage, Me Adadé Kpodar prend contact avec Me Laurent Larivière, expert international et président d’alors de l’Ecole française de Nihon taï jitsu (EFNTJ).
Dans la foulée, il décide d’aller se perfectionner en France. Ainsi, du 30 janvier au 28 avril 2017, il s’entraine auprès de l’expert français, Laurent Larivière. Au cours de ce stage, le néo-pratiquant a l’opportunité de participer à des stages internationaux en Belgique et en France dirigés par des experts du Nihon taï jitsu. Pour lui le moment significatif dans son initiation dans l’art martial fut avec le père fondateur Hanshi Roland Hernaez, à l’occasion du stage d’été organisé par celui-ci, du 30 juillet au 4 août 2017, au Temple-sur-Lot en France. « Ce stage m’a davantage immergé dans la philosophie et les techniques du Nihon taï jitsu », avoue Me Kpodar.
Dans la perspective d’une Fédération
C’est en 2017, que le petit groupe de pratiquants, composé entre autres de Gambari Diallo, Edouard Kaboré, Elza, Kpodar Harouna Lenga, Mathieu Nana, fonde officiellement l’Association sportive burkinabè de Nihon taï jitsu (ASBNTJ). Le récépissé obtenu, l’association débute sa mission avec l’organisation en 2018 du stage d’implantation officielle du Nihon taï jitsu au Burkina Faso, du 6 au 7 janvier, à Ouagadougou. Le stage est supervisé par l’expert Laurent Larivière, qui assumait également la présidence de la Fédération mondiale du Nihon taï jitsu (FMNTAI).
« Cet événement a symbolisé la reconnaissance officielle et l’intégration formelle de l’ASBNTJ au sein de la FMNITAI, marquant un jalon essentiel dans l’histoire du Nihon taï jitsu au Burkina Faso », souligne-t-il. L’association qui continue de grandir avec de nouveaux membres organise un deuxième stage international, dirigé une fois de plus par l’expert Laurent Larivière, du 18 au 20 janvier 2019, à Ouagadougou. D’autres pays de l’Afrique de l’Ouest dont la Côte-d’Ivoire et le Togo prennent part au stage.
Depuis 2023, dans le but de sa vulgarisation, outre le stage international, l’association décide d’organiser chaque année un Festival national de Nihon taï jitsu. Avec 6 clubs à Ouagadougou (Gandaogo Club, Manas Karaté Club, MK Budo Club, Notre-Dame d’Afrique de Boulbi, Sagesse NTJ Club, Vital Academy Club), l’ASBNTJ a organisé son premier championnat national, les 21 et 22 décembre 2024. Pour le président de l’ASBNTJ, l’association travaille à ériger une Fédération nationale. Ainsi, elle travaille à remplir le cahier des charges du ministère en charge des sports.
Pengdwendé Achille OUEDRAOGO
