5 ans après avoir raccroché les crampons, Nouridou Guinko passe de joueur au 1er responsable du rugby burkinabè. Animé par la passion de la balle ovale, le lieutenant des Douanes entend apporter sa pierre pour un véritable envol de la discipline au Burkina Faso.

Qui est Nouroudi Guinko ?

Je dirais que Nouroudi Guinko a joué au rugby de 2005 à 2019. Au poste numéro 9, j’ai défendu les couleurs de l’équipe nationale de 2011 à 2017. Et depuis, le 4 novembre 2024, je suis porté à la tête de la Fédération burkinabè de rugby. 

D’où vient votre attachement au rugby ?

Le rugby est né en moi en 2005 lors d’un camp vacances de rugby à Bobo-Dioulasso. Environ 120 campeurs, nous avons appris, pendant une semaine, matin et soir, à jouer à la balle ovale. C’est de là qu’est né mon attachement à la discipline. 

Comment se porte le rugby au Burkina Faso ?

Je dirais que le rugby au Burkina Faso se porte bien.  Depuis un certain temps, nous essayons de donner du dynamisme à la discipline.  Sur le terrain, nous nous sommes sacrifiés. Aujourd’hui ,à la tête de la faitière, il faut que nous ayons ce même sens de sacrifice pour permettre à notre rugby de prendre son envol. 

Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre la tête de la Fédération ?

Je dirai la passion. Quand on aime une chose et qu’on a été pratiquant, il n’est pas question de s’en s’éloigner quand on raccroche. Il faut garder cette même passion, quitte à être toujours au service de la discipline. Nous sommes dans une phase de construction et chacun a besoin d’apporter sa pierre à l’édifice. C’est dans cette optique que nous avons accepté d’être à la tête de la faitière du rugby burkinabè afin d’apporter notre part au développement de ce sport. 

Quel héritage vous a légué votre prédécesseur ? 

C’est une occasion pour moi de saluer tous mes prédécesseurs. Ils ont fait un travail formidable. Ils ont réussi à hisser la discipline à un certain niveau.  En restant dans cette continuité, nous allons, à notre tour, travailler à apporter notre pierre pour que la discipline puisse grandir davantage. 

Ne sentez-vous pas une certaine pression quand on connaît la vivacité du rugby burkinabè sous votre prédécesseur ? 

Une certaine pression, je dirai non. Chacun vient avec sa vision à travers une orientation. Il faudra travailler à améliorer ce que nos prédécesseurs nous ont légué. Au fur et à mesure que chacun corrige les erreurs de l’autre, je pense que le rugby pourra prendre son véritable envol. 

Quel est le bon profil d’un président de Fédération ?

Un président de Fédération doit être d’abord un passionné. Tant que vous n’avez pas la passion de quelque chose, il est difficile de réussir sa mission.  Ensuite, il doit être un bon manager, celui qui sait fédérer. Enfin, Il doit avoir le don de soi, le sens de sacrifice et du patriotisme. 

Quelles difficultés rencontrent la discipline au Burkina Faso ?

Tout d’abord, je dirai les finances. C’est la difficulté commune à toutes les Fédérations sportives au Burkina Faso. Les partenaires font défaut. Alors que sans les moyens financiers, il est impossible de mettre en exécution le programme d’activités. Le rugby burkinabè a aussi mal dans son aspect infrastructurel. Nous n’avons pas de terrain de rugby. Nous essayons de nous adapter à des terrains de football pour nos entraînements et matchs. Enfin, les gens ont une idée arrêté de la discipline au Burkina Faso. Le rugby est incompris dans notre pays.  La discipline est vue comme un sport barbare, une discipline violente. C’est un véritable frein à la promotion de la discipline. Nous devons beaucoup sensibiliser. Il faut travailler à faire comprendre aux parents que le rugby est un sport comme tous les autres. C’est en cela qu’ils vont autoriser les enfants à pratiquer la discipline. 

Quelles sont les compétitions que vous avez pu organiser depuis votre prise de fonction ?

L’année dernière, le rugby n’a véritablement pas connu d’activités. Dès notre prise de fonction, nous avons organisé le championnat national. Celui-ci a permis de mettre en jambes les joueurs. Ça été une belle entrée. Aussi, l’équipe nationale senior homme, après sa 5e place à l’édition précédente, a pris part en Île Maurice, à la Coupe d’Afrique des nations du rugby à 7. Nous allons rester dans cette dynamique afin de continuer à donner de la compétition aux acteurs.

Quelle est votre politique de professionnalisation de la discipline ?

La professionnalisation d’une discipline commence au plan national. Tout passe par la formation. Plus vous formez les gens, plus ils sont censés transmettre leurs savoirs aux apprenants. Pour cela, nous avons réussi à former le maximum de professeurs d’Education physique et sportive (EPS) et les anciens rugbymen en coaching et arbitrage de niveau 1 et 2. Ils seront nos relais dans les régions dans la vulgarisation et la promotion de la discipline. Tout dernièrement, à la faveur des 72 heures de l’élève forestier, j’ai échangé avec le premier responsable de l’école. Il a souhaité avoir le rugby dans leur canevas. Au plan international, nous allons continuer à promouvoir la discipline avec des participations aux compétitions sous régionales, africaines voire internationales afin que les acteurs puissent se frotter aux autres et pourquoi pas décrocher des contrats. Les dernières sorties ont permis à certains rugbymen de décrocher des contrats en Afrique et en Europe, notamment en France avec Kassoum Demé.  

Quelle place occupera la relève sous votre mandature ? 

La relève a toujours occupé une place de choix dans les bureaux qui se sont succédé. Nous allons rester dans cette continuité. A l’Ouest ou au Centre du pays, vous verrez des écoles de rugby. Ils sont des centaines d’enfants qui apprennent les b.a.-ba de la balle ovale. Nous prévoyons dans des mois à venir organiser des compétitions du rygby à 7 et 15 au profil de ses apprenants. Nous allons organiser également les championnats U18, U16, U12. Nous avons inscrit tout cela dans notre programme d’activités. Si les moyens nous permettent, elles seront exécutées.  

Comment voyez-vous l’avenir du rugby ?

Le rugby à un bel avenir au Burkina Faso. Quand on jouait, les gens se posaient des questions sur ce qu’on gagne en pratiquant ce sport brute et barbare. Malgré tout, nous n’avons pas baissé les bras. Les gens ont joué avant nous et d’autres jouent après nous. C’est ainsi que le rugby grandira au Burkina Faso. 

Sous quel signe placez-vous votre mandat ?

Nous connaissons toutes les réalités de notre pays. Pour cela, nous plaçons notre mandat sous le signe de la résilience, le patriotisme, le sacrifice et la combativité.  Nous devons faire flotter les couleurs du Burkina Faso lors des compétitions. Le pays en a besoin. Et les acteurs en sont conscients. 

Après un an de fonctionnement, quel est la suite de votre programme ?

Nous avons mis en place des commissions, notamment sur les statuts et règlements, sur le plan stratégique du rugby et bien d’autres. Elles sont en train de travailler sur un projet. Etant une vision commune du groupe, ce projet va permettre à notre rugby de véritablement prendre son envol.

Vous avez été élu vice-président de l’Union des fédérations ouest africaine de rugby. Quel sera votre mission ?

Le rugby dans la sous-région manque de compétitions dans ses différents pays. C’est en cela que nous avons créé cette union pour plus de visibilité et de compétitions. Les autres zones de l’Afrique offrent des compétitions à leurs pays. L’écart de niveau est énorme entre nous.  Cette union va permettre à nos pays de s’affronter d’abord entre nous avant de concurrencer les autres. 

Interview réalisée par Ollo Aimé Césaire

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