Togo : feu vert pour Faure !

2020 est une année électorale en Afrique de l’Ouest avec notamment des élections présidentielles au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Niger et au Togo. Pour une Afrique où élection va de pair avec crise, il faut se dire que l’année s’annonce redoutable. Au Togo, pour éviter de tomber dans une situation de vide constitutionnel à l’arrivée à terme du mandat de l’actuel président Faure Eyadéma, la présidentielle de 2020 doit se tenir le 5 mars au plus tard. Le pays sera donc le premier à se jeter à l’eau, le 22 février prochain, mais à y voir de près, les clignotants sont déjà à l’orange. Et pour cause, alors que le pays a enclenché son processus électoral depuis 2019 avec la révision des listes électorales, la formation d’une nouvelle Commission électorale nationale indépendante (CENI) et la récente prestation de serment des membres de la Cour constitutionnelle, la machine commence à se gripper. A moins de deux mois du scrutin, le Comité d’action pour le renouveau (CAR) a annoncé, à l’issue de son conseil national, le retrait de ses membres de la CENI, et de tous ses démembrements.

Ce parti d’opposition a également annoncé son intention de ne pas prendre part à la présidentielle du 22 février, parce que les conditions, en l’état actuel, ne sont pas réunies pour un scrutin transparent et équitable, selon son président, Yaovi Agboyibor. « Tous les partis ont dénoncé les conditions d’organisation des élections. C’est vrai, certains de nos partenaires de l’opposition ont présenté des candidatures, mais de notre point de vue, au CAR, nous restons convaincus que la bonne décision, c’est d’amener le pouvoir à reconsidérer les conditions, parce que notre décision est une décision fondée sur l’état actuel du cadre électoral », a-t-il ajouté.
Le ton est donc donné et il faut s’attendre, dans les jours à venir, à des manifestations et autres « troubles à l’ordre public » dans les rues de Lomé, la capitale et des villes de l’intérieur du pays. Même si les forces démocratiques ont investi, le 31 décembre dernier Agbéyomé Kodjo comme candidat et que Jean-Pierre Fabre, le leader de l’Alliance pour le changement (ANC), la principale force d’opposition du pays, a déjà annoncé sa candidature, ce boycott de la présidentielle par une partie de l’opposition (le CAR), n’est pas une nouveauté au Togo.

En effet, elle a déjà boudé les dernières élections municipales, avec à la clé, un Parlement acquis à la cause du parti au pouvoir et seulement deux députés de l’opposition. Depuis quasiment deux ans, l’opposition politique refuse de participer à tous les processus électoraux, jusqu’à la composition de la CENI, dénonçant le manque de partialité et la main du régime sur les organes électoraux. Tout le long de l’année écoulée, de nombreux partis politiques et Organisations de la société civile (OSC) dont l’association « En aucun cas » ont battu le pavé à plusieurs reprises pour exiger du président sortant, Faure Eyadéma, de renoncer à un quatrième mandat. Déjà, en fin décembre, une manifestation de la société civile pour la « libération de citoyens arrêtés lors de ces manifestations publiques pacifiques » avait été interdite par les autorités, alors qu’une demande officielle avait été déposée par l’association « Action Sud ».

Une contestation de la société civile qui, couplée au départ de l’opposition politique en rang dispersé pour ces élections, offre un boulevard à Faure Eyadéma pour rempiler pour un quatrième mandat. Les feux sont donc au vert pour sa réélection, avec, bien sûr, des probabilités de contestation des résultats dont nos opposants sont devenus familiers, à raison ou à tort.

Jean-Marie TOE

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