
Grâce à l’appui du ministère de l’Action humanitaire et de la Solidarité nationale (MAHSN), plusieurs personnes vulnérables et déplacées internes ont vu leur quotidien s’améliorer. Activités génératrices de revenus, formations, logements sociaux… Les fruits de cette solidarité gouvernementale se constatent sur le terrain. Constat en ce mois de juillet 2025 dans la province de Bassitenga (Ziniaré).
Assis devant son petit atelier au bord du bitume, au secteur 1 à proximité du marché central de Ziniaré, Christophe Compaoré, cordonnier en situation de handicap, s’active à réparer une sandale. A première vue, son quotidien ressemble à celui de tant d’autres artisans. Pourtant, derrière cette apparente normalité se cache une histoire de résilience rendue possible par l’action de l’Etat. « J’ai reçu une aide de 200 000 F CFA en 2018. Grâce à cela, j’ai acheté du matériel et constitué un petit stock de chaussures. Cela m’a permis de stabiliser mon activité », explique-t-il, le regard tourné vers ses clients réguliers. Aujourd’hui, il parvient à payer son loyer et à répondre à ses besoins essentiels.
Comme lui, ils sont nombreux à avoir bénéficié d’un soutien du ministère de l’Action humanitaire et de la Solidarité nationale (MAHSN). Depuis 2018, le département multiplie les initiatives pour soutenir les Personnes déplacées internes (PDI), les personnes vivant avec un handicap, ou encore les femmes vulnérables.
Ludwine Ouédraogo est l’une de ces bénéficiaires. Elle exerce le métier de couturière dans la commune de Loumbila. Malgré son handicap moteur, elle ne baisse jamais les bras. « Avant, je n’avais qu’une seule machine. Grâce à l’appui de 200 000 F CFA reçu du ministère, j’ai pu acheter deux autres, du fil et du tissu. Aujourd’hui, je forme d’autres jeunes filles », affirme-t-elle, tout sourire. Son rêve est d’agrandir son atelier pour accueillir plus d’apprenantes.
Soulagement alimentaire et dignité restaurée
Dans la région de Oubri, plusieurs distributions de vivres ont également été organisées à l’endroit des PDI et des familles vulnérables. Objectif, faire face à l’urgence alimentaire et préserver la dignité humaine. Pour la circonstance, 40 sacs de riz ont été distribués aux personnes déplacées internes, aux personnes âgées et celles vulnérables dans la cour de la direction régionale de l’Action humanitaire. « C’est grâce à ces vivres que ma famille a pu tenir durant la saison sèche. Nous n’avions rien », témoigne Sita Ilboudo, déplacée venue de Sandbondtenga (Kaya).

Issaka Ouédraogo, déplacé de Sandbontenga lui aussi, vit à Ziniaré depuis trois ans avec 27 membres de sa famille. « Grâce à l’aide des associations et de l’Action sociale, nous survivons. Ce sac de riz, c’est un vrai soulagement. Ce soir, les enfants pourront dormir le ventre plein », confie-t-il, les yeux humides de gratitude.
Installés dans des maisons louées à prix fort, les PDI peinent à subvenir aux besoins de base. « Chaque fin de mois, c’est un combat pour rassembler l’argent du loyer. Nous nous débrouillons comme on peut, entre petits boulots, lessive et chantiers », ajoute Issaka.
Marice Sawadogo, déplacé de Nagbingou (province du Namentenga), a parcouru plus de 230 kilomètres pour rejoindre Ziniaré.
Ancien éleveur et superviseur d’une association dans sa commune, il tente désormais de survivre en faisant de la maçonnerie ou en participant à des séances d’alphabétisation. « Ce sac de riz tombe toujours au bon moment. Parfois, c’est quand je n’ai rien à donner à ma famille que la direction régionale de l’Action humanitaire de Ziniaré m’appelle. Même s’il est partagé entre deux familles, c’est un grand réconfort », soutient-il.Ces distributions, bien que ponctuelles, sont attendues avec impatience. « On souhaite qu’elles se fassent un peu plus régulièrement. On est nombreux, mais chaque geste compte. L’Etat fait de gros efforts et nous en sommes reconnaissants », souligne Sawadogo.
La cheffe du service solidarité et assistance humanitaire à la direction provinciale de l’Oubritenga, Bowensom Adeline Kaboré, dresse un bilan de l’assistance humanitaire dans sa province pour l’année 2025. « Cette distribution est la toute première de l’année. Ce n’est pas par faute de volonté, mais les moyens sont très limités ». Grâce à un don du ministère de l’Agriculture, trois tonnes de riz ont été obtenues. Elles ont été réparties équitablement entre trois communes, Zitenga, Nagréongo et Ziniaré, qui ont accueilli la cérémonie, mercredi 23 juillet 2025. « Ce don est destiné aux PDI et aux populations hôtes vulnérables- personnes âgées, handicapées à très faible revenu », confie-t-elle.
Elle affirme que pour cette distribution, c’est au total, 40 bénéficiaires qui ont été identifiés : 28 PDI (18 hommes et 22 femmes) et 12 personnes vulnérables de la communauté hôte, conformément au principe de répartition (70% PDI, 30% hôtes). Mme Kaboré indique que le choix des bénéficiaires s’est fait en étroite collaboration avec les représentants des PDI, pour prioriser les cas les plus critiques.

« Toutes les PDI sont vulnérables, mais certaines vivent des situations extrêmes. La sélection n’est jamais facile. Hier encore, nous avons dû remplacer un bénéficiaire à la suite d’un cri de détresse », affirme-t-elle. Et d’ajouter que chaque ménage a reçu un sac de 50 kg de riz, partagé entre deux personnes, soit 25 kg par personne. Bien que modeste, ce geste a été accueilli avec une vive reconnaissance.
En rappel, elle explique que la province de l’Oubritenga accueille actuellement, selon les chiffres du 31 mars 2023, 35 404 personnes déplacées internes dont 5 188 hommes, 8 536 femmes et 21 680 dans la commune de Ziniaré seulement. Un chiffre qui a sans doute évolué, mais qui illustre l’ampleur de la tâche.
Des jeunes reconnaissants et motivés
Dans la province de l’Oubritenga, de nombreux élèves issus de milieux défavorisés ont pu poursuivre leur scolarité grâce au soutien de l’Action sociale. L’aide prend la forme de prise en charge des frais de scolarité, de fournitures scolaires et parfois d’un accompagnement psychosocial.
Plusieurs bénéficiaires témoignent de l’impact de ce soutien. Théodore, 19 ans, explique que l’appui reçu depuis 2022 lui a permis d’obtenir son baccalauréat, malgré les difficultés financières de sa famille de cultivateurs. Comme lui, Passéré Martine, 21 ans, souhaite devenir infirmière ou sage-femme pour « aider à son tour », après avoir réussi le bac grâce à l’appui de l’Action sociale.
Denise Prisca Ilboudo, 17 ans, veut étudier la médecine, tout comme Boukaré Ouédraogo, qui a pu rester à l’école grâce à ce soutien malgré les faibles revenus de ses parents.
Certains élèves, comme Fatimata Lenguelengue, 18 ans, ont été confrontés à des situations familiales critiques. Orpheline de père, elle a failli perdre la maison familiale sous la pression des proches de son père. L’intervention du ministère en charge de l’action sociale a permis de régulariser sa situation et d’assurer la poursuite de sa scolarité.
Selon le chef de service à la Direction provinciale de l’action humanitaire, Sayouba Koumbem, le soutien scolaire a permis de maintenir 316 élèves dans le système éducatif, dont 96 pris en charge directement par le MAHSN en 2025.

D’autres partenaires, comme l’UNICEF ou Peter Life, interviennent de manière ponctuelle, notamment pour les filles à risque de mariage précoce ou les enfants en situation de handicap.Il affirme que le programme, en place depuis les années 2000, est un outil essentiel de résilience sociale, permettant à de nombreux enfants d’échapper au décrochage scolaire. Toutefois, les besoins restent immenses : près de
1 000 enfants sollicitent chaque année une aide, mais moins de la moitié peuvent être soutenus.
Le ministère en charge de l’action humanitaire, en complément des familles et des partenaires, joue un rôle déterminant dans la lutte contre les inégalités éducatives. Pour les bénéficiaires, cette aide représente bien plus qu’un soutien financier : c’est une porte ouverte vers un avenir meilleur.
L’appui du ministère de l’Action humanitaire et de la Solidarité nationale va au-delà de simples aides financières.
Du métier à tisser au projet de vie
Dans le cadre du programme « 1 000 métiers à tisser », plusieurs femmes de la région de l’Oubri ont été formées au tissage du pagne traditionnel Faso Dan Fani. Fatimata Compaoré a reçu non seulement un kit de tissage, mais aussi un fonds de roulement
de 100 000 F CFA. Elle tisse désormais chaque jour avec passion et ambition.
« Ce soutien nous a permis, mon mari et moi, de lancer une activité commune. Nous voulons, à terme, ouvrir un centre de formation et de vente de nos produits à Ziniaré », confie-t-elle, tout en alignant les fils colorés sur son métier.

Le MAHSN ne limite pas ses actions au soutien économique. Il entend également contribuer à la stabilité sociale des PDI à travers des logements sociaux. Dans le cadre du projet « 1 000 logements pour les déplacés », deux sites sont en cours d’aménagement. A Loumbila, 25 maisons sont en train d’être achevées. Chaque unité comporte une chambre, un salon et une cuisine externe.
« Il reste quelques finitions, comme la pose des portes et des fenêtres. Nous espérons loger les familles d’ici peu », indique un agent technique du département ministériel. Ces logements sont destinés à offrir un cadre digne à des familles souvent contraintes de vivre dans des abris précaires.
Selon la directrice régionale du ministère en charge de l’action humanitaire, Marie-Thérèse Soumbougma, le département, à travers toutes ces initiatives, entend redonner espoir et confiance aux populations éprouvées par la crise sécuritaire. Et les bénéficiaires le reconnaissent. Beaucoup expriment leur gratitude et promettent de « reverser à la société ce qu’ils ont reçu », en formant d’autres jeunes, en partageant leur expérience
ou en devenant eux-mêmes acteurs du changement.
Nb : des noms d’emprunts ont été utilisés pour les élèves
Wamini Micheline OUEDRAOGO