Assassinat de Norbert Zongo : l’extradition de François Compaoré toujours attendue

Le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP) a animé, le mardi 13 décembre 2022 à Ouagadougou, un panel sur la contribution du mouvement démocratique à la lutte contre l’impunité. C’était à l’occasion du 24e anniversaire de l’assassinat du journaliste d’investigation, Norbert Zongo et ses compagnons d’infortune.

Après 24 ans, les assassins du journa-liste Nobert Zongo sont toujours en liberté et cela, malgré quelques avancées significatives dans le dossier. Hier, mardi 13 décembre 2022, pour marquer ce douloureux anniversaire, le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques (CODMPP) a animé un panel sur le thème : « La contribution du mouvement démocratique à la lutte du peuple burkinabè contre l’impunité et pour l’élargissement des libertés démocratiques, dans le contexte actuel de guerre civile réactionnaire ». Au présidium, deux panélistes à savoir Sibiri Eric Kam, membre de l’ancienne commission d’enquête indépendante dans l’affaire Norbert Zongo, Sagado Nacanabo, secrétaire exécutif du Ren-Lac. Le premier a focalisé sa communication sur le sous-thème : « La contribution du mouvement démocratique à l’élargisse-ment des libertés démocratiques ». Il a d’abord évoqué les raisons qui ont conduit à la création du Collectif en 1998. Selon lui, ce sont les différentes formes d’impunité (crimes de sang, crimes économiques) qui ont été le catalyseur de la mise en place du mouvement. Puis, il est revenu sur la contribution du Collectif à la liberté démocratique au Burkina Faso. Pour M. Kam, la lutte a permis d’engranger de nombreux acquis.

Le secrétaire exécutif du Ren-Lac, Sagado Nacanabo, « la guerre que nous vivons est suscitée ».

Parmi lesquels, la liberté de manifester sur la voie publique qui est devenue une chose normale, un mode d’expression des populations quand elles veulent protester contre un acte, le professionnalisme de la presse et surtout, la multi-plication des organismes d’investigation et la prise de parole de la jeunesse. « Aujourd’hui, un journaliste ne se considère pas comme un petit agent. Il est conscient de sa mission et de son rôle au sein de la société », a-t-il indiqué. Dans cette contribution, Eric Kam a relevé un fait innovant qui s’est produit. « C’est la première fois dans l’histoire de notre pays que des organisations différentes (partis politiques, ONG, syndicats) se regroupent pour un combat. Mais, au-delà de cela, le mouvement a impacté la vie publique avec des résultats positifs », a souligné M. Kam. Cependant, il a attiré l’attention du public sur le fait qu’il n’y a ni garantie ni d’acquis définitif en matière de liberté. Car, pour lui, la tendance de tout pouvoir, c’est de limiter les libertés. Le second panéliste a axé sa communication sur le sous-thème : « La contribution du mouvement démocratique à la lutte du peuple burkinabè contre l’impunité dans le contexte actuel de guerre civile réactionnaire ». M. Sagado Nacanabo a développé ce sous-thème en quatre points.

236 crimes impunis recensés

Il s’agit des crimes et des impunités, la mobilisation contre l’impunité, la lutte contre l’impunité pour finir par une question, que faire ? Le communicateur a laissé entendre que depuis la mise en place du mouvement, 236 crimes de sang impunis ont été recensés. Les crimes économiques, selon lui, ont été également recensés dans différents domaines de la vie. Mais tous ces crimes visent, selon lui, à maintenir le système. Toutefois, il s’est réjoui du fait que la mobilisation ait permis d’avoir des acquis. Notamment, les procès de crimes de sang qui ont eu lieu et les procès de crimes économiques qui sont en bonne voie. « Le fait aujourd’hui qu’au Burkina Faso, on puisse poursuivre des ministres, des anciens ministres qui ont commis des crimes économiques est extraordinaire », a fait savoir M. Nacanabo. Dans la lutte contre l’impunité, il a estimé que la guerre menée par le pays est liée à cette impunité et que la meilleure façon de lutter contre cela, c’est de dénoncer et de combattre les fauteurs de cette guerre qui est à son avis, une ‟ guerre civile ’’ imposée. « Si, nous voulons gagner la guerre, il faut qu’on sache que la guerre que nous vivons est une guerre créée et suscitée par l’impérialisme », a-t-il insisté. Répondant à sa question, que faire ? Il a soutenu qu’il faut dénoncer, exiger le jugement des dossiers de crimes de sang, se battre pour une unité du peuple contre l’impunité et de savoir lier la lutte à la domination française. Sur le dossier François Compaoré, Sagado Nacanabo a dit rester optimiste que ce dossier va aboutir à l’extradition du mis en cause et son jugement pour les faits qui lui sont reprochés.

« C’est la Cour européenne qui est devenue leur dernier rempart, leur bouée de sauvetage. Mais, nous, nous espérons que la Cour européenne de justice, si elle n’est pas une Cour européenne d’injustice, finira par comprendre qu’au Burkina, on ne mange pas les criminels, on les juge », a-t-il martelé. Présente à se panel, Geneviève Zongo, épouse du journaliste Norbert Zongo, a remercié le Collectif, les organisations de la société civile et la jeunesse burkinabè pour ces 24 ans de mobilisation et de lutte pour la vérité et la justice pour son mari et ses compagnons. Comme cela est de coutume, un peu plutôt dans la matinée, une délégation du CODMPP est allée se recueillir sur la tombe de Norbert Zongo et de ses compagnons d’infortune. « Le 13 décembre 1998, Norbert Zongo, journaliste émérite, patriote et démocrate, est tombé sous les balles assassines de tueurs encagoulés mais, surtout lâches. Depuis, les comman-ditaires de son assassinat et ses assassins ont pu mesurer la détermination du peuple à les traquer et à les traîner devant la justice. Ils ont certes, réussi à endeuiller des familles, le monde de la presse et le pays réel, mais ils n’ont guère réussi à effrayer, ni à faire taire les journalistes, les défenseurs de la liberté de la presse, les défenseurs des droits humains et les démocrates », a indiqué le président de l’Association des journalistes du Burkina, Guézouma Sanogo,.

Donald Wendpouiré NIKIEMA tousunis.do@gmail.com

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