Au plus près de nos racines

A l’heure où le Burkina Faso puise dans ses ressources endogènes pour sa refondation, le Mois du patrimoine burkinabè, dont la IIIe édition a été lancée à Bobo-Dioulasso par le Premier ministre, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, vient comme un ferment de l’unité des filles et fils de la Nation, pour réussir ce vaste chantier. Plus qu’une commémoration, il est un appel vibrant à la reconquête d’une mémoire collective et à la projection d’une image fière et digne du pays des Hommes intègres.

Le Mois du patrimoine ambitionne de retisser des liens parfois effilochés de notre société. Il s’agit de ranimer la flamme de l’appartenance à une communauté riche de ses traditions, de ses savoir-faire, de ses expressions artistiques et de ses sites majestueux. Dans un contexte où le terrorisme veut fragiliser les fondements de toute une Nation, valoriser le patrimoine matériel et immatériel devient un acte de résistance culturelle et un pari sur l’avenir.

Cette valorisation ne saurait rester un slogan. Elle exige des actions concrètes :
la restauration des sites, l’inventaire systématique des trésors culturels, leur sauvegarde et surtout leur transmission. A Bobo-Dioulasso, le chef du gouvernement a esquissé les pistes. Il s’agit de redonner vie aux monuments, réhabiliter les espaces culturels et documenter les récits et pratiques ancestrales. Il a aussi insisté sur l’implication de tous : collectivités locales, communautés de base, chercheurs, artistes, porteurs de traditions …
Plus encore, le Mois du patrimoine Burkina est une vitrine : celle d’un Burkina Faso debout qui, au-delà des épreuves, cultive son génie propre. C’est une forme de diplomatie culturelle et touristique. Sans nier les défis auxquels le pays est actuellement confronté, elle propose au monde un autre récit. Celui d’une nation qui danse encore au rythme de ses balafons, du warba, du djen-djéré, du binon et autres, une nation qui sculpte, qui conte, qui bâtit.
Cette dynamique offre également une chance inédite de raffermir la cohésion sociale et le vivre-ensemble. Chaque peuple, chaque terroir, chaque tradition rencontrée est une invitation à comprendre l’autre, à l’accepter dans sa singularité, à bâtir cette cohésion sociale sans laquelle aucun projet collectif n’est viable. Dans leurs diversités, les Burkinabè ont l’occasion de puiser des raisons de croire encore au destin commun.

Il devient alors essentiel que le patrimoine, dans toutes ses dimensions, investisse pleinement les programmes scolaires. Les apprenants, notamment les enfants, doivent apprendre tôt à connaître la cour royale de Tiébélé, les ruines de Loropeni, les danses du Gulmu, les contes du Liptako, les forgerons de Kaya, les silures du Houet, les dômes de Fabédougou, les tombes royales, les coiffures Dioula, etc. Des programmes de visites éducatives, des contenus pédagogiques attrayants, des projets de valorisation en milieu scolaire doivent croitre pour faire du patrimoine burkinabè, une source d’enseignement vivant et non un souvenir figé. Dans le même ordre d’idées, la jeune génération devra aller à l’école des Trésors humains vivants (THV), ces bibliothèques de notre riche histoire et de notre culture qui ont tant à donner, à partager et à enseigner, au lieu de les voir juste le temps d’une cérémonie.

Ce Mois du patrimoine burkinabè n’est donc pas seulement une parenthèse festive. Il constitue une opportunité. Celle d’apprendre à nous regarder autrement, à mesurer la richesse de notre héritage commun, à cultiver la fierté d’être Burkinabè. Plus que jamais, cette initiative gouvernementale nous rappelle que notre plus grande force réside dans notre capacité à ne pas oublier d’où nous venons et qui nous sommes, afin d’aller à la rencontre de nous-mêmes.

Institué du 18 avril au 18 mai, le Mois du patrimoine burkinabè couvre l’intervalle de temps entre la Journée internationale des monuments et des sites (18 avril) et celle des musées (18 mai). Ce calendrier compte également le 15-Mai, instituée comme Journée des coutumes et traditions. Le Mois du patrimoine sert ainsi de cadre temporel symbolique pour magnifier l’immense richesse culturelle du Burkina Faso. Il serait judicieux d’intégrer systématiquement des programmes touristiques à l’occasion des visites officielles des autorités ainsi que des partenaires du Burkina Faso. Cette démarche contribuerait non seulement à valoriser la richesse culturelle et patrimoniale nationale, mais également à renforcer l’attractivité du pays sur la scène internationale.

Par Assetou BADOH

 

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