Vous voyez où tout ça nous mène ? J’ai entendu hier matin ma voisine insulter son mari et elle l’a traité d’indécent et concupiscent garçon de paillasson sans caleçon et coureur de jupon. Et elle a même osé crier sur son mari : « espèce de Balthasar ! Vous les hommes, vous êtes tous des infidèles ! » Je ne sais pas si ma voisine a des preuves qui attestent que son mari est un Balthazar et que nous sommes tous infidèles, mais je trouve l’accusation assez grave, surtout qu’elle n’a brandi aucune vidéo. Vous savez bien que tant qu’il n’y a pas d’audio ou de vidéo, il n’y a pas d’infidélité. Rien ne sert de dire que ce sont les hommes qui trompent plus et que les femmes le font moins, pour avoir la conscience tranquille. L’affaire « Balthazar » vient nous montrer à souhait que le sexe est
« l’opium du peuple » et l’argent, le demi-dieu qui peut tout faire ou faire faire tout à presque n’importe qui. Rien ne sert de bomber le torse, on ne crache pas sur une pile de liasses craquantes. Devant les faits, chacun a son prix, même le coût de la dignité peut se discuter.
Depuis que le sexe s’est échappé des cages du tabou, tout est devenu possible. Il suffit de s’entêter jusqu’au bout pour toucher le bout du tunnel et savourer la victoire des braves. Depuis que le sexe est devenu une banalité vénale accessible à tous sans restriction, même le mariage n’est plus un gage de sécurité ou d’assurance pour le fruit défendu. Ainsi, on portera son alliance pour flirter et céder le passage à l’impénitent explorateur de reliefs arrondis et fouineur de fonds intimes. On se mariera à une femme mais on ira faire des vols planés autour d’une flamme plus ardente dehors pour sa chaleur extraordinaire. On fera du bureau de travail la civière des amoureux d’un soir, pendant que les toilettes serviront de piédestal pour de lubriques numéros de cirques atypiques. Oublions les séries de contorsions sur le siège arrière de la voiture qui danse ou tangue au loin dans le noir et ne pipons pas mot de ce qui se passe sur les lieux-dits d’une sainteté profanée. Auprès de l’argent-dieu, il y a la déesse-sexe qui joue à l’aimant pour attirer et faire de l’éperdu amant un dément perdu.
L’affaire « Balthazar » est venue confirmer que face à l’argent, certaines femmes peuvent tout donner, au point de sacrifier ce qu’elles ont de plus cher, de plus sacré. Même la femme enceinte peut enjamber le totem de l’inceste et se laisser faire à cœur joie sans se soucier de la vie sacrée qu’elle porte et souille avec plaisir. Balthazar, comme par hasard, nous montre qu’il ne suffit pas d’être une femme mariée pour échapper à la furie du pilon qui en dit long. Cette affaire nous enseigne également qu’à force de tirer sur certains fantasmes, on finit par se faire tirer à bout portant dans l’espace pervers des réseaux sociaux. Il y en a qui en font autant, peut-être mieux ou pire que Balthazar, mais ils ne laissent aucune trace de leur crasse à poisse. Cette affaire montre aussi que notre société est en perte de valeurs sur fond d’un voyeurisme exacerbé. Il suffit parfois de penser à son rôle de père ou de mère de famille pour se ressaisir. Il suffit de penser aux conséquences sociales, éthiques, spirituelles, voire cultuelles ou mystiques pour prendre conscience des risques de certaines pratiques. Mais encore faut-il avoir le sens des choses et de la vie. Enfin, l’affaire Balthazar nous a prouvé que le mal est parfois un mérite qui s’applaudit, pendant que le bien négligé se laisse oublier par indifférence. Même le prix Nobel n’a pas eu autant de ruée d’intérêt sur les réseaux sociaux.
Pour les uns, Balthazar est un taureau, un héros qui sauve des femmes désespérées aux maris zéros, parce qu’il réussit bien là où beaucoup fléchissent dès les starting-blocks des préliminaires. Que chacun prenne soin de son épouse en donnant à César ce qui est à César, sinon un « faux gars » lui donnera un Oscar juste dans les détours d’un rencard aux câlins d’enfer sincères au bureau ou ailleurs.
Que chaque femme soit à la hauteur du « vecteur » qui décolle en osant franchir le rubicond pour toucher le fond, sinon la salace audacieuse « crudité » prendra le contrôle de la destinée d’un foyer sans braise. Et tant pis pour la casse ! Que
chacun y réfléchisse sans complaisance et décide d’être le ou la Balthazar de son conjoint ou de sa conjointe en toute intimité et loin des insolentes caméras de la honte et du déshonneur ! C’est dans ce sens que cette rocambolesque
histoire de F… sera une édifiante leçon de vie pour chacun de nous !
Clément ZONGO
clmentzongo@yahoo.fr