Bénin : changer de fusil d’épaule

Depuis les incursions d’hordes terroristes dans le Nord du Bénin, le pays n’avait jamais été autant éprouvé par une attaque d’une rare violence comme celle perpétrée, le mercredi 8 janvier dernier. L’assaut contre un poste des forces armées nationales du Bénin qui a eu lieu dans la zone de trois frontières au Parc W, dans la commune de Banikoara, aurait fait près d’une trentaine de soldats tombés. Toute chose qui met au goût du jour la nécessité pour les autorités, de prendre la question sécuritaire dans le pays très au sérieux.

 « La position attaquée était l’une des plus fortes et des plus militarisées de l’opération Mirador avec de nombreuses armes collectives, de drones d’observation », a déclaré au lendemain de l’assaut, le chef d’Etat-major de la garde nationale, colonel Faïzou Gomina. S’il est vrai que les pays du golfe de Guinée, notamment le Bénin, le Togo, la Côte d’Ivoire avaient été longtemps épargnés par le terrorisme, le risque d’une métastase avait déjà été soulevé par des experts en sécurité, au début du fléau dans les pays du Sahel.

En exprimant leur indignation, à la suite des pertes en vie humaine enregistrées lors de l’attaque du  8 janvier dernier, des acteurs de la société civile et politique béninois se sont fait entendre. Si certains reprochent aux autorités du pays leur mutisme et l’absence de réaction rapide, d’autres exhortent le gouvernement à prendre l’exemple des pays de l’AES qui se sont démarqués de la France afin de mieux s’organiser dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans leur espace commune. 

« Il faut changer de fusil d’épaule. Il faut chasser l’armée française du Bénin, se rapprocher de nos frères du Niger, du Burkina, du Togo, mutualiser nos efforts pour affronter les groupes terroristes. La solution qui consiste à continuer à s’appuyer sur la France est vouée à l’échec et continuera à porter malheur à notre armée et à notre peuple », a, pour sa part, martelé le parti communiste du Bénin, dans un communiqué rendu public, le 10 janvier 2025.

La Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (CSTB) prévoit le 25 janvier 2025, une manifestation pour exiger le départ de l’armée française du pays, convaincue qu’elle crée et développe le terrorisme dans les pays africains. Dans cette même dynamique, le parti Les Démocrates de l’ex-président Boni Yayi, estimant que la lutte contre le terrorisme est un défi immense mais pas insurmontable suggère, entre autres, le renforcement de la coopération régionale, l’investissement socio-économique massif dans les zones sensibles et de mettre l’accent sur le renforcement de la coopération avec les populations locales.

Toutefois, à l’analyse, l’on peut dire que cette nouvelle évolution de la situation sécuritaire au Bénin laisse penser que certains pays n’ont pas suffisamment tiré les leçons sur la manière de faire face à cette hydre terroriste qui ne peut trouver solution que par une synergie d’actions. En effet, il convient pour les Etats de mettre en place une réponse coordonnée dans le cadre de la lutte contre ce fléau dont les racines vont même au-delà du continent africain. C’est en cela qu’il faut saluer la vision éclairée des chefs d’Etats de l’Alliance des Etats du Sahel(AES) qui ont déjà mutualisé les efforts pour contrer vigoureusement ces groupes armés. 

Et des résultats visibles et lisibles sont déjà notés sur les théâtres des opérations avec des territoires, jadis occupés par les groupes armés, libérés au grand bonheur des populations. En effet, la porosité des frontières rend difficile les mesures de riposte, d’où la nécessité d’une coalition sous régionale bien ficelée entre les armées des pays touchés. Au demeurant, l’attaque récente au Bénin se veut être un signal fort à l’ensemble de la sous-région invitant à dépasser les bisbilles politiques pour bâtir une véritable union contre l’ennemi commun qu’est le terrorisme. 

Soumaïla BONKOUNGOU

 

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