Blessés de guerre : des réflexions pour une meilleure prise en charge

La conférence des Forces armées sur l’amélioration de la prise en charge des blessés en opération se tient, du 12 au 14 mars 2024, à Ouagadougou.

Quelle prise en charge de qualité pour les blessés en opération ? C’est à cette question que des experts, praticiens, chercheurs, décideurs et blessés en opération tenteront de répondre durant trois jours à l’occasion d’une conférence organisée par le ministère de la Défense nationale et des Anciens combattants. Cette rencontre qui se tient du 12 au 14 mars 2024 à Ouagadougou vise, selon le ministre en charge de la défense le gal Kassoum Coulibaly, à apporter des solutions appropriées aux difficultés dans la prise en charge des blessés en opération. Placée sous la présidence du chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré, cette rencontre revêt une grande importance, selon le ministre Coulibaly. « Certains combattants portent des impacts psychologiques, physiques et mentaux pour avoir répondu avec dévouement et honneur au devoir patriotique de défense de nos terres. Conscientes des efforts qu’ils ont consentis et des souffrances multiformes qu’ils endurent, les autorités militaires et politiques ne ménagent aucun effort pour développer des initiatives en vue d’améliorer leur prise en en charge », a-t-il indiqué. Il a cité entre autres l’adoption de la loi portant régime de sécurité sociale applicable aux agents de l’Etat et la création de l’Agence de soutien aux veuves, orphelins et victimes de guerre.

Même si ces initiatives sont à saluer, elles méritent, selon le gal Kassoum Coulibaly, d’être soumises à un examen rigoureux afin d’en tirer les leçons qui garantissent des résultats plus efficients. C’est à cet impératif que l’organisation de cette rencontre va répondre, foi du ministre. C’est pourquoi, ses conclusions sont très attendues des autorités militaires. « Chers participants, vos riches expériences doivent aboutir à des propositions concrètes à travers une feuille de route claire qui permettra de résoudre avec efficience les difficultés identifiées », a-t-il instruit. Il a promis que le commandement restera bienveillant pour les accompagner dans l’atteinte des résultats attendus de cette conférence. Trois ateliers thématiques vont meubler cette conférence. Le premier va porter sur les soins médicaux à l’endroit des blessés de guerre, le deuxième sur l’assistance sociale et le dernier sur la prise en charge psychologique, l’administration de la carrière et la réinsertion sociale des blessés en opération.

Etre à l’écoute des soldats

Les participants vont analyser les difficultés liées à la prise en charge des blessés de guerre en vue de proposer des solutions.

La communication inaugurale a été donnée par Sébastien Yougbaré, Pr titulaire de Psychologie clinique et Psychopathologie. Elle a porté sur l’expérience d’un blessé en opération que le communicateur a nommé Raogo. Ce dernier, après avoir été affecté à Djibo pour servir la Nation a d’abord été abandonné par sa fiancée avant d’être victime d’une attaque terroriste qui lui a coûté son bras droit. A travers l’exemple de Raogo, le spécialiste a relevé quelques points importants à prendre en compte dans la prise en charge des blessés de guerre. Le premier point qu’il a souligné est la prise en charge institutionnelle. Pour lui, il est important de mobiliser les spécialistes qu’il faut pour prendre soin des blessés de guerre. « Sans les spécialistes qu’il faut, on ferait plus de mal aux blessés que de bien.

Ce n’est pas de l’aumône dont ces gens ont besoin, ils sont victimes d’une souffrance de l’image du corps et cela va se ressentir sur leur vie sociale. D’où la nécessité d’une bonne prise en charge institutionnelle », a-t-il indiqué. Le Pr Yougbaré a, par ailleurs, souligné l’importance d’une préparation psychologique des combattants avant leur déploiement. « Il faut être à leur écoute pour analyser leurs appréhensions », a-t-il expliqué. Il est aussi important de l’avis du psychologue d’accorder du prix à la socialisation professionnelle des combattants. « Lorsqu’un soldat est formé, il doit être suivi au cours de sa socialisation professionnelle par une équipe pluridisciplinaire formée de sociologue, psychologue, anthropologue, etc. », a-t-il préconisé. En plus de tout cela, le Pr a recommandé d’être efficient dans le recrutement des hommes. « Il faut prendre des gens avec un certain profil psychologique qui puissent faire preuve de résilience », a-t-il conseillé. A l’image des recommandations formulées par le Pr Yougbaré, plusieurs sont attendus des participants à l’issue des échanges.

Nadège YAMEOGO

Jacqueline Wêndengûudi OUEDRAOGO (Stagiaire)

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