27e Conférence des Nations Unies sur le climat : Plaidoyer pour le financement des systèmes alimentaires agroécologiques  

Les panélistes ont insisté sur l’urgence d’orienter la finance climat vers l’agroécologie pour faire face à la crise climatique.

Présentes à la 27e Conférence des Nations Unies sur le changement climatique qui se tient du 6 au 18 novembre 2022, à Sharm el-Cheikh, des organisations de la société civile ont plaidé pour le financement des systèmes alimentaires agroécologiques lors d’un panel consacré au sujet, le lundi 14 novembre 2022, à Sharm el-Cheikh, en Égypte.

La finance climat doit prendre en compte les systèmes alimentaires agroécologiques africains. Cette position a été défendue par des organisations de la société civile africaine lors d’un panel sur le thème « Orienter la finance climatique vers la résilience et les systèmes alimentaires agroécologiques », le lundi 14 novembre 2022, à Sharm el-Cheikh, en Égypte.

Selon Rosinah Mbenya de Pelum/Kenya, l’agroécologie joue un rôle important non seulement pour l’adaptation au changement climatique et la résilience des populations mais aussi permet d’assurer la souveraineté alimentaire. Pour preuve, pendant la Covid-19 où l’Afrique n’avait plus accès aux aliments importés du fait de la fermeture des frontières, ce sont les petits fermiers agroécologiques qui étaient là pour nourrir les populations africaines.

C’est pourquoi il est urgent de renforcer les compétences, les capacités productives de ces petits producteurs à travers les financements climatiques.

« La finance climat doit aller vers l’agriculture, mais surtout à la bonne agriculture, à savoir l’agroécologie », a martelé Mme Mbenya.

Malheureusement, jusque-là, la manne financière va vers d’autres secteurs, a-t-elle déploré. Bridget Mugambe de l’Alliance pour la sécurité alimentaire en Afrique (AFSA) a indiqué que c’est conscient de l’importance des systèmes alimentaires agroécologiques que son organisation a lancé depuis 2018 une campagne dans 18 pays africains pour la prise en compte de l’agroécologie dans les politiques publiques agricoles.

Pour parvenir à cet objectif, l’AFSA mène des actions de recherche, de sensibilisation des communautés de base, des plaidoyers auprès des décideurs pour des politiques inclusives, participatives. Elle a reconnu le rôle joué par son organisation dans la vulgarisation de l’agroécologie en Ouganda.

Selon Bridget Mugambe de AFSA, jusque-là, l’agroécologie n’est pas la priorité de bon nombre de gouvernements africains.

Selon Mme Mugambe, l’agroécologie ne constitue pas encore une priorité pour bon de nombre de gouvernements africains. Il est temps de mettre fin aux financements de l’agriculture industrielle en Afrique et de soutenir les petits agriculteurs qui fournissent 70% des aliments, a-t-elle demandé.

Poursuivre la sensibilisation

Dans la même lancée, Dale Lewis de l’association CAMOCO basée en Zambie a souligné que si l’accent était mis sur l’agroécologie, l’Afrique n’aurait pas besoin de ressources extérieures. Et d’ajouter que le changement climatique a créé beaucoup de dommages aux petits producteurs, les obligeant à exploiter les ressources naturelles avec davantage de dégâts sur l’environnement.

Le représentant du Fonds international de développement agricole (FIDA), Jahan Chowdhury, a, pour sa part, fait savoir que son institution est un acteur de la finance climat. Car 40% de ses financements sont orientés vers ce segment, et 80% de ces financements climats vont à l’agriculture.

Pour lui, les systèmes alimentaires sont transversaux et ne doivent pas être seulement l’apanage des ministères en charge de l’Agriculture. Car les départements en charge des finances, de la santé ont également leurs mots à dire, y compris le secteur privé qui est d’ailleurs pris en compte dans les financements du FIDA.

Les préoccupations des participants ont porté, entre autres, sur les garanties exigées par les banques.

Son institution donne des prêts concessionnels aux banques de développement afin qu’elles accordent des crédits au secteur de l’agriculture avec des instruments financiers adaptés. L’objectif étant de contribuer à la diversification des revenus et à l’autonomisation des agriculteurs.

Malheureusement les petits producteurs n’ont pas accès à ces financements, car beaucoup de pays africains n’ont pas de banques agricoles, a fait remarquer Bridget Mugambe. Il y a d’ailleurs trop de gaspillages de ressources financières auquel il faut mettre fin et les orienter vers les secteurs vitaux, a souligné Dale Lewis.

Diriger la finance climat vers l’agriculture africaine notamment l’agroécologie, c’est soutenir le développement véritable de l’Afrique a insisté Rosinah Mbenya. Mais pour y arriver, il faut multiplier les efforts dans la sensibilisation des acteurs pour relever les défis d’une agriculture durable qui n’est pas seulement orientée vers le commerce mais assurant la souveraineté alimentaire du continent, a conclu Mme Mugambe.

Mahamadi SEBOGO

Windmad76@gmail.com

Depuis Sharm el-Cheikh (Égypte)

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