Eviter les erreurs du passé

Les assises nationales pour la refondation, tenues le lundi 28 février 2022, ont passé à la loupe les projets de Charte et d’Agenda de la Transition proposés par la commission technique. A l’issue d’un conclave qui a duré de plus de 16 heures, les forces vives de la Nation ont remodelé la camisole de la Transition, jugeant celle proposée par les 15 membres de la commission moins ambitieuse à leurs yeux. Ainsi, la durée de la Transition de 30 mois proposée par la commission technique a été revue à la hausse et passe à 36 mois. Le nombre des membres du gouvernement initialement fixé à 20 ministres maximum passe à 25 tandis que les animateurs de l’Autorité législative de la Transition seront au nombre de 71 au lieu de 51 membres comme préconisé par la commission technique. Les forces vives ont également rejeté toute idée de gratuité des mandats des organes de la Transition au motif que cela pourrait être une porte ouverte à des dérives. Bon nombre de Burkinabè qui pensaient que cette Transition était enfin une occasion rêvée pour le pays des Hommes intègres de faire sa véritable mue vont peut-être déchanter.

Car, la plupart des mesures progressistes proposées par les membres de la commission technique qui ont cravaché de façon désintéressée durant deux semaines n’ont pas été retenues par les participants aux assises nationales. A ce stade, les ambitions des nouvelles autorités d’opérer des réformes pour une transformation positive profonde risquent fort d’être un immense défi à relever au cours de cette Transition. Ce qui est en train de se mettre en place ressemble fort à du nouveau rebâti sur de l’ancien. La désignation des représentants du Conseil national de la Transition (CNT) en novembre 2014 a donné lieu à des spectacles désolants à travers des empoignades verbales et physiques. Passés ces moments de turbulence, les plus chanceux qui ont pu se faire désigner au sein du CNT ont fermé les yeux sur les avantages mirobolants dont jouissaient allègrement les députés. Il a fallu que cela soit mis sur la place publique pour que les nouveaux riches se résolvent à consentir une baisse insignifiante de leurs émoluments. Autre fait marquant, l’audit de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) de la gestion de la Transition de 2015. Le rapport de l’organe de contrôle a relevé que plus de 60 milliards FCFA de marché ont été attribués de gré à gré.

Ce qui représente 55% de l’ensemble des marchés attribués sous la Transition alors qu’au sein de l’espace UEMOA, les recommandations pour les procédures d’entente directe sont fixées à 15%. Autre irrégularité criante dénoncée par le Contrôleur général, la gestion du carburant. Sur une consommation de 7 milliards FCFA, en un an près de 700 millions F CFA n’ont pas été justifiés. Vu ces erreurs du passé et les conclusions des assises nationales, il appartient aux uns et aux autres d’éviter les erreurs du passé. Quant aux populations, elles doivent jouer leur partition comme elles ont toujours su le faire en empêchant les pêcheurs en eau trouble de bâtir au pays le lit d’une société où la corruption, l’affairisme et le népotisme sont érigés en des modèles de gouvernance.

Abdoulaye BALBONE

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