Nous montons tous en puissance !

Mon voisin m’a dit hier qu’il faut battre le fer pendant qu’il est chaud. Il m’a dit clairement que si nous restons dans nos rudimentaires conforts solitaires, nous ne serons rien dans ce pays. Pour lui, l’avenir, ce n’est plus ce qui arrive demain mais ce qu’on va chercher à l’arrachée aujourd’hui pour demain. Et il m’a conseillé de mettre sur pied une organisation de la société civile pour nous faire un nom en ville et de façon habile, faire de l’idylle populaire un deal dont nous serons le lead.

« On pourrait l’appeler M29, M31 ou MXL, tout ce que tu veux mais, sache que le métier d’OSC est une activité rentable ». Il a même mis sa main au feu pour me prouver que militer dans un bon mouvement peut engendrer des mouvements de virements et c’est même parfois mieux qu’avoir un certain poste dans la Fonction publique. Il m’a proposé de créer un mouvement pour nous associer aux autres mouvements qui soutiennent le mouvement et aller à la victoire dans un mouvement d’ensemble. Il a commencé à me citer les noms des gens qui n’avaient pas droit de cité mais qui sont devenus du jour au lendemain des personnalités dans la cité.

On peut partir de rien pour être bien dans la vie, parce que la vie elle-même est un combat. Il ne suffit plus d’être le meilleur pour être le premier ; il ne suffit plus d’être le plus chanceux pour avoir des opportunités ; la chance n’existe plus et l’intelligence n’est plus dans le cerveau ; désormais la connaissance tue l’action, les plus compétents ne sont plus des impétrants mais les plus percutants. Nous sommes à l’ère des titans et rien ne sert de penser, il faut agir et peu importe comment, pourquoi et pour quoi ; la fin justifie les moyens surtout quand on vient de loin !

Il m’a même montré un bout de discours pour la mise en orbite de notre machin : « Mes chers compatriotes, nous ne sommes pas des plaisantins bambins taquins au baratin de pantin ; nous sommes des fantassins de l’intégrité et pour la défense de la patrie, nous sommes prêts à verser notre sang et à sacrifier nos vies pour le bonheur de la fratrie longtemps meurtrie. Et écoutez-moi bien : nous ne laisserons personne entraver la marche radieuse de la glorieuse déferlante ! ». Ce n’est pas bandant ça ? Finalement, ce n’est pas que notre armée seulement qui monte en puissance. Nous montons tous en puissance ! Chacun a sa part de vérité, parfois au-delà du vrai.

Chacun campe sur sa position malgré la situation ; tout le monde a raison et a ses raisons que les autres n’auront jamais, parce que de toute façon, les autres ont toujours tort. On s’accuse, on se récuse, personne ne s’excuse ; chacun cherche à se justifier pour mystifier ; personne ne sait à qui se fier, surtout qu’il n’y a plus rien à se confier. Il y en a même qui en viennent aux mains, pendant que nos ennemis se donnent la main pour prendre la main dans des localités « de seconde main » en brandissant leur victoire à deux mains.

Oui, pendant que les faits s’entêtent à nous rappeler à nous unir, nous nous adonnons à des spectacles indignes de coups de tête, sous le regard amusant de l’ennemi qui rit. Si nous voulons vraiment faire de notre force notre nombre, nous ne devons pas dénouer la seule ficelle qui attache et rattache les brins du balai. Si nous voulons vraiment sauver le Faso, nous devons au-delà de nos différences et divergences savoir sauver l’essentiel. On ne peut pas aimer son pays et détester son frère ou sa sœur. Nous ne sauverons jamais ce pays en nous offrant à des combats de rue fratricides, de surcroît un jour de deuil, pour sauver autre chose que le Faso.

Et si chacun balayait un tant soit peu devant sa propre porte, nous saurions que c’est unis comme les brins d’un balai, que nous sauverons vraiment ce pays. Mais continuons à monter en puissance, chacun de son côté et selon sa force de frappe. Quand nous nous rendrons compte que la lutte dépasse nos égos perso, nous reviendrons sur terre mais peut-être six pieds en dessous. Persévérons dans l’entêtement suicidaire à en découdre entre frères, en nous lapidant sous les grêles de l’orage. Quand le problème des uns deviendra celui de tous, nous apprendrons peut-être à être solidaires malgré tout. Hélas, il suffit de bien regarder, écouter et lire entre les lignes pour se rendre compte que même notre intégrité est aussi montée en puissance dans sa descente aux enfers. Allons seulement, le fond n’est pas loin !

Clément ZONGO

clmentzongo@yahoo.fr

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