Burkina Faso, ni à vendre ni à prendre !

Pendant que tu dors au chaud sous ta couverture douillet, pense à toutes ces personnes pour qui le sommeil est un luxe. Parce que pour eux ? dormir est un rêve qui se trame les yeux ouverts, de peur de les fermer à jamais. Il suffit de faire un tour au cimetière pour prendre le pouls de la situation et comprendre la passion de ceux qui sont dans l’action. Que de tombes qui marchent au pas et suscitent l’indignation, la révolte, la rage. Pour le vaillant soldat qui brave les péripéties du terrain et défie les intempéries du moment pour pousser nos espoirs communs jusqu’aux confins de la victoire, bravo et courage ! Pour ce jeune de vingt-deux ans, soldat ou VDP qui affronte l’adversité entre vie et trépas et finit par tomber les armes à la main, les bras m’en tombent, je verse une larme sans céder aux sanglots. Pour ces dignes fils qui ouvrent la voie dans les broussailles de l’inconnu pour braver les méfaits de la racaille dissolue, vaille que vaille, je tire mon chapeau et je m’incline devant l’intégrité dans toute son intégralité. Face au pont dynamité qui ne sert plus, ils ont retroussé les manches pour étouffer la rivière pleine, marché sur son lit enseveli et arrivé à leur fin. Rien ne les arrêtera, même la mort en aura tort, parce que le Faso n’est ni à vendre ni à prendre. Ils sont prêts à tout pour ne rien céder ; ils sont prêts à tout pour ne rien concéder. Pour ces soldats, défendre la patrie est la seule mission qui vaille et ils sont prêts à mourir pour la cause. Il faut vite arrêter la pagaille qui saigne et quitter les rangs de ceux geignent et se plaignent de tout. Il faut rester concentré avec nos soldats. Il suffit de regarder avec le cœur, les efforts consentis par ces combattants de l’intégrité au front pour reconnaître qu’il y a toujours des gens qui aiment encore ce pays au point de donner leur vie en échange.

Il suffit de voir toutes ces familles déplacée et dispersées, endeuillées et désemparées pour se rendre compte que cette guerre est la nôtre et que personne ne viendra la faire à notre place. Il suffit d’entrer dans le regard imbibé de l’innocent orphelin ou la veuve prématurée pour ressentir la douleur de l’injuste solitude. Pour tous ces soldats tombés pour nous et pour l’histoire, le devoir ultime de l’intégrité oblige à la retenue, à la concorde et à l’unité. Cette unité est un impératif pour notre survie ; une unité qui pondère sans forcément ne se taire ni chercher à faire taire. Il n’y a pas de gloire à brandir les déboires de sa propre destinée. Il n’y a pas de vainqueur dans une guerre fratricide. Il n’y a qu’un drame humain commun qui sévit sur l’autel d’un manichéisme qui se complaît dans l’égoïsme. Il n’y a qu’une bâtisse qui se construit de haut en bas avec une fondation de brouhaha et les outils de la vendetta. C’est drôle de voir que notre destin commun se joue à pile ou face dans un contexte où la haine de l’ennemi dépasse parfois l’amour de certains membres de la fratrie pour la patrie. Le Burkina Faso est en guerre sur deux fronts : le front des affronts des éhontés qui surfent et tournent en rond au-dessus du fond et celui des vagabonds nauséabonds et effrontés qui ne se battent et ne savent même pas pour qui, pour quoi et pourquoi ils se battent. Mais rien ne sert de se laisser distraire par la monotonie des concerts monocordes de la cacophonie de la discorde. Rien ne sert non plus de chercher à répondre au coup par coup et à tout avec la réplique de la colère des impubères. Il faut aller à l’essentiel et au plus important sans forcément répondre à la critique qui tique par un coup de cric. Il faut s’offrir une carapace sans pour autant porter des œillères, car il y a des critiques qui sont de bonnes conseillères.

Il faut rester concentré et vigilant sur le plus urgent. Pour tous ces soldats qui se battent sur le terrain pendant que nous sommes en quête de buzz et du sensationnel, pardonnez-nous nos écarts de liberté de trop. Continuez à vous frayer un chemin dans la broussaille de l’impossible et montrer à la racaille en laisse que notre détermination est de taille. De vos sueurs et larmes, pousseront les bourgeons de la nouvelle nation en gestation. Et à l’heure des moissons glorieuses dans le champ de nos héritages communs, nous chanteront ensemble, l’hymne de la victoire en marchant fièrement à l’ombre d’une Indépendance qui donne la main sans la tendre. Pour la proue du bateau qui tangue sous les vents de ceux qui haranguent les badauds avec les mots du pire, il n’y a pas de changement qui s’opère allègrement avec l’agrément ou l’assentiment de tous. On ne va pas en guerre avec des airs de liberté et en « foutant » tout en l’air. On ne s’affranchit pas de la persécution dans la douceur ; on s’y arrache dans la douleur, mort ou vif ! Et ceux qui peuvent vraiment dire « la patrie ou la mort, nous vaincrons », savent bien qu’il ne suffit pas de savoir le dire. Il faut avoir la force et le courage de le vivre au point d’en être ivre.

Clément ZONGO clmentzongo@yahoo.fr

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