Compter avec le monde rural

Votre journal, Carrefour africain, l’« ancêtre » des Editions Sidwaya, est en train d’opérer une mue progressive. En restant fidèle à son nom, il continuera de traiter des sujets divers et variés, tant nationaux qu’internationaux, mais entend placer désormais le monde rural au centre de ses intérêts. Ainsi donc, la pèche, la production maraichère et celle des cultures de rente seront largement abordées par les journalistes qui animent ce mensuel. Cette décision des premiers responsables de l’entreprise de presse traduit leur volonté de mettre en lumière non seulement les potentialités agricoles du pays des Hommes intègres mais aussi les faiblesses du secteur qui méritent d’être corrigées afin de lui permettre de jouer pleinement son rôle dans les politiques de développement. En effet, il n’est pas superflu de rappeler que l’agriculture et l’élevage occupent plus de 80% de la population active du Burkina Faso. Mais, paradoxalement, certains facteurs tels que la faible mécanisation de l’agriculture et notre incapacité à transformer sur place une bonne quantité de nos produits  font que le secteur ne contribue qu’à 30% seulement au Produit intérieur brut (PIB). Ce qui n’est certainement pas à l’honneur du pays et il faut explorer de nouvelles pistes. Pour changer cette donne, il est important que les décideurs politiques, les acteurs de terrain et tous ceux qui interviennent dans la production agricole apportent leur part de contribution. Et Carrefour africain s’inscrit dans cette dynamique. Il se réjouit de savoir que cette vision épouse celle du nouveau ministre de l’Agriculture et des Aménagements hydro-agricoles, Salifou Ouédraogo. Dès sa prise de service, en effet, celui-ci a clamé sa volonté de mettre sur pied une économie agricole dynamique et de faire de l’agriculture un secteur à très haute valeur ajoutée pour l’économie nationale. Pour y arriver, M. Ouédraogo mise sur une mécanisation conséquente de cette agriculture jusque-là pratiquée essentiellement pour la subsistance. Il a bien vu, car, dans son élan, s’il a l’accompagnement du gouvernement et celui des partenaires techniques et financiers, toutes les merveilles sont possibles dans la quête de l’autosuffisance alimentaire et l’amélioration de la contribution du secteur agricole au PIB. Au-delà du ministre Ouédraogo, il est vrai que l’Etat consent d’énormes efforts, mais il doit accorder plus d’égard au monde paysan. Cela passe, entre autres, par l’allocation d’un budget plus important au département en charge de la question, la construction de barrages et l’équipement des producteurs en moyens modernes de travail. Dans cette même optique, l’importante diaspora burkinabè peut apporter une bonne touche aux actions entrant dans ce cadre. L’agrobusiness peut par exemple être envisagé comme un secteur porteur pour elle. Pourvu qu’elle y mette les moyens et trouve les bonnes personnes à qui qui confier la gestion de ses terres. Emblaver 100 ha de forêt pour en faire une bananerais, d’anacardiers, de sésame… peut être aussi rentable qu’ériger un immeuble de trois ou quatre étages qui va servir d’hôtel ou construire une villa pour mettre à la disposition d’éventuels locataires.

En outre, il apparaît nécessaire de donner plus de visibilité à des matières qui pèsent de plus en plus dans la balance commerciale de notre pays comme l’anacarde récolté en grandes quantités dans certaines régions du pays. Cela peut avoir l’avantage de susciter des vocations au sein des populations afin de booster l’exploitation de cette plante qui peut être considérée comme le cacao burkinabè. Sur ce point précis, Carrefour africain accomplira sa tâche et les autres canaux de communication devraient utilisés pour en faire autant.

Les efforts dans le monde de la pèche et de l’irrigation doivent aussi se poursuivre, l’expérience réussie du barrage de Samendeni pouvant constituer un élément catalyseur  au vu des résultats palpables.

Daniel ZONGO