Samendeni : fruit de 40 ans d’effort

Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a inauguré, le samedi 30 novembre 2019, le barrage de Samendeni, dans la commune rurale de Bama, province du Houet. D’une capacité de stockage de 1 milliard 50 millions de m3, ce barrage est le troisième plus grand du pays après ceux de Kompienga et de Bagré. Il devra contribuer à l’atteinte de la sécurité alimentaire, la croissance du Produit intérieur brut (PIB) de près de 2%, l’augmentation de la production nationale de céréales de près de 3% et la création d’au moins 100 000 emplois. Ce gigantesque projet qui vient de voir le jour ne peut que réjouir les populations et les gouvernants dont la patience a été payante. C’est donc dire que l’attente fut longue et même fastidieuse mais les espoirs ne se sont pas pour autant émoussés. Avec l’inauguration de cette infrastructure hydraulique, la plus grande de la zone de l’Ouest, on peut convenir avec le président Kaboré que «le rêve d’hier est devenu aujourd’hui une réalité». Cela est légitime, d’autant plus que l’histoire de Samendeni est tout aussi mystérieuse que passionnante. En effet, c’est en 1976 que le site du barrage a été identifié dans le cadre de la mise en valeur des zones libérées de l’onchocercose par l’Autorité de l’aménagement de la vallée des Volta. Depuis cette date, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Il a fallu attendre 1996, soit 20 ans plus tard, pour que le projet de construction prenne forme sous l’impulsion de feu Salifou Diallo, alors ministre d’Etat, ministre de l’Environnement et de l’Eau. Et ce n’était pas le bout du tunnel, puisque les travaux ont été lancés 12 ans après, soit en 2008. Il fallait encore attendre neuf années pour que la mise en eau soit effective, notamment en 2017. Comme on peut le constater, c’est un projet, vieux de 40 ans, qui s’est enfin réalisé, au grand bonheur du gouvernement et du peuple burkinabè tout entier. Il est connu de tous que le Burkina Faso est un pays sahélien qui n’est pas mieux loti en matière de cours d’eau. Outre cela, les caprices pluviométriques et la platitude de son relief ne sont pas de nature à favoriser la rétention des eaux de surface. D’où l’urgence de créer le maximum d’ouvrages hydrauliques d’envergure en vue d’impulser le développement des communautés à la base. Depuis la mise en eau de Samendeni, on imagine la joie des populations qui se frottent déjà les mains parce qu’il y a de bonnes affaires en perspective. Agriculteurs, pêcheurs, pisciculteurs, éleveurs, hôteliers, touristes…, tout le monde va y trouver son compte. A l’image de Bagré, ce joyau qui est piloté par le Programme de développement intégré de la vallée de Samendeni (PDIS), sera érigé en pôle de croissance. Avec ses 21 000 hectares de périmètres à aménager, l’implantation d’une zone agro-industrielle et la production de l’électricité, Samendeni va donner, à n’en point douter, un coup de pouce à l’économie nationale. C’est pourquoi, il appartient à l’Etat d’imprimer au projet une politique de gestion rationnelle si tant est qu’on veut optimiser les rendements. C’est à ce prix qu’il pourra gagner une fois de plus la confiance des bailleurs de fonds dont l’énorme contribution a permis la réalisation de ce nouveau et géant barrage. Il en est de même des populations bénéficiaires qui doivent aussi jouer leur partition en prenant soin de l’ouvrage, devenu un véritable outil de travail indispensable pour leur développement et leur épanouissement. Tous, gouvernants comme communautés, devraient conjuguer leurs efforts pour que dans les dix prochaines années, on puisse se targuer de dire que si Samendeni n’existait pas, il aurait fallu le créer. Car, ce sont autant de sacrifices et de milliards F CFA qui ont été mobilisés pour que ce lac artificiel passe du rêve à la réalité. Alors, faisons en sorte que ces efforts ne soient pas vains !