Arbre à Karité : Les mystères d’une espèce menacée de disparition

Source de vie, l’arbre à karité est une espèce protégée au Burkina.

Le karité fait partie des potentialités économiques du Burkina. Plante à multiples vertus, cette espèce est de plus en plus menacée du fait des actions anthropiques néfastes. Zoom sur un arbre atypique qui mérite toutes les attentions.

L’arbre à karité pousse à l’état naturel, exclusivement dans la zone soudano-sahélienne. Il comprend deux espèces que sont vitellaria paradoxa et vitellaria nilotica. Au Burkina Faso, on ne trouve que la variété vitellaria paradoxa. Une espèce qui, selon les spécialistes, fournit les meilleurs produits les plus recherchés par l’industrie alimentaire, pharmaceutique et cosmétique. Car, de leurs avis, le beurre de karité issu de vitellaria paradoxa est de meilleure qualité et plus riche en stéarine, un ingrédient utilisé pour la fabrication du chocolat et d’autres produits alimentaires.

Le Burkina occupe le deuxième rang après le Nigéria, en termes de peuplement d’arbres à karité. L’espèce couvre environ 70% du territoire national. Excepté le Sahel, toutes les 12 autres régions du pays sont dotées de parcs de vitellaria paradoxa. En termes de densité de peuplement, les six régions les plus peuplées sont les Hauts-Bassins (16,19%), les Cascades (15,65%), le Centre-Ouest (15,48%), le Sud-Ouest (14,97%), l’Est (12,43%) et la Boucle du Mouhoun (10,54%).

De ces amandes sont extraites les matières grasses, notamment le beurre.

Toutes les parties de cet « arbre miracle » sont exploitées. Selon le document de stratégie nationale de développement durable de la filière karité du Burkina, les feuilles, les écorces et les racines de l’arbre à karité sont utilisées dans la médecine traditionnelle et le bois dans la construction de maisons, de palissades et pour la production de charbon de bois de qualité. Les fruits, eux, sont convoités pour leur pulpe très sucrée et leur noix riche en matières grasses.

Les coques des noix servent à la fabrication de briques et sont utilisées comme fertilisant et insecticide. Les amandes sont les parties les plus prisées. Elles servent surtout à la fabrication du beurre de karité, utilisé localement comme huile alimentaire pour la cuisine et comme combustible pour les lampes. Parce qu’il sert également de matière première dans l’industrie cosmétique, agroalimentaire et pharmaceutique, le beurre est convoité sur le marché national et international.

Un arbre protégé par le code forestier

A ce niveau, le Burkina se hisse au deuxième rang de pays producteur mondial de beurre de karité après le Nigéria. Quatrième produit d’exportation du pays, le karité se distingue aussi par ses chenilles ou « Chitoumou » en langue dioula. Ces défoliatrices sont comestibles et très riches en protéines.

Selon le ministre en charge du commerce, Harouna Kaboré, la filière karité a une part importante dans l’économie nationale.

La filière karité joue un rôle important dans l’économie burkinabè. Elle contribue à la création d’emplois locaux et à la lutte contre la pauvreté des couches les plus vulnérables, notamment les femmes. Selon le ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, Harouna Kaboré, la filière fait vivre près de trois millions de femmes, grâce à la production du beurre. A l’entendre, la filière a un potentiel de production de 1 250 000 tonnes d’amandes par an, mais n’est exploité qu’à 32%.

« La filière karité a une capacité d’exportation annuelle moyenne estimée à 300 000 tonnes pour les amandes et à 12 000 tonnes pour le beurre de karité », déclare-t-il. Au regard de son potentiel, la filière a besoin d’être mieux organisée et valorisée afin de contribuer de façon significative à la croissance économique nationale. Car, les contraintes qui minent cette filière porteuse, il n’en manque pas.

Au nombre de celles-ci, on peut noter, entre autres, l’insuffisance d’organisation et de formation adéquate des acteurs, l’insuffisance des unités de transformation semi-modernes ou modernes, la forte fluctuation du prix d’achat et du niveau de la demande internationale, les difficultés d’écoulement du beurre et des produits dérivés. Sans oublier que l’arbre lui-même subit des pressions anthropiques diverses, notamment la persistance des feux de brousse, la coupe abusive et la carbonisation, la cueillette précoce des noix et la déforestation due à l’urbanisation.

Le beurre de karité est très prisé pour ses multiples vertus.

Le Réseau karité des femmes d’Afrique, après avoir constaté la menace qui plane sur l’espèce, tire également la sonnette d’alarme. «La ressource karité est de plus en plus menacée dans tous les pays producteurs», signale-t-il, lors de son assemblée constitutive, tenue en avril 2018, à Ouagadougou.

Au regard de cette donne, les autorités burkinabè ne cessent de multiplier les initiatives en vue de sauvegarder l’arbre à karité ainsi que la filière. Le code forestier qui protège intégralement l’espèce et la Stratégie nationale de développement durable de la filière karité, adoptée en 2015, en sont illustratifs.
Toutefois, certains acteurs préconisent le renforcement de la recherche et le reboisement de l’espèce pour plus d’efficacité.

Mady KABRE


Où trouve-t-on l’arbre à karité ?

Le karité, encore appelé «arbre de vie» ou «arbre à beurre», est un arbre reparti dans quelque 18 pays de la zone sahélo-soudanienne. On le retrouve notamment dans les brousses du Burkina Faso, du Nigéria, du Mali, du Ghana, de la Côte d’Ivoire, du Bénin, du Togo, du Sénégal, du Niger, du Cameroun, du Tchad, de la République démocratique du Congo (RDC), de la Guinée-Bissau, de l’Ouganda, de l’Ethiopie, de la Sierra Leone, du Soudan et de la République Centrafricaine. L’arbre à karité peut atteindre une quinzaine de mètres de haut et vivre plus de deux siècles avec une période de forte production qui se situe entre 50 et 100 ans.
Dans sa période de production maximale, il peut atteindre 20 kilogrammes de fruits par an.