Aquaculture : un secteur porteur mal en point

Le Burkina Faso regorge de potentialités halieutiques non négligeables. En 2014, l’on estimait le potentiel aquacole à environ 110 000 tonnes de poisson par an. C’est fort de ce constat que le gouvernement a pris, dans la même année, un décret portant adoption de la Stratégie nationale de développement durable de la pêche et de l’aquaculture. Un document qui se veut être le cadre fédérateur des interventions dans ces deux domaines pour la période 2011-2025. Sa vision globale, à terme, est d’avoir un sous-secteur porté par des acteurs privés dynamiques qui contribuent, par une gestion durable de la pêche et de l’aquaculture, à la sécurité alimentaire et au développement du secteur rural. L’adoption de cette stratégie est à saluer à sa juste valeur d’autant plus que l’objectif visé est d’améliorer les performances du sous-secteur de la pêche et de l’aquaculture en vue d’accroître sa contribution à la réduction de la pauvreté dans les ménages et à l’atteinte de la sécurité alimentaire. Le projet est certes, noble, mais il pêche par sa concrétisation. En effet, après son adoption, les mesures et actions préparatoires et d’accompagnement à sa mise en œuvre n’ont pas suivi. La prise en compte de l’aquaculture qui était prévue dans la conception et l’exécution de projets et programmes d’aménagements hydro-agricoles n’a guère prospéré. Des insuffisances d’ordre administratif qui ont grevé le taux de mobilisation des ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de la stratégie. Conséquence, le secteur halieutique burkinabè peine à décoller aujourd’hui, nonobstant le potentiel existant. Les barrages, à l’image de Bagré, Samendéni, Kompienga, Ziga …, sont des lieux par excellence où peuvent se développer des activités aquacoles suffisantes pour satisfaire les besoins des consommateurs. Et pour y parvenir, il faut une bonne dose de volonté politique des dirigeants et un amour surtout des jeunes pour la pisciculture. Pourvoyeuse d’emplois, cette activité peut bien nourrir son homme si les moyens nécessaires sont mobilisés. Pour ce faire, les jeunes ont besoin d’être motivés à travers des formations spécifiques et un accompagnement matériel et financier conséquent. Les étangs piscicoles archaïques doivent désormais faire place à ceux plus modernes et adaptés, pour plus de rentabilité. Dans certaines localités, les étangs modernes ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Seuls des particuliers, au prix de mille efforts, tentent de sauver l’honneur en entretenant quelques bassins, creusés par la force des bras. A y voir de près, le sous-secteur de la pêche et de l’aquaculture souffre d’un manque d’organisation qui plombe son envol. C’est pourquoi les différents acteurs doivent conjuguer leurs efforts afin d’apporter une nouvelle dynamique à un secteur porteur d’espoir mais qui se montre agonisant. Un coup de pouce suffit à faire de la pisciculture, une véritable source de revenus pour les ménages ruraux et une opportunité de création de devises pour l’Etat. Par-delà, cela permettra aux consommateurs d’avoir du poisson de qualité et non du poison mortel dans leurs assiettes. Car, il n’est un secret pour personne que nos marchés sont le plus souvent envahis de poisson venu de pays étrangers. Alors que certains produits de pêche ne sont pas exempts de tout reproche, au regard de leur qualité douteuse. Produire et consommer local ne devraient plus être de vains mots pour les Burkinabè mais plutôt un sacerdoce, parce qu’il y va de leur santé et bien-être social. Le pays tirera, à n’en point douter, un grand profit à travers la mise en œuvre efficace et efficiente de cette stratégie dont le financement devrait être assuré par l’Etat, les partenaires techniques et financiers, les collectivités territoriales, les opérateurs privés et les populations bénéficiaires.

Daniel ZONGO