Transformation de lait à Koudougou : Le gapal, un produit très prisé

Daouda Tapsoba est le promoteur du Super gapal de Koudougou

Depuis quelques années, la ville de Koudougou est réputée dans la commercialisation d’un produit laitier plus connu sous le nom de gapal de Koudougou. Un produit prisé pour ses vertus multiples et qui attire de nombreux consommateurs aussi bien de Koudougou que des autres localités du Burkina.

Au secteur 3 de la ville de Koudougou, deux kiosques spécialisés dans la vente d’un produit laitier plus connu sous le nom de gapal sont envahis par des clients. Il s’agit du Super gapal de Koudougou et du Gapal du Faso. Ces deux points de vente de gapal appartiennent tous à la famille Tapsoba. Les vrais propriétaires sont deux frères. Au regard de leurs occupations, ils ont simplement confié la gestion de cette entreprise familiale à leurs épouses.

D’où l’appellation, le gapal des coépouses Tapsoba. Daouda Tapsoba se présente comme le promoteur de la mini-laiterie Super gapal de Koudougou. Il était auparavant un employé de commerce, bien connu dans cette ville. En effet, M. Tapsoba travaillait dans une entreprise familiale. A la suite d’une mésentente entre lui et ses parents, il décide désormais de voler de ses propres ailes, avec l’appui de son épouse.

Entre 1989 et 1999, Daouda et son épouse se lancent dans la vente du bissap et des chips. Ambitieux, M. Tapsoba débarque pour le site d’or de Kalsaka dans la région du Nord. En partant, il remet une somme de 75 000 FCFA à son épouse pour continuer le petit commerce qu’ils ont commencé ensemble. De Kalsaka, il suit les traces de l’or jusqu’à Essakane puis à Dori dans le Sahel burkinabè. C’est dans cette ville qu’il apprend à transformer le lait en gapal auprès d’une dame qui en produisait pour la consommation familiale. L’apprentissage n’a duré que deux bon mois, entrecoupé des va-et-vient entre Dori et Koudougou.

Malgré tout, Daouda Tapsoba affirme avoir gardé jalousement le secret de son projet à son épouse. A la fin de sa formation, il rentre chez lui et dévoile son projet à sa femme. En 2009, ils mettent ensemble le projet en place. De deux employés au départ, Super gapal de Koudougou emploie aujourd’hui 33 personnes, constituées majoritairement de femmes. Preuve que l’entreprise de Daouda Tapsoba a bien pris son envol.

Super gapal défie ses concurrents

Aujourd’hui, il dispose d’une mini-laiterie qui fonctionne bien au secteur 4 de Koudougou. Le site de production du gapal est distinct de son lieu de vente habituel qui se trouve lui, au secteur 3.

A en croire le fondateur de Super gapal de Koudougou, pas question de dévoiler le secret de fabrication à quelqu’un. Même pas aux employés. Ce qui lui permet d’être le seul maître du marché. De ses explications, la chaine de production comporte six étapes. Et à chaque étape interviennent un certain nombre d’employées qui viennent à tour de rôle s’acquitter de leurs tâches avant de disparaître. Ainsi, avoue M. Tapsoba, aucun employé ne peut fabriquer, à lui seul, le gapal et revenir lui faire la concurrence.

« Il y a une seule dame qui fabrique le yaourt avec l’aide d’un appareil de contrôle, on a également les employées qui font le mélange au petit mil, celles qui s’occupent de sucrer le produit, etc ; c’est à la fin que l’ensemble des employés se retrouvent pour le conditionnement du produit fini », détaille-t-il. Pour la production journalière, Daouda Tapsoba dit utiliser 10 sacs de lait de 25 kg, un sac et demi de petit mil (60 plats), 7 à 8 sacs de sucre en poudre. Il estime le coût total des charges de production du gapal à 900 000 FCFA par jour.

De nos jours, la mini-laiterie Super gapal a une capacité de production de 3 000 bidons de 1 litre d’eau laafi par jour en raison de 1 000 FCFA l’unité. En plus de la vente sur place au kiosque, le Super gapal de Koudougou est sollicité un peu partout au Burkina. De ce fait, des commerçants viennent acheter pour approvisionner leurs alimentations à Koudougou mais aussi à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso et bien d’autres localités.

Il y a également ceux qui, au cours de leur passage à Koudougou, achètent pour la consommation familiale. Selon Daouda Tapsoba, les échos qui lui parviennent sont très encourageants car le produit est bien apprécié des consommateurs. Moussa Traoré, un Ouagalais de passage à Koudougou, a fait un tour au kiosque du Super gapal. Il en profite pour payer le gapal, un produit très prisé par les membres de sa famille. Jean-Baptiste Yaméogo, lui, est koudougoulais et se ravitaille régulièrement au kiosque.

La plupart des consommateurs raffolent du gapal pour ses vertus multiples. A l’évidence, l’engouement des populations autour de ce produit a poussé certains koudougoulais à se jeter dans cette activité. Partout dans la ville, les points de vente de gapal se sont multipliés. Cette rude concurrence, Daouda Tapsoba souligne qu’il ne la craint pas. Et pour cause ? «On peut bien nous imiter mais jamais nous ressembler », déduit-il. Du reste, le promoteur de Super gapal de Koudougou a déjà entrepris les démarches pour labéliser son produit.

François KABORE