Variétés améliorées de riz au Burkina: Les KBRs, trois récoltes successives pour un seul semis

L’Institut de l’environnement et de recherches agricoles du Burkina Faso (INERA), à travers le Centre de recherches environnementales agricoles et de formation de Kamboinsin (CREAF-K) a mis au point quatre variétés de riz exclusivement burkinabè. Dénommées KBRs (KamBoinsinRiz), ces nouvelles variétés s’adaptent aussi bien dans les basfonds que dans les systèmes irrigués. Ces découvertes devront permettre au Burkina Faso de satisfaire aux demandes des producteurs en semences améliorées en vue de combler le besoin en riz de la population.  

Ce sont quatre variétés de riz dénommées KBRs (KamBoinsinRiz) que l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles du Burkina Faso (INERA), station de recherche de Kamboinsin a mis au point au profit des agriculteurs burkinabè. Homologuées en 2019, ces variétés sont la KBR2 ou Massamalo, la KBR4 ou Nong-saamè, la KBR6 ou Bitonkini et la KBR8 ou Mouifiida. Les semences de pré base et de base ont été produites au cours de la campagne agricole 2021, dans des champs au sein de la station INERA de Kamboinsin situé dans l’arrondissement n°9 de Ouagadougou. Le 6 décembre 2021, la KBR6 ou Bitonkini portait encore des panicules et ce, après deux précédentes récoltes consécutives. Etalés sur une superficie de deux hectares, les plants sont présentement irrigués par un système de pompage d’eau à partir du barrage de Kamboinsin avant que des châteaux, alimentés par un forage solaire ne prennent le relais en période chaude. Les KBRs sont donc des variétés qui s’adaptent aussi bien dans les basfonds que dans les systèmes irrigués. Elles ont été conçues, développées et expérimentées par le Dr Valentin S. Edgar Traoré et son équipe. Le Dr Traoré est par ailleurs Généticien/ sélectionneur-Riz, Expert en semence et Coordonnateur Pays du Forum ouvert sur la biotechnologie agricole (OFAB-Burkina).  Nous avons rencontré ce jeune passionné de la recherche le lundi 6 décembre 2021 sur le site de Kamboinsin.  Egalement Coordonnateur du programme riz au CREAF (Kamboinsin), le chercheur confie que le processus de création des KBRs lui a pris une dizaine d’années. « Nous avons commencé les recherches en 2010 et c’est en 2019 que nous avons pu homologuer nos variétés », indique-t-il. Selon lui, la création de ces variétés par amélioration génétique a consisté tout d’abord à établir un croisement entre deux lignées parentales dont l’une a servi de parent femelle et l’autre de parent mal à l’issue duquel il a obtenu un hybride de première génération (F1).  A la suite de cette étape, renseigne M. Traoré, les recherches se sont poursuivies avec la sélection de lignées recombinantes à travers la technique du « Single Seed Decent » ou sélection à partir d’une graine unique de chaque progéniture. C’est seulement à partir de la septième génération d’autofécondation que des lignées prometteuses stables ont été identifiées à partir des critères de sélection établis par l’équipe du Dr Traoré.  Ces critères intègrent plusieurs aspects dont, le cycle de reproduction, et quelques paramètres liés au rendement tels que le nombre et la longueur des panicules et la fourniture de ces dernières en grains etc. A l’en croire, au cours du processus, à chaque fois qu’une génération est semée, l’on doit sélectionner les traits voulus jusqu’à obtenir un produit fixe. C’est après avoir passé toutes ces étapes, y compris les tests requis pour l’homologation à savoir le test DHS (Distinction-Homogénéité-Stabilité de la technologie) et celui VATE (Valeur Agronomique, Technologique et Environnementale) que le chercheur a établi un dossier complet sur les variétés candidates (descriptifs, méthodologies, caractéristiques, durée de conception) pour soumettre au comité national des semences. Cette instance étant l’autorité qui siège pour analyser les dossiers des chercheurs sélectionneurs en vue de l’inscription au catalogue national de nouvelles variétés.

Le catalogue national des espèces et variétés agricoles du Burkina Faso a été institué en 2014 conformément à la loi 10-2006/AN portant règlementation sur les semences végétales. Cet outil permet d’inscrire toutes les variétés homologuées par le ministère en charge de l’agriculture.

Les semences de base des KBRs ont été produites au cours de la campagne agricole sèche 2021 selon son concepteur. Et, ce sont plusieurs entreprises qui ont contribué à multiplier les semences certifiées avec des producteurs rizicoles de Bagré, Bama, Sourou, Banzon au profit des riziculteurs. « L’INERA à produit à travers le projet CORIS (Covid19_Response_Rice_Seed_Project), financé par la Coopération Allemande (GIZ), plus de trente-sept (37) tonnes de semences de base des variétés de riz KBRs et maintien la production annuelle de dix (10) à vingt (20) tonnes de semences de base pour tout le pays », précise-t-il. Le kilogramme de ces semences de base est cédé à mille cinq cent (1500) FCFA aux entreprises par le service scientifique et technique de l’INERA. Ces dernièress, après avoir fait la multiplication, vont obtenir les semences certifiées qu’ils revendront à leur tour entre trois cents (300) et cinq cents (500) FCFA le kilogramme aux agriculteurs toujours selon le chercheur.

                          De la spécificité des KBRs

Le Burkina Faso, à travers l’INERA, dispose à la date d’aujourd’hui, de près d’une soixantaine de variétés de riz. De ce nombre, seulement une douzaine sont cultivées dans le pays, à en croire Valentin S. Edgar Traoré. Ces variétés, communément appelées FarakobaRiz (FKR) ont été vulgarisées il y a plus d’une dizaine d’années. On peut citer entre autres, la FKR60N, la FKR62N et la FKR56N.  La lettre « N » à la fin des chiffres FKR signifie, de ses dires, NERICA (New Rice for Africa) qui concerne une gamme de variétés de types interspécifiques, obtenues à partir de croisement entre les espèces de riz asiatique (sativa) et africaine (glabérima). Leurs cycles de production varient entre 90 et 120 jours. Ces variétés ont été créés par AfricaRice à travers son unité de recherche et d’amélioration variétale, en son temps, sous la direction et le leadership de Dr Moussa Sié, un chercheur sénior Burkinabè. Les variétés de riz NERICA ont été largement déployées et adoptées dans toute la sous-région voire l’Afrique. Le Dr Valentin S. Edgar TRAORE a, dans une étude publiée en septembre 2015, sur la « Perception des agriculteurs et impact de la maladie de la panachure jaune du riz sur les rendements du riz au Burkina Faso », montré que ces NERICA figurent parmi les variétés prisées au Burkina Faso. C’est pourquoi certaines des variétés de KamBoinsinRiz (KBR) sont issues de croisement en partie de la FKR56N, récupérée et retravaillée par M. Traoré. « Les KBRs, tout en prenant en compte les forces des NERICA (FKR) corrigent également leurs faiblesses », foi de M. Traoré. Pour ce faire, assure-t-il, KamBoinsinRiz peut résister aux poches de sécheresse dans les basfonds à bonne rétention d’eau pendant au moins deux semaines en cas de rupture de pluie. De plus, Dr Traoré et son équipe, à travers des enquêtes préalables ont pris en compte et les goûts, et les critères de préférence des producteurs et consommateurs. « On s’est rendu compte que la majorité aime l’aspect collant. Donc, dans nos croisements, nous avons pris ces critères en compte », poursuit-il.

Outre ces aspects, il soutient avoir mis également l’accent sur la tolérance et la résistance aux maladies. Il dit être parti du principe que le riz qui résiste à la sécheresse est susceptible d’être détruit par des maladies (champignons,) qui envahissent les feuilles et détruisent les récoltes. En dehors des champignons, il y a la panachure jaune du riz (RYMV), un virus très dangereux pouvant entrainer la perte de 20 à 80% d’une production. C’est pourquoi le chercheur souligne que lors de leurs expérimentations, la question de la tolérance et de résistance à ces maladies ont été prises en compte. « Nous avons fait des croisements avec des variétés qui avaient été identifiées par des chercheurs burkinabè comme des sources de résistance. De par ce procédé, nous avons obtenu des gènes de résistance dans ces variétés », explique-t-il.

En vue d’accroitre le rendement des KBRs, ses initiateurs ont, au cours des expérimentations, misé sur des longues panicules et celles plus fournies. Car, selon eux, plus la panicule est longue et bien fournie, plus le rendement est grand.  Ce qui fait, de l’opinion du chercheur, que si l’on met ces variétés de riz dans des conditions maximales (sol bien aménagé et plants bien fournis en engrais) la production peut atteindre 10 tonnes à l’hectare. « Si vous n’êtes pas avare en engrais, le riz ne sera pas avare en grains », rassure-t-il. Il soutient par ailleurs qu’avec les KBRs, la technologie du ratooning peut être appliquée avec des résultats satisfaisants. Il s’agit d’un procédé qui exploite le caractère de pérennité de la plante. Il consiste à faucher les plantes à maturité et maintenir les souches vivantes pour d’autres récoltes à partir des repousses. Avec cette méthode donc, on ne sème ou repique qu’une seule fois et, on peut récolter au moins deux à trois fois la même année en assurant seulement le désherbage et les amendements en engrais et en fongicides (produit phytosanitaire qui détruisent les champignons parasites). En effet, après la première récolte, au bout de 55 à 65 jours en fonction des variétés, on peut obtenir la deuxième récolte et ainsi de suite jusqu’à ce que les conditions climatiques (froid) deviennent défavorables.

                              Des variétés prometteuses !

Si Valentin S. Edgar Traoré se réjouit d’avoir conçu du riz 100% Burkinabè à même de compétir à l’international, il reconnait tout de même que de par ses recherches, il n’est pas parvenu à avoir une résistance totale aux virus. Au cours des expérimentations, Dr Traoré dit s’être rendu compte que plus la résistance aux maladies est totale, plus le rendement est faible et quelque fois les grains sont peu désirables. En conséquence, son équipe a opté de façon consciente et efficiente de mettre l’accent sur la tolérance. Une tolérance qui, dit-il, n’empêche pas la plante de produire en quantité satisfaisante même en présence du virus. Des dires de Monsieur Traoré, les échos sur les KBRs sont bons. Déjà, avant leurs inscriptions dans le catalogue national, des producteurs du Sourou qui les ont expérimentés ont obtenu près de 7 à 8 tonnes à l’hectare selon Dr Traoré. « Nous sommes aussi en contact avec un entrepreneur qui est basé à Niassan (Di), qui depuis l’avènement des KBRs a opté pour ces variétés. Il fait ses semences lui-même, les distribue aux producteurs et rachète par la suite leurs produits puis les transforme. Il nous communique sur ses rendements qui sont intéressants et cette année, nous avons l’intention de suivre sa chaine de valeur », laisse-t-il entendre.

Les producteurs de Bagré qui doutaient de la rentabilité de ces variétés, ont par la suite été édifiés et convaincus après leurs premières récoltes. Les circonstances de travail les ont amenés à faire de leurs récoltes, des grains de soudure c’est-à-dire qu’ils consomment leur production au fur et à mesure qu’ils récoltaient. Toute chose qui a contribué à les convaincre des aspects organoleptiques de ces KBRs.

A travers ces actions, la Coordination de KamBoinsinRiz peut espérer une capacité de production de 35 tonnes de semence de base qui correspond à la moitié des besoins saisonniers du pays si elle collabore avec des partenaires tels que Bagrépol, Nafaso… Mais en attendant, précise le coordonnateur, la production actuelle est de 10 tonnes par an dans les basfonds du CREAF de Kamboinsin pour répondre aux besoins courants.

Au-delà des frontières du Burkina, les KBRs sont déjà demandés :« il y a un producteur Malien qui, suivant nos activités, est entré en contact avec nous pour essayer nos KBRs », confie-t-il.

Selon le Dr Traoré, plusieurs sources ont laissé entendre que beaucoup de variétés de diverses spéculations développées par les chercheurs de l’INERA sont prisées et cultivées dans la sous-région, en dehors de celles appelées semences de ‘’grand père’’. Pour lui donc, ces variétés améliorées donnent des rendements satisfaisants et le Burkina Faso compte parmi les pays de la sous-région qui fournit des semences de qualité indiscutable. C’est le cas du maïs, du niébé et du sorgho. Egalement, il ressort des Rapports TASAI (The Africa Seed Accès Index) que le Burkina exporte des semences vers les pays africains tels que la Sierra Léone, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Nigéria, le Ghana…

                          De la méthode participative

En vue d’amener les agriculteurs à adopter les nouvelles variétés, les chercheurs ont opté pour la recherche participative ou l’amélioration variétale participative. Cette méthode a consisté à impliquer les producteurs et agriculteurs depuis le début du processus. « Ils contribuent à choisir les parents avant le croisement et lorsque la variété est en train de vouloir sortir, ils sont aussi invités à faire leur choix au champ. Comme ils sont partie prenante du travail de la recherche, ils sont pressés d’expérimenter », dit-il. De son avis, c’est certes une gymnastique qui coûte chère, mais le jeu en vaut la chandelle. Car il faut trouver de quoi financer le déplacement, le séjour et la formation des producteurs. Mais le chercheur se réjouit tout de même de réussir le pari, une fois tous les deux ans. Car, dit-il, cela permet d’accélérer le processus de sélection variétale et son adoption.

Après la phase du développement de nouvelles variétés à travers les croisements (mode sexuel) pour réunir des gènes d’intérêt, suit la phase de sélection variétale pour l’obtention de variétés performantes. Après quoi, le chercheur et son équipe ont semé les futures variétés dans des serres pour la phase de gestion de semences de premières générations. Les maintenir dans ces serres permet d’éviter toute contamination ou altération selon eux. Le maintien et la reproduction des semences pour chaque variété dans les serres se fait de façon permanente. Après avoir obtenu une semence de pré base stable et hautement homogène, survient la phase de multiplication dans les rizières pour la production des semences de base. Sur cette superficie d’environ une dizaine d’hectares, ce sont 45 femmes sur 106 formées et des jeunes contractuels qui y travaillent. Ces personnes sont chargées de défricher, semer, désherber, mettre l’engrais, récolter et stocker les récoltes dans des sacs. Pauline Sawadogo, 58 ans, est la responsable adjointe d’un des deux sites que nous avons visités. Elle y travaille depuis quatre ans maintenant. Le 6 décembre, Madame Sawadogo, assise sous un arbre avec ses deux petits-enfants, avait pour mission de chasser les oiseaux qui gaspillent les panicules du Bitonkini (KBR6). A cause des oiseaux ravageurs, Pauline Sawadogo est obligée de passer la journée dans le champ. Un travail qu’elle apprécie à sa juste valeur car avec ses Vingt (20) mille FCFA comme salaire mensuel, elle arrive à subvenir à certains besoins de sa famille.

Le jeune Alidou Ilboudo, lui s’occupe avec certaines femmes, d’un champ de plus d’un hectare et aussi des plants qui sont dans des serres. Il veille également au pompage de l’eau et à la surveillance des pépinières. Contrairement à dame Pauline, M. Ilboudo est contractuel et est rémunéré à 58 mille FCFA par mois. Après 3 ans de travail dans la station de recherche de Kamboinsin, il le trouve certes lassant mais passionnant.  Le Coordonnateur salut l’abnégation de ces femmes et jeunes qui sont un maillon important de la chaine.  En terme de salaire et prise en charge de ces personnes, la station débourse près de 900 mille FCFA par mois. Une somme que l’INERA Kamboinsin est obligé d’aller chercher avec des partenaires.  Après la production, il faut veiller à sa maintenance, à sa multiplication et à sa conservation. Si les serres servent à maintenir in vivo (vivant) les plants, de l’avis de M. Traoré, il faudrait après les récoltes les maintenir In vitro en chambre froide pour une moyenne durée et dans des congélateurs pour les longues durées. Cette méthode consiste à éviter l’altération des différentes variétés obtenues.

                                 Investir dans la recherche !

Au-delà des quatre variétés, Dr Valentin S. Edgar Traoré est en train d’expérimenter une vingtaine d’autres. Ces variétés en expérimentation suivront l’ordre normal des KBRs. Ce sont donc de la KBR10 à celle 22 qui sont présentement maintenues in vivo dans des serres selon le chercheur. Une dizaine parmi les futures variétés candidates à l’homologation sont des lignées qui contiennent de l’arôme. « Ainsi, nous acceptons des stagiaires des différentes Universités du Burkina qui nous aident dans l’évaluation des variétés en vue de choisir les meilleures », dit-il. Outre la création variétale, la station INERA de Kamboinsin fait également de la récupération et de la maintenance variétale à travers des espèces de riz en disparition et qui ont des caractères intéressants.

Selon lui, tous ces investissements exigent des moyens colossaux, notamment financiers. En effet, partie d’une superficie de moins d’un hectare, la coordination du programme riz dispose de nos jours, d’une dizaine d’hectares aménagés.  Cela grâce au financement à deux reprises de l’Alliance pour la Révolution verte en Afrique (AGRA) d’une part et d’autre part celui de la coopération allemande (GIZ).  Ces différents financements ont permis d’aménager les rizières et d’installer des forages solaires en vue d’irriguer les champs.  

Ainsi, les chercheurs Burkinabè devraient-ils être davantage encouragés à travers des financements dans le cadre de leur recherche selon le coordinateur de KamBoinsinRiz. Tout en déplorant le fait que le CNRST (Centre national de la recherche scientifique et technologique) ne dispose pas de fonds de financement, il invite le gouvernement à prendre ses responsabilités.  « 99% des fonds de recherche sont de sources étrangères », déplore-t-il. Pourtant selon lui, la recherche d’un pays est une question de souveraineté nationale car aucun pays ne s’est développé sans la recherche. « Il ne faut pas que notre recherche devienne comme un système commercial qui consiste à aller à Dubaï prendre ce que quelqu’un d’autre a produit pour venir nous vendre et nous faire consommer », prévient-il. Pour ce faire, il est inconcevable de l’avis de Dr Traoré qu’avec le nombre important de chercheurs dont dispose le Burkina Faso, que l’on continue à prendre ce que des chercheurs d’autres pays ont créé pour venir juste évaluer et consommer. « Nous avons les mêmes formations que ceux qui ont créé là-bas. Nous devons créer par nous-mêmes et pour nous mêmes. De ce point de vue, il ne faut pas que quelqu’un vienne d’ailleurs nous financer. Car le jour que le financement va s’arrêter, nos activités risquent de réduire de près de 90% », s’offusque-t-il. Il prend pour preuve le financement des recherches de sa thèse sur les KBRs qui est l’œuvre de AGRA. Un financement à hauteur de plus de 200 millions de Francs CFA. « Si AGRA n’était pas là, j’aurais certes des variétés, mais est-ce que c’est sûr qu’elles allaient être inscrites ? », s’interroge le chercheur avant d’appeler à un financement souverain pour que même sans aide, que les chercheurs aient un cahier de charges avec un fonds et un délai à délivrer.

 

                                                                      Rabiatou SIMPORE

                                                                      rabysimpore@yahoo.fr


                              Mutualiser les recherches !

La station INERA de Kamboinsin collabore avec des Instituts de recherches d’autres pays à travers le projet KAFACI ( » Korea-Africa for Food and Agriculture Cooperation Initiative« ). Cette collaboration est pilotée par AfricaRice, basée à Saint Louis au Sénégal. KAFACI est financé par le ministère de l’Agriculture de la Corée du Sud. Ce sont 24 pays Africains qui composent ce consortium. « Nous nous rencontrons annuellement pendant une dizaine de jours pour faire des partages d’expériences. Nous faisons des croisements pour regrouper des gènes utiles qui résolvent les problèmes de la riziculture africaine. Pour ce faire, nous disposons d’un laboratoire de biotechnologie moderne dans l’enceinte de AfricaRice qui permette de raccourcir le temps de la sélection variétale grâce à la technologie de la culture des anthères et au développement de lignées Double Haploïdes », laisse entendre Dr Valentin S. Edgar Traoré. De ses dires, ces rencontres scientifiques leur permettent de mutualiser les recherches entre les pays membres. Il s’agit plus concrètement, pour les chercheurs des différents pays, d’effectuer des recombinaisons de nouvelles lignées du riz ayant des caractères intéressants entre pays. Egalement, chaque année des introductions variétales sont instituées à l’occasion de ces rencontres.

 

                                                                                                  RS

      


                                   Des efforts sapés ?

Des efforts sont faits par les chercheurs Burkinabè pour sortir des variétés améliorées en vue de faire face aux inondations, à la sécheresse, aux insectes, aux maladies, à en croire Dr Valentin S. Edgar Traoré. Ces efforts qui devront être reconnus et salués par tous n’en a pas toujours été le cas. « Nous faisons face à d’autres burkinabè qui reçoivent eux aussi des financements pour promouvoir des semences paysannes ou bio ».  Le chercheur s’interroge sur le but de ces actions. Selon lui, plutôt que de ‘’saper’’ les efforts des chercheurs, il les invite à la table de concertations afin de mutualiser les efforts.  « Ils peuvent par exemple nous dire ce qu’il y a d’intéressant dans les semences paysannes afin que nous puissions les maintenir, améliorer pour le rendement et comment on peut caractériser ces semences pour faire de meilleures planification. Car il y a des semences paysannes que les gens se partagent et qui peuvent constituer des risques pour l’agriculture burkinabè », conclut-il.

                                                                                                        RS