L’orpaillage et ses dangers

L’exploitation artisanale de l’or est aujourd’hui un secteur important pour l’économie burkinabè. Plus de 400 sites d’orpaillage avec une capacité de production de plus de neuf tonnes d’or ont été enregistrés sur le territoire national en 2017. Véritable aubaine pour environ deux millions de personnes dans un pays aux ressources particulièrement limitées, ce type d’exploitation d’or soulève cependant de nombreux problèmes.

Ces problèmes se situent principalement à deux niveaux : environnemental et social. Sur plan environnemental, l’aspect le plus saisissant est l’utilisation de produits non conventionnels tels que le mercure et le cyanure. Deux fidèles compagnons des orpailleurs qui polluent considérablement l’eau de surface et les nappes phréatiques situées à proximité des sites. En plus, dans les pratiques des orpailleurs, une quantité importante d’arbres est coupée pour étayer les nombreuses galeries souterraines, participant du même coup à la déforestation et ses conséquences désastreuses que l’on connait.

Sur le plan social, il y a l’exposition des orpailleurs aux effets du cyanure et du mercure utilisés le plus souvent sans la moindre précaution.  Ce qui est à l’origine de certaines maladies. Il s’agit notamment des maladies cardiovasculaires, des maladies respiratoires, de l’infertilité et des allergies. Selon des recherches, plus de 2/3 des travailleurs des mines artisanales présentent au moins trois symptômes d’exposition chronique au cyanure au Burkina Faso. Et ces différentes contaminations diminuent d’une dizaine d’années l’espérance de vie d’un orpailleur, selon la même source. Dans un rapport paru en 2013, on estime les pertes occasionnées pour l’année 2011 (santé humaine et animale, contamination des sols et des nappes phréatiques du fait des pollutions chimiques) à environ 15 milliards F CFA. Cette ruée vers l’or compromet sérieusement la santé de près de 10 % de la population burkinabè et sacrifie une partie de sa jeune génération.

Par ailleurs, du fait de certains comportements à risque, le VIH et d’autres maladies sexuellement transmissibles sont légion au sein des orpailleurs. Cela est souvent favorisé par des superstitions. Pour certains, par exemple, avoir des relations non protégées dans les galeries augmenterait les chances de dénicher de grosses pépites d’or. A cela s’ajoute la prostitution des filles à la recherche du gain facile sur les sites et la consommation des drogues. On ne passera pas sous silence les décès causés par des éboulements, des noyades, des chutes, etc. De plus, la découverte de nouveaux sites d’or entraine systématiquement des mouvements massifs des populations vers ces lieux. Des migrations qui sont parfois sources de conflits, non seulement entre orpailleurs mais aussi entre orpailleurs et populations riveraines.

Au vu des problèmes environnementaux et sociaux qu’engendre l’orpaillage, quand bien même il profite au pays et à nombre de familles, il ne faut pas rester les bras croisés. Il sied d’œuvrer à minimiser ses conséquences. L’apprentissage de nouvelles techniques et pratiques par les orpailleurs semble la première piste à explorer pour réduire les risques sanitaires liés à l’exploitation artisanale de l’or.

Pour ce faire, tout doit être mis en œuvre pour porter à la connaissance des orpailleurs, les dangers liés à la manipulation des substances chimiques, à la coupe du bois ainsi qu’à leurs comportements peu recommandables sur les sites. En la matière, certains pays comme la Guyane (en Amérique du sud) sont allés jusqu’à interdire le mercure sur leur territoire. Et  cela n’y empêche pas l’exploitation de l’or.

 

Daniel ZONGO