Porc au four à Réo et à Koudougou : une mine d’or pour les jeunes

Fabrice Bayala, après avoir embrassé plusieurs métiers, trouve que le porc au four est le meilleur pour lui.

Dans les villes de Koudougou et de Réo, la transformation des produits de l’élevage est en plein essor. Très prisé par les consommateurs, le porc au four est une spécialité qui rapporte de nos jours à beaucoup de jeunes et lutte contre le chômage.

Dans la ville de Koudougou, quatre sœurs, vendeuses de porc au four, font la pluie et le beau temps. Revenues de la Côte d’Ivoire et par manque de boulot, elles décident de se jeter dans cette activité, naguère réservée aux hommes. C’était en 2017. Cinq années après, les sœurs Bonkoungou sont devenues une référence en matière de porc au four à Koudougou. Judith Bonkoungou, à la manœuvre au moment de notre passage, confie que l’idée est venue de leur grande sœur qui a commencé l’activité.

Puis, elles se sont associées à quatre pour combattre le chômage qui les menaçait. Depuis ce temps, les sœurs Bonkoungou rencontrent le succès sur toute la ligne. Elles attestent qu’elles arrivent à subvenir à leurs besoins et surtout à s’occuper de leur mère. Pour le moment, la seule difficulté qu’elles rencontrent est le manque de porcs à certains moments de l’année. Et ce, malgré le fait qu’elles ont des éleveurs qui leur livrent très souvent les animaux.

Quotidiennement, elles parviennent à vendre trois porcs. Pour le moment, les quatre sœurs ne se sont pas donné un salaire mais chaque jour, après la vente, elles se répartissent le bénéfice engendré. Judith Bonkoungou affirme que pour le moment, c’est la formule qui leur convient. Elles se disent satisfaites, parce qu’elles arrivent à s’occuper de leurs enfants et à vivre décemment. La ville de Réo, bien connue pour sa spécialité en matière de porc au four, regorge de nombreux bouchers. Sont de ceux-là, Blaise Bagoro qui s’est taillé une place dans l’univers de la vente du porc au four depuis 2014.

Au départ, il s’est lancé dedans par manque d’emploi, selon lui, alors qu’il venait de décrocher son baccalauréat. Du fait que la rentrée tardait, le jeune Bagoro ne savait que faire de son temps. Il décide alors de se lancer dans la vente du porc au four en attendant la rentrée à l’université. Un métier qui va se révéler plus tard mieux que sa licence en sciences économiques et de gestion qu’il obtiendra par la suite.

Des commandes hors du pays

Judith Bonkoungou (gauche) et sa sœur aînée à la table de vente de leur porc au four, très prisé à Koudougou.

Mieux, c’est le porc au four qui va l’aider à poursuivre ses cours sans grande difficulté. Ses tickets de restaurant, il les a toujours achetés grâce aux bénéfices qu’il engrangeait de son four. Cependant, Blaise Bagoro reconnait aujourd’hui que s’il a eu le courage d’y rester, c’est grâce à un monsieur qui l’a conseillé de concilier son activité et les études.

Un conseil qu’il a bien suivi et qui a produit des résultats probants. Avec sa licence, il est convaincu qu’il ne peut pas gagner un boulot qui va lui rapporter mieux que son four. Par jour, M. Bagoro écoule trois ou quatre porcs en moyenne, sur place à Réo. A Koudougou où il a implanté un autre four, il parvient à écouler deux porcs minimum par jour.

Blaise emploie cinq personnes à Réo qui sont payées à 30 000 F CFA le mois tandis que celles de Koudougou sont à 60 000 F CFA. L’activité est prospère à tel point qu’il a des commandes chaque semaine provenant de Ouagadougou, d’autres villes du pays et même des Etats-Unis d’Amérique. Avec ses bénéfices, M. Bagoro dit avoir déjà plusieurs réalisations à son actif.

Des cours et des parcelles à Réo et à Koudougou sont, entre autres, ses investissements. Fabrice Bayala est aussi un spécialiste du porc au four à Réo. Un métier qu’il exerce depuis 2015.  Avant d’y être, il dit avoir tout essayé en vain. « Heureusement, mon papa était boucher et j’ai appris à ses côtés », se réjouit-il. Aujourd’hui Fabrice Bayala est un boucher bien connu à Réo et il emploie quatre personnes dont le salaire varie entre 15 000 et 30 000 F CFA le mois. Chaque jour, il arrive à écouler la viande de cinq ou six porcs dont les clients se trouvent dans plusieurs villes du pays. Grâce à son activité, indique-t-il, il a pu réaliser bien de projets.

François KABORE