Promotion des produits forestiers non ligneux : L’association Femme 2000 va en croisade

Chantal Ouédraogo est la promotrice des journées portes ouvertes des produits forestiers non ligneux.

Les Produits forestiers non ligneux (PFNL) sont des produits collectés en forêt sans la nécessité d’abattre les arbres. Au Burkina Faso, ils contribuent à la sécurité alimentaire d’au moins 80% de la population. Leur exploitation génère un nombre important d’emplois, particulièrement pour les femmes en milieu rural. Consciente de cette donne, l’Association Femmes 2000 (AF2000) s’investit dans leur promotion en organisant des journées portes ouvertes et des plantations d’arbres.

 L’Association Femmes 2000 (AF2000) est un groupement de plus de 45 associations reconnu officiellement en 1997 dont le siège se trouve à Ziniaré, chef-lieu de la région du Plateau central. Dirigée par Chantal Ouédraogo, elle œuvre pour la promotion, la défense et l’amélioration des conditions de vies des femmes. Pour atteindre cet objectif, l’association est en croisade pour la préservation et la valorisation des ressources forestières, notamment des produits forestiers non ligneux (PFNL) qui sont une source de revenus pour la plupart des femmes au Burkina Faso.  Ce sont, entre autres, les lentilles (zamané), le balanites (chagala), les lianes, le raisin, le karité, les chenilles, le tamarin…

Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), il faut distinguer les PFNL d’origine végétale (matières premières pour la préparation de médicaments et de colorants, pour la fabrication d’ustensiles, pour la construction…) et ceux d’origine animale (animaux comestibles, cuirs, peaux, miel sauvage…).

Voulant tirer la sonnette d’alarme sur le sort réservé à ces produits, l’AF2000 a initié des journées portes ouvertes.  La 2e édition a eu lieu du 29 au 31 juillet 2022, à Ouagadougou. « Nous voulons promouvoir, valoriser ces produits. Et aussi donner l’occasion aux Burkinabè et surtout aux jeunes citadins de les apprécier. Car, certains sont en voie de disparition. Il nous faut donc agir », soutient Mme Ouédraogo. Dégustation de mets faits avec quelques-uns de ces produits, exposition ventes, visite aux chefs traditionnels dont le Mogho Naaba ont été les temps forts de ces journées portes ouvertes sur les produits forestiers non ligneux.

Le balanites (chagala) emballé….

A pris part à l’exposition, Alima Gnankiné représentante de la coopérative de transformation de  kinkeliba et de jus, Yama, basée à Ouagadougou. Elle a proposé au public des infusions faites à base de de kinkeliba associé au moringa, au balanites, au séné, etc. A l’entendre, ces infusions ont des vertus amincissantes, laxatives et facilitent la digestion. L’infusion pour le moringa coûte 1 200 F CFA et celle du clou de girofle est à 1 500 F CFA. Mme Gnankiné appelle le public à préférer les produits locaux dont la composition est bien connue par rapport à d’autres dont l’origine et la composition sont méconnues.  « Nos produits sont naturels et bons», lance-t-elle. A pris également part,  l’association, Zak la Yilguemdé (la cour est propre en langue nationale mooré) dont le siège est à Manga, chef-lieu de la région du Centre-Sud.

… et le Detarium microcorpum (kaga) au prix de 500 F CFA

Dans son stand, étaient exposés plusieurs formats de contenants de miel. Les prix variaient de 5 000 F CFA le litre à 1 500 F CFA le quart de litre. La  responsable, Aimée Yaméogo, affirme que sa structure, officiellement reconnue depuis 2006, a fait de la protection de l’environnement, son cheval de bataille.  Si elle arrive à s’investir dans la production du miel, aujourd’hui,  dit-elle, c’est grâce  à une formation reçue de la part du Centre écologique Albert Schweitzer (CEAS) du Burkina Faso, avec l’appui technique de l’Organisation catholique pour le développement et la solidarité (OCADES)/Manga en 2015. Pur et naturel et au regard des vertus de ce produit, elle invite le public à en consommer. « On a besoin des encouragements du public. Nous nous sommes lancés dans l’apiculture pour montrer qu’elle n’est pas un domaine uniquement réservé aux hommes. Les femmes peuvent y prendre part », annonce-t-elle.

La présidente de AF2000, Mme Ouédraogo,  tout en regrettant l’absence de certains partenaires et de nombreux public, remercie les personnes de bonnes volontés qui sont venues les soutenir. Parmi lesquelles le coordonnateur national de l’initiative de la grande muraille pour le Sahara et le Sahel (l’IGMSS), Adama Doulkom. Pour lui, cette activité est à encourager. « Notre souhait est de pouvoir mobiliser des ressources nécessaires pour organiser ces types de rencontres qui sont aussi des plateformes de sensibilisation. C’est une tribune pour valoriser les PFNL et inviter les gens à les consommer. Car, il a été scientifiquement prouvé qu’ils contiennent des éléments nutritifs », confie-t-il.

Des mets faits à base des produits locaux.

Le co-parrain, Georges Bazongo souligne, quant à lui, que ces produits sont des sources alimentaires et nutritionnelles pour les ménages et génératrices de revenus pour les femmes. « L’apport dans le Produit intérieur brut (PIB) est de 3,5% au Burkina Faso ; il est donc important que nous accompagnons l’association Femme 2000 », dit-il. Pour le co-parrain, Jacob Barry, il est impérieux de revoir les stratégies de reboisement et la façon de vivre dans les villes.

Aussi bien que l’association fait la promotion des PFNL, elle va en croisade contre la déforestation. Ainsi, au regard de la disparition progressive du karité, elle procède à des plantations d’arbres, notamment le karité. En effet, Chantal Ouédraogo et ses camarades se sont données pour défit la restauration des parcs à karité dans la région du Plateau central.

Alima Gnankiné de la coopérative Yama fait des infusions à partir du kinkeliba associé au moringa.

Le samedi 13 août dernier, avec l’appui financier de l’Alliance globale du karité (AGK), d’Aarhus Karlshamn (AAK) et d’autres personnes de bonnes volontés, elles ont mis en terre des milliers de pieds de karité dans le village de Barama, commune de Laye, province du Kourwéogo. Etaient à leurs côtés, des résidents, des autorités locales, des partenaires…

 

 

Habibata WARA