Editorial : l’essor de la pisciculture

La pisciculture a de beaux jours devant elle au Burkina Faso. En effet, selon la direction générale des ressources en eau, nous consommons plus de 100 000 tonnes de poisson chaque année, avec une forte demande de ce qui est produit localement. Pourtant, cette production domestique se chiffre à seulement 20 000 tonnes, soit 20% des besoins nationaux. Pour combler le gap, le pays est obligé d’importer près de 60 000 tonnes de poisson par an. Malgré cette faible production locale, le secteur procure des emplois directs et des revenus à près de 12 000 personnes (pêcheurs et commerçants et transformatrices des produits de pêche).

Il contribue aux efforts de sécurité alimentaire et à la lutte contre la pauvreté par la création de revenus. Convaincu des opportunités de la pisciculture, ces dernières années, l’Etat a pris des initiatives allant dans le sens de la développer. Cela se mesure essentiellement par la construction de barrages. Selon les statistiques de la direction générale des ressources en eau, les principaux supports de production de poissons sont les barrages de Bagré (21 000 à 25 000 ha), de Kompienga (16 000 à 20 000 ha), du Sourou (10 000 ha), de Dourou/Toécé (8 000 ha) et de Ziga (7 000 à 10 000 ha).

Un retour en arrière fait remarquer que la dynamique de la pisciculture a été insufflée depuis 2004 par le biais du Projet d’élevage piscicole (PEP) de Bagré qui a pris fin en décembre 2009. Ce projet était inscrit dans la politique nationale de développement des ressources halieutiques. Confié aux Engagements nationaux, il a été soutenu financièrement et techniquement par la Coopération taïwanaise qui l’a piloté pendant cinq ans. Depuis 2010, l’Etat burkinabè ou un privé devrait assurer la relève.

Pour l’instant, l’on est encore à l’étape des études pour déterminer le statut exact du PEP. C’est donc dire que le projet vivote actuellement. Cependant, il a eu le mérite de donner goût à certaines personnes et de former les ouvriers et techniciens qui tentent d’imprimer leur marque dans le domaine. Certains passionnés de la pisciculture essaient tant bien que mal de s’adonner à cette activité rentable mais pas bien connue au Burkina. A Ouagadougou comme dans d’autres villes et campagnes, plusieurs personnes font de la pisciculture leur activité principale ou secondaire.

La pratique se fait parfois même dans les cours d’habitation où des bacs sont installés à cet effet. Au constat, l’activité prend de l’ampleur avec des propositions de formation sur les réseaux sociaux et autres canaux de communication. Toutefois, selon les témoignages de ceux qui s’y essaient, la nourriture pour poissons n’est pas assez disponible. Ce qui les amène souvent à en fabriquer eux-mêmes sur la base de formules apprises çà et là. Le secteur a donc besoin d’être davantage exploré et boosté pour accroitre sa contribution à l’emploi des jeunes. Il faut renforcer les connaissances de ceux qui s’essaient dans la pisciculture car développée à un certain niveau, elle pourrait apporter beaucoup à l’économie nationale.

Daniel ZONGO

danielzong62@yahoo.fr