Chine express/Projet mil: « son objectif est d’aider le Burkina »

A l’occasion du IIe anniversaire du rétablissement des relations diplomatiques entre la République populaire de Chine et le Burkina Faso, le chef de l’équipe chinoise d’assistance technique du projet Mil, Monsieur ZHAO Hanqing, a accordé une interview exclusive à Sidwaya.

Sidwaya (S) : Qu’est-ce que le projet mil ?

Monsieur ZHAO Hanging (Z.H.) : Le Projet d’Assistance Technique pour la Démonstration de Culture de Mil au Burkina Faso (dénommé le Projet Mil) est un Projet de technologie agricole mené conjointement par les Gouvernements de la République Populaire de Chine et du Burkina Faso, ayant pour objectif d’aider le Burkina Faso à mettre en place un système d’approvisionnement durable des semences de mil, afin de garantir de façon soutenable la préparation et la production des semences de haute qualité répondant aux besoins de production à l’avenir. Le but de cette phase du projet est d’accroître le rendement du champ de démonstration 2-3 fois plus élevé que le rendement moyen du mil au Burkina Faso. Le contenu principal du Projet est d’envoyer des experts chinois pour former une équipe afin d’aider le groupe de mil à travailler au Burkina Faso; établir une démonstration de plantation de mil et une base de sélection à la ferme de Loumbila, introduire des variétés de mil de haute qualité et effectuer une démonstration de la transformation du mil. De commun accord entre les deux parties, des sites de démonstration vont être désignés pour expérimenter la culture de mil de haut rendement et former des acteurs agricoles burkinabè venus des Directions Régionales. La période d’assistance technique est une initiative de coopération agricole de trois ans qui s’étend du 15 avril 2019 au 14 avril 2022.

S : Quelles sont les variétés de semences qui sont expérimentées au Burkina Faso ?

Z. H. : Depuis la mise en œuvre du Projet il y a un an, l’équipe du Projet a effectué deux saisons de plantation. Pendant la saison des pluies, il existe 8 variétés expérimentales de plantation, à savoir les variétés de mil perlé SUPERSOSAT et SOSAT importées du Nigéria (inscrites dans le catalogue de la CEDEAO), les variétés de mil chinois Zhangzagu8, Zhangzagu16 et Zhangzagu18 et les variétés locales de mil MISARI-1, IKMP5 et IKMV8201. 8 variétés ont également été expérimentées pendant la saison sèche, à savoir les variétés de mil perlé SUPERSOSAT et SOSAT importées du Nigéria et les variétés de mil chinois Zhangzagu3, Zhangzagu8, Zhangzagu16, Zhangzagu18, HK-902 et HK-950. Afin d’assurer le succès de la culture des variétés importées au Burkina Faso, la plupart des variétés citées, ci-dessus, ont été plantées expérimentalement et sélectionnées au Nigéria, en Éthiopie et dans d’autres pays depuis de nombreuses années. Par exemple, l’introduction clé de SUPERSOSAT a été cultivée par la station agronomique du lac Tchad au Nigéria et a été largement plantée au Nigéria. La série de Zhangzagu a été plantée expérimentalement et sélectionnée au Nigéria, en Éthiopie et ailleurs depuis 2008.

S : Quelles sont les zones d’intervention du projet ?

Z. H. : La base semencière est à Loumbila au Centre et les 3 sites de démonstrations sont à SEGUERE dans les Haut-Bassins, à BASKOURE dans la région du Centre-Est, et à TIEBELE dans la région du Centre-Sud.

S : Comment les populations accueillent-elles l’initiative ?

Z.H. : Le Gouvernement chinois, l’Ambassade de Chine au Burkina Faso ainsi que la population locale ont de grandes attentes pour ce Projet et espèrent qu’il favorisera la coopération agricole sino-burkinabè, renforcera l’amitié sino-burkinabé et approfondira les relations bilatérales. Au Burkina Faso, les autorités, les techniciens agricoles, les agriculteurs et les médias ont pleinement salué le travail réalisés par le Projet Mil au cours de l’année écoulée. Le Ministre de l’Agriculture et des Aménagements Hydroagricoles, Monsieur Salifou OUEDRAOGO a inscrit des mots d’encouragement sur la collection des études techniques réalisées par l’équipe du Projet Mil, et a écrit à la partie chinoise pour remercier le Projet agricole pour ses acquis et les efforts des experts chinois. Les producteurs de la ferme de Loumbila ont forgé une profonde amitié au cours de l’année de dur labeur avec des experts chinois. Ils ont remercié les experts chinois pour leur formation désintéressée pour la technique et la technologie apportée ainsi que le Projet Mil pour améliorer leur rendement du mil et leurs revenus. « Merci aux experts chinois qui ont bravé la température élevée et la chaleur torride pour persister dans leur travail », leur a été spécialement adressée dans une lettre de remerciement, avec des cadeaux dont du poulet local, en signe de respects et de remerciements. Toutes les parties concernées attendent beaucoup du Projet Mil, espérant que ce projet puisse jouer un rôle important dans l’augmentation du rendement de mil du Burkina Faso pour réaliser la sécurité alimentaire. C’est également une forte motivation pour les experts chinois qui continueront à travailler dur.

S : En une année de mise en œuvre du projet, quel bilan pouvez-vous faire ?

Z.H. : Premièrement, l’équipe de Projet Mil a obtenu des résultats prometteurs par rapport à l’année écoulée.
En ce qui concerne l’introduction de nouvelles variétés, certaines d’entre elles ont montré des bonnes caractéristiques, telles que la bonne adaptabilité, le haut rendement, la résistance aux intempéries, la résistance aux maladies et aux parasites.
En ce qui concerne la culture proprement dite, les deux campagnes de tests en hivernage et en saison sèche ont été réalisées avec succès. L’équipe du Projet Mil a exploré et optimisé les exigences techniques pour la plantation de diverses variétés au Burkina Faso et a élaboré des guides techniques d’opérations afin de faciliter leurs promotion auprès des producteurs pendant cette campagne.
Pour la formation technique, l’équipe de Projet Mil a réalisé des formations à court et long terme en alternance grâce à la coopération de la partie burkinabé. Ces formations comprennent à la fois des explications systématiques des théories et des pratiques sur le terrain sur divers domaines. Lesdites formations ont obtenu des résultats remarquables.
Pour ce qui est de la promotion, l’implantation des trois sites de démonstration et l’expérience de campagne réussie ont jeté des bases solides pour la mise à l’échelle de bonnes variétés du Projet Mil.
Quant à la mise en place de la base semencière, l’équipe de Projet Mil a réalisé de nombreuses infrastructures telles que la réhabilitation de l’ancien bureau, la réfection des routes, la réparation des installations d’irrigation, la construction d’un nouveau bureau, du laboratoire de semences, de la salle de stockage des semences et de la salle de classe etc., à la ferme Loumbila, ce qui rassurera les campagnes à venir et les recherches de mil concernées.
Deuxièmement, l’exécution du projet ne se fait pas du jour au lendemain et chaque réalisation obtenue n’est pas facile.
Les experts vivent et travaillent dans un nouvel environnement qu’est le Burkina Faso. Ils sont soumis à de nombreuses épreuves, telles que le changement de régime alimentaire, le climat, l’environnement, etc. En même temps, ils doivent faire face au paludisme, à la fièvre de dengue et à d’autres maladies, et ont rencontré la pandémie de la COVID-19 durant la campagne en saison sèche. Plus de la moitié des experts de l’équipe a été touché par le paludisme ou la fièvre de dengue. Moi j’ai eu deux fois le palu et une fois le palu dengue cette année écoulée. Pour la campagne, il n’y a pas d’expérience de culture locale prête à l’emploi pour les nouvelles variétés introduites et l’équipe de Projet Mil ne connaît pas non plus les conditions climatiques locales et les caractéristiques de campagne. Dans le même temps, nous devons relever les défis posés par la haute température et la saison sèche. Mais l’équipe de Projet Mil n’a pas reculé devant tous ces défis. Elle a surmonté de nombreuses difficultés avec la collaboration sincère et étroite de la partie burkinabè pour assurer le bon déroulement du projet.
Troisièmement, l’exécution du Projet Mil est indissociable de l’étroite coopération entre la Chine et le Burkina Faso, du soutien de l’Ambassade de Chine et de l’accompagnement des agriculteurs locaux.

S : Est-ce que le climat sécuritaire et la crise sanitaire n’ont pas entravé la bonne marche du projet ?

Z.H. : Objectivement, l’instabilité de la sécurité et la pandémie mondiale de la COVID-19 ont causé de grands inconvénients à la mise en œuvre du Projet Mil. Nous avons remarqué que dans plusieurs régions du Burkina Faso, dont certaines sont des zones de culture de mil, il y a eu récemment plusieurs attaques terroristes, ce qui a restreint la mise à l’échelle des sites de démonstration du Projet Mil. Le coronavirus a causé de gros problèmes dans la promotion du projet, la formation et les visites mutuelles d’experts des deux côtés. En réponse aux difficultés ci-dessus, l’équipe de Projet Mil s’efforce à minimiser les impacts des facteurs défavorables en prenant les mesures ciblées après la consultation positive avec la partie burkinabè. L’une consiste à effectuer un examen préliminaire des nouveaux sites de démonstration au moyen de documents écrits, photo et vidéo pour s’assurer que les sites de démonstration de cette année augmenteront de 3 à environ 7 comme prévu. La seconde consiste à élaborer un « Plan d’urgence contre la COVID-19 pour la campagne hivernale 2020.» Si éventuellement la situation sanitaire ne s’améliorait pas en saison humide, l’équipe de Projet Mil pourrait diriger à distance les agriculteurs dans les travaux de plantation et d’extension comme prévu via les smartphones, les supports vidéo enregistrés etc.

S : Quel est l’état de la collaboration entre les experts chinois et leurs collègues burkinabè ?

Z.H. : La coopération entre les experts des deux pays est très agréable. Au cours de l’année écoulée, une équipe d’experts burkinabés dirigée par le coordonnateur national du Programme de Coopération Agricole Burkina-Faso / République Populaire de Chine, M. SANOU Gaoussou, a grandement aidé à la bonne exécution du projet. Les experts de la Chine et du Burkina Faso se communiquent et s’échangent souvent sur divers sujets survenus au cours de la campagne en mutualisant leurs forces et efforts. Des experts burkinabé ont activement accompagné les activités du Projet Mil, nous ont fourni des conseils techniques et des informations pertinentes sur la culture de variétés locales, aidé la partie chinoise à mettre en œuvre des sites de démonstration et coordonné avec les producteurs. Les experts chinois sont impressionnés par la bonne coopération et le professionnalisme des homologues burkinabè. Après un an d’entente et de coopération, les agents agricoles des deux pays ont établi une profonde amitié.

S : A Séguéré dans les Hauts-Bassins, il ressort que le projet a engrangé des succès dans l’expérimentation des variétés de semences. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Z.H. : Le site de démonstration de Séguéré est l’un des trois premiers sites de démonstration du Projet Mil. Séguéré n’est pas une zone de culture de mil traditionnelle, mais le climat et les sols locaux sont très adaptés à la culture de mil. Le dynamisme du directeur régional des Hauts-Bassins, des agents de suivi et le niveau relativement élevé des producteurs ont conduit au choix de la zone comme premier lot de sites de démonstration. Pendant l’hivernage de 2019, nous avons fait planter 15 hectares de SUPERSOSAT qui est une variété supérieure introduite du Nigéria. L’équipe de Projet Mil a formulé un plan de campagne complet basé sur les données climatiques et pédologiques locales et a fourni des semences, des engrais, des pesticides, des générateurs, des batteuses et d’autres matériaux agricoles. De plus, pendant la période active de croissance du mil, des experts chinois se sont rendus sur le site pour donner des conseils. Grâce aux efforts conjoints de la Chine et du Burkina Faso, la première campagne du site de démonstration de Séguéré a enregistré un succès, avec un rendement moyen de 3 tonnes/ha, dépassant de loin le rendement global de moins de 1 tonne/ha au Burkina Faso, ce qui a soulevé un énorme enthousiasme parmi les agriculteurs autour du site de démonstration. Monsieur Salifou OUEDRAOGO, le Ministre de l’Agriculture et des Aménagements Hydroagricoles, lors de sa visite du site de démonstration de Séguéré, a salué les efforts de l’équipe sino-burkinabè et a loué les résultats remarquables obtenus. Dans le même temps, il a suscité de grands espoirs pour accélérer la promotion de SUPERSOSAT et étendre les avantages du Projet Mil. Bien sûr, en raison du manque d’expérience, la première campagne de démonstration a encore un potentiel d’amélioration, comme la densité de culture, l’élimination des hors-types et la gestion de la période de croissance. Dans la future campagne de démonstration, nous travaillerons avec les producteurs pilote de la démonstration pour amener d’autres producteurs à améliorer continuellement la performance afin de faire rayonner davantage les sites de démonstration.

S : Le projet sera-t-il renouvelé à la fin des trois ans ?

Z.H. : Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions. Cela dépend du plan de développement agricole burkinabè et du plan global de coopération bilatérale entre la Chine et le Burkina Faso. Du point de vue de l’équipe de Projet Mil, nous savons que le développement et la promotion de l’industrie agricole s’inscrivent dans la durée.
Il reste encore beaucoup à faire pour améliorer, d’une façon globale, la filière du mil au Burkina Faso notamment, l’amélioration des semences, la sélection et l’application de mil hybride, la campagne économisant de l’eau en saison sèche, l’amélioration de l’industrie de transformation du mil, etc. Indépendamment de la poursuite du Projet Mil, les experts chinois espèrent que la Chine et le Burkina Faso pourront coopérer en profondeur sur cette grande terre tout en contribuant au développement de l’agriculture et à la sécurité alimentaire au Burkina Faso.

 

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