
A l’occasion de la commémoration du 3 janvier 1966, l’Union d’action syndicale a organisé, le jeudi 3 janvier 2019 à Ouagadougou, une conférence publique sur le thème : « Loi de finances 2019 : quelles similitudes avec le budget de l’Etat de 1966 de Maurice Yaméogo et quelles leçons ? ».
La loi n°042-2018/AN du 18 décembre 2018, portant loi de finances pour l’exécution du budget de l’Etat, exercice 2019, a fait l’objet de débats, le 3 janvier 2019, date commémorative du soulèvement populaire du 3 janvier 1966. 53 ans après ce soulèvement et depuis la prise du pouvoir par le président Roch Marc Christian Kaboré, l’Union d’action syndicale (UAS) dit constater que les « choses » ne semblent pas évoluées.

C’est la raison de la tenue d’une conférence publique, le jeudi 3 janvier 2019 à Ouagadougou, en vue d’établir une comparaison entre la loi de finances 2019 et le budget de l’Etat de 1966 de Maurice Yaméogo. Après avoir rappelé l’historique, le conférencier, Grégoire Nongo Traoré, par ailleurs secrétaire général du Syndicat national des impôts et du domaine (SNAID), a indiqué que le budget prévisionnel du PNDES en 2018 s’élevait à 1 999,50 milliards F CFA contre 1 760,78 milliards F CFA pour l’Etat.
En 2019, celui du PNDES est passé à 2 242, 90 milliards et de 1 697,00 milliards pour l’Etat. « On constate aisément que dès 2017, les prévisions du PNDES sont en-deçà des prévisions du budget de l’Etat qui ne reste au fil du temps qu’un leurre. Les prévisions du PNDES en ressources propres ne sont réalisées qu’à peine 75%. Au 31 octobre 2018, le montant décaissé au titre des appuis budgétaires se chiffre à 125,47 milliards F CFA sur une prévision révisée de 198,40 milliards F CFA, soit un taux de décaissement de 63,36% », a-t-il précisé.
Que tous ceux qui doivent à l’Etat remboursent !
Quant au rehaussement du taux de la taxe qui va peser, selon M. Traoré sur le pouvoir d’achat des travailleurs, il a noté que dans un tel contexte, les mêmes causes pourraient produire les mêmes effets. Car, à son avis, aucune mesure nouvelle n’est prise pour faire face au pillage des ressources nationales. « Du reste, ces nouvelles taxes ou réajustements connaîtront le même sort de non rentabilité comme les nombreuses taxes déjà existantes », a-t-il prévenu.
Le secrétaire général de la CGTB, Bassolma Bazié, a, pour sa part, souligné que c’est une leçon très amère que le mouvement syndical retient des hommes politiques de nos jours. « Si ceux qui sont à la tête des structures religieuses et coutumières caressent toujours les dirigeants politiques, tout le monde sera coupable et responsable demain, de ce qui adviendra à notre peuple. Il faut faire en sorte que les actes que nous posons soient des actes qui respectent l’intégrité, la dignité et la liberté au nom desquelles les devanciers se sont sacrifiés », s’est-il indigné.

Et de poursuivre que l’ensemble des nouvelles taxes qui ont été décidées dans la loi des finances ne sera pas appliquée. « Nous allons être très fermes sur cette loi. Si, elle doit être appliquée, que tous ceux qui doivent à l’Etat remboursent. Que le président du Faso prenne un décret d’ici la fin du mois de janvier, pour nous montrer que les ministres ont respecté en termes de salaires, leurs émoluments. Il faut une gouvernance vertueuse.
Que les dirigeants nous montrent que nos ressources sont bien gérées et s’il y a un manque, nous sommes prêts à nous sacrifier », a martelé M. Bazié. Pour lui, il n’est pas tolérable qu’au moment où des militaires sont massacrés au front parce qu’il leur manque des munitions, que certains ministres construisent des ‘’bunkers’’.
Afsétou SAWADOGO