Demain mardi 5 novembre 2024, les américains se rendent aux urnes pour désigner leur président pour les quatre prochaines années. Au vu des candidats en lice et de leurs inclinations politico-idéologiques on peut dire sans grand risque de se tromper que le continent africain n’a pas grand chose à attendre d’eux en termes de changement qualitatif majeur de la politique africaine des Etats-Unis.
Commençons par le candidat républicain, Donald Trump, pour dire qu’à l’analyse de son précédent mandat, on connaît déjà la piètre opinion qu’il a d’un continent dont la portion utile se résume pour lui à l’Afrique australe et centrale et dans une moindre mesure à sa pointe Ouest principalement la Somalie et Djibouti dont la proximité avec le Yémen les prédisposent à jouer un rôle important dans le conflit Proche-oriental qui est actuellement dans une phase très critique pour l’humanité entière. Aussi, l’Egypte et l’Ethiopie entre forcément dans les plans du Foreign office pour les mêmes raisons et dans le cas de l’Ethiopie pour son rôle de pivot dans la diplomatie continentale.
Pour les autres, on sait ce qu’il pense, même si entre son premier passage à la Maison Blanche et de nos jours, des bouleversements notables sont intervenus notamment au Sahel où son vieil allié français est totalement en perte de vitesse au profit des russes et des chinois. Mais, Trump pourrait laisser courir, s’il obtenait des premiers une paix des braves en Ukraine et au Proche-Orient (en parvenant au gel du programme nucléaire iranien principal “combustible” de la tension actuelle) et des seconds un modus vivendi sur Taïwan sans que américains et chinois ne perdent la face. Un partenariat gagnant-gagnant ou plutôt donnant-donnant dont Paris serait le grand perdant ce qui ne lui ferait ni chaud ni froid au regard de son profil d’hommes d’affaires.
Avec Trump donc, les choses sont claires, et le candidat républicain peut-être même “séduisant” pour le continent avec lequel, il partage certaines valeurs sociétales. Trump n’a jamais fait mystère de sa répulsion envers les homosexuels et assimilés et ce n’est pas sur lui qu’il faudrait compter pour conditionner l’aide américaine à l’acceptation de ceux-ci. Pour lui en effet, une famille “normale”, c’est un homme, une femme et cinq enfants ce qui n’est pas loin des standards africains.
Pas de crise politico-morale donc s’il était élu, ce qui est loin d’être le cas de Kamala Harris, une “aristocrate” de l’ouest américain qui sacralise ces nouveaux droits humains fondamentaux et entend les exporter à travers le monde si possible par la contrainte. Une nouvelle crise “civilisationnelle” en perspective donc qui va, dans le cas du Sahel se coupler avec des passes d’armes sur le plan diplomatico-militaire. Au contraire de Trump, madame Harris et les démocrates sont, jusqu’à preuve du contraire partisan de la ligne dure avec Moscou surtout ainsi que les développements actuels de la crise ukrainienne le laisse voir.
Dans cette optique, on peut dire qu’ils ne laisseront pas les russes s’implanter tranquillement dans une zone qui a toujours été sous influence occidentale, même si à ce niveau il appartiendra à nos dirigeants de rester droits dans leurs bottes et d’assumer leur mission historique. L’infrastructure déterminant la superstructure, les mesures économiques et monétaires qu’ils prendront seront un indicateur de cette volonté d’émancipation. En résumé donc, ni Trump, ni Harris n’auront grand chose à nous apporter en dehors du déjà vu. Et, que les rêveurs sentimentaux qui croient le contraire se souviennent que notre “frère-sang” Barack Obama est resté dans le leitmotiv de tous ses prédécesseurs qui se résume en une phrase : l’Amérique d’abord. Aux africains d’en prendre de la graine.
Boubakar SY