Commune de Dablo : des populations « affamées » appellent au secours

Le SGA de l’ADD, Mahamadi Sawadogo (2e à gauche) : « Nos différentes interpellations sur la situation critique de Dablo auprès des autorités administratives sont restées vaines ».

Le Collectif « L’appel de Kaya » a organisé une conférence de presse, le jeudi 23 septembre 2021, à la place de la Nation de Kaya, pour interpeller le gouvernement sur la situation humanitaire et sécuritaire de la commune de Dablo, située à 90 km du chef-lieu de la province du Sanmatenga, région du Centre-Nord.

Parcourir l’axe Dablo-Barsalogho, long de 45 km, est un voyage presque sans espoir, car les enlèvements sont quasi-quotidiens. Les habitants sont chassés, frappés et même exécutés dans leurs champs. Des femmes ont été violées. Le ravitaillement des Personnes déplacées internes (PDI) et leurs hôtes en vivres est « presque rare ». Du fait de la fermeture du Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de Dablo, les malades graves sont transportés en charrette par les femmes vers le centre de santé de Kelbo, situé à 15 km. Il s’agit du tableau de la situation humanitaire et sécuritaire de ladite localité qu’ont brossée, le jeudi 23 septembre 2021, à la place de la Nation de Kaya, des membres de l’Appel de Kaya (ADK), lors d’une conférence de presse.

Dans leur déclaration liminaire lue par le Secrétaire général adjoint (SGA) de l’Association pour le développement de Dablo (ADD), Mahamadi Sawadogo, il ressort que du 12 mai 2019 (date de la première attaque terroriste) au 6 août 2021, la commune a essuyé une douzaine d’attaques des groupes armés, avec à la clé, une centaine de pertes en vies humaines et une soixantaine d’enlèvements dont 27 toujours portés disparus. Eu égard à cette situation que les conférenciers jugent « chaotique », des recommandations ont été formulées à l’endroit du gouvernement.

Pour Mahamadi Sawadogo, il s’agit de l’érection d’autres détachements militaires et des postes de police, d’une meilleure formation des Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) et leur dotation en équipements conséquents. « La réouverture des structures éducatives et sanitaires, le ravitaillement de la population en vivres, la réhabilitation des réseaux de télécommunications et le déminage de l’axe Dablo-Barsalogho sont également des préoccupations majeures des populations de la commune », a-t-il ajouté. Si vos préoccupations ne sont pas prises en compte, quelles seront vos actions futures ?

Il nous revient que chaque fois que votre collectif organise une activité, les membres sont victimes de menaces et d’intimidations. Allez-vous baisser les bras ? « Nous avons plusieurs stratégies de lutte que nous n’allons pas dévoiler publiquement, parce que des personnalités nous mettent toujours la pression », a répondu le président de l’ADK, Boukaré Ouédraogo alias Catalan, à la première question de la presse. Il a rassuré que, malgré les multiples manipulations de certains élus, le Collectif restera toujours serein et apolitique pour défendre les droits et intérêts du peuple burkinabè.

Emil Abdoul Razak SEGDA

Segda9emil@gmail.com


Zénabo Sawadogo, rescapée d’une attaque récente à Dablo

« Chaque jour, nous fuyions au minimum 5 fois »

« J’ai trouvé refuge à Kaya, il y a 12 jours. Notre commune est sous emprise des groupes armés terroristes. Les terroristes dictent leurs lois et ils maltraitent les populations. Chaque jour, nous fuyons au minimum 5 fois pour nous cacher dans la brousse ou dans les champs. Nous avons pu semer mais nous ne pouvons pas cultiver. Si nous partons aux champs, les terroristes chicotent les femmes et tuent les hommes. C’est cette maltraitance qui m’a poussée à fuir Dablo avec mes 5 enfants de 4 à 10 ans. Nous avons dompté la faim et la soif toute la journée pour parcourir 90 km afin d’arriver à Kaya. Nous sommes arrivés ici, les pieds enflés à cause de la marche. La situation humanitaire et sécuritaire à Dablo est très critique. Rien ne va à Dablo …Chaque jour, nous passons notre temps à fuir les crépitements des armes.

Cela fait pratiquement 7 mois que la ville a été ravitaillée en vivres. Notre commune est actuellement en pénurie de vivres : pas de sel, maggi, savon. La ville est invivable. C’est pourquoi, j’ai fui la localité pour me retrouver ici. Le ministère en charge de l’action humanitaire ne peut plus convoyer des vivres par voie terrestre, parce que la voie est impraticable. Les véhicules et les tricycles n’empruntent plus l’axe Dablo-Barsalogho. Actuellement, nos malades se soignent au CSPS de Kelbo (15km). Et, ce sont les femmes qui les transportent en charrette. La fois dernière, les terroristes nous ont croisés avec des malades. Ils sont partis avec nos CNIB et les carnets des malades ».

Propos recueillis par Emil Abdoul Razak SEGDA

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