A l’issue de la première phase du Programme emploi-jeunes pour l’Education nationale (PEJEN) initié en 2016, 1499 d’entre eux ont été autorisés à passer un test en vue de leur intégration définitive dans le système éducatif. Aux résultats, 660 personnes ont échoué, soit un taux d’échec de 44%. Ces derniers, pour s’être sacrifiés pendant trois ans, crient à l’injustice et interpellent le gouvernement.
Les 660 professeurs du Programme emploi-jeunes pour l’Education nationale (PEJEN), qui ont échoué à leur test d’intégration à la Fonction publique ne savent plus à quel saint se vouer. Bénéficiaires du programme lancé en 2016, en vue de la résorption du chômage des jeunes, 4 200 jeunes, au départ, ont servi comme professeur pendant trois ans au postprimaire dans l’enseignement général et technique.
Après cette échéance, un test leur a été soumis pour une intégration définitive dans le système éducatif national. C’est ainsi que sur 1499 d’entre eux qui ont pris part au concours, 660 ont été recalés tous profils confondus. Soit un taux d’échec de 44%.
Si beaucoup de candidats ont échoué au test d’intégration, a expliqué Mamourou Sanou, leur représentant, c’est lié au fait que les sujets étaient «inadaptés », car ne répondant pas à leur profil universitaire. En effet, selon ces candidats malheureux, les sujets proposés au concours, surtout dans les matières scientifiques, n’ont pas tenu compte de la diversité des profils des différents candidats. « Les sujets n’étaient pas de nature à absorber tout le monde.
Quelqu’un qui a laissé le campus pendant trois années ou quatre années pour se consacrer à l’enseignement dans les classes de 3e, on l’évalue sur des sujets de type académique de l’université. Pourquoi ne pas l’évaluer sur ce qu’il a appris pendant les trois années d’enseignement ?», regrette le porte-parole des candidats ajournés au concours. Il a ajouté que nombre d’entre eux ont reçu des formations en économie et n’ont pas fait la physique-chimie, encore moins les Sciences de la vie et de la terre (SVT) à l’Université.
A leur grande surprise, ce sont des sujets de niveau universitaire dans ces disciplines qui leur ont été soumis. « Comment pouvons-nous nous en sortir ? Sur les 524 candidats dans les disciplines scientifiques, seulement 20 ont été admis au concours », a déploré Mamourou Sanou.
Criant donc à l’injustice, il a demandé, au nom de tous ses camarades, à être intégrés dans la Fonction publique ce, au nom du sacrifice qu’ils ont rendu à la nation. Car, a-t-il soutenu, l’objectif du programme était non seulement de résoudre le déficit en enseignants dans les classes mais le chômage des jeunes. « Le PEJEN avait fait nourrir beaucoup d’espoir aux jeunes qui ont même fondé des familles tout en pensant que leur situation serait stable », a relaté M. Sanou.
Ainsi, en s’appuyant sur les termes du programme, ne pas les intégrer inscrirait l’Etat en faux par rapport à ses propres engagements. Et d’ajouter que cela relèverait d’un manque de volonté de la part du ministère de l’Education nationale, qui fait toujours cas de manque d’enseignants.
Bien plus, à l’en croire, le test organisé par le département en charge de cette question ne respecte pas les préalables des contrats à leur recrutement de départ.
En effet, il a indiqué qu’au préambule de leur contrat, il est mentionné que « le PEJEN est un dispositif de pré-recrutement de jeunes diplômés souhaitant enseigner, avec la possibilité à terme d’intégrer la Fonction publique à travers un mécanisme spécifique mis en place à cet effet ». C’est pourquoi, il dit ne pas comprendre l’organisation d’un concours pour leur intégration.
C’est pourquoi, se convainquent ces candidats malheureux, leurs droits ont été lésés et demandent à être réhabilités. Selon eux, la pertinence de leur situation a suscité une question orale de la Représentation nationale adressée au ministre de l’Education nationale pour que des explications soient données.
Pour M. Sanou, il est aujourd’hui temps pour qu’au niveau du ministère, un mécanisme soit trouvé pour intégrer ces candidats dans la Fonction publique. Ce d’autant plus qu’en 2016, ils ont tous été sélectionnés sur dossier et ont suivi des formations dans les différentes écoles de formation sanctionnées d’attestations. Toute chose qui sera en phase avec la politique du gouvernement, à savoir la lutte contre le chômage dans la frange jeune de la population. Du reste, a confié Mamourou Sanou, des démarches ont été entreprises auprès d’acteurs politiques afin que, disent-ils, « justice leur soit rendue ».
Soumaïla BONKOUNGOU