Construction de l’aéroport de Donsin : Les entreprises appelées à redoubler d’efforts

Plusieurs sites des travaux de construction de l’aéroport de Donsin ont reçu la visite des ministres en charge des transports et des infrastructures.

Le ministre des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière, Roland Somda, accompagné de son collègue des Infrastructures et du Désenclavement, Adama Luc Sorgho, a effectué une visite sur le site des travaux de construction de l’aéroport de Donsin, le samedi 1er avril 2023. A l’issue de la visite, il ressort que le projet de construction de l’aéroport de Donsin est à un taux d’exécution global de 55%.

Le nouvel aéroport de Donsin constitue un investissement majeur pour le Burkina Faso. Le gouvernement de la Transition veut s’assurer que sa construction obéit aux standards en la matière. Le ministre des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière, Roland Somda, accompagné de celui des Infrastructures et du Désenclavement, Adama Luc Sorgho, a effectué une sortie- terrain sur le site de construction de l’aéroport de Donsin.

Cette visite visait à toucher du doigt le niveau de réalisation de cette infrastructure aéroportuaire, les difficultés qui minent la progression des travaux de construction débutés depuis 2017, et au besoin, apporter les correctifs nécessaires pour qu’à terme, un ouvrage de qualité répondant aux standards internationaux soit livré.

Tout commence à l’entrée principale, par une présentation d’ensemble du plan de masse, des différents lots et zones du projet. Après cette entrée en matière, les deux ministres, accompagnés de leurs collaborateurs, du directeur général de la Maitrise d’ouvrage de l’aéroport de Donsin (MOAD), Tamoussi Bonzi et ses techniciens ainsi que les techniciens des entreprises en charge des travaux s’ébranlent vers les sites des travaux.

Débuté en 2017, la construction de l’aéroport de Donsin est à un taux d’exécution global de 55%. © : Issa COMPAORE Sidwaya.info

La colline d’implantation des radars, l’ouvrage d’évacuation des eaux pluviales, la base militaire, les bâtiments de la gendarmerie et de la zone technique de l’ASECNA, le parking président et celui de la zone commerciale, le rond-point giratoire, le parking visiteurs, les bâtiments administratifs, les travaux de la chaussée aéronautique constituée de la base- vie, de la piste d’atterrissage, du parking passagers, ont reçu la visite des «contrôleurs» d’un jour.

D’un site à l’autre, la démarche est quasiment la même : présentation du lot ou de l’ouvrage en question, du taux de réalisation physique et financière, des délais consommés, les engagements ou mécanismes mis en place pour respecter les échéances prévues, les difficultés rencontrées par l’entreprise. Avec des ministres attentifs aux exposés et multipliant les questions d’éclaircissement, il faut lever toutes les zones d’ombre.

A la zone sous douane, on enregistre un taux de réalisation physique de 23% et financière de 20%, avec un délai d’exécution consommé de 69%. Ces contreperformances s’expliquent, entre autres, par des problèmes constatés dans les montages des dossiers d’appels d’offres et de coordination avec l’ASECNA.

Des dossiers techniques « mal montés »

L’un des problèmes qui plombent l’avancée des travaux est que nombre de projets ont fait l’objet d’évaluations parcellaires ou avec des dossiers techniques mal montés, confesse le directeur général de la MOAD. Cela oblige à des études complémentaires, des prises d’avenants, avec des impacts certains sur les ressources financières qui ne sont pas extensibles à souhait.

Le projet de musée souterrain constitue l’un des projets mal conçus ; ce qui a conduit à son abandon, a fait savoir M. Bonzi. Pour des infrastructures non prévues comme le catering, la piste de sortie rapide, la protection du canal d’évacuation des eaux pluviales, la MOAD est invitée à examiner la faisabilité de leur prise en compte. Il en est de même de la question des modalités d’alimentation de l’aéroport en connexion wifi. A la Tour de contrôle, certains ne semblent pas satisfaits après la présentation du plan de l’ouvrage pour l’entreprise.

« Ce que nous avons aux aéroports de Ouaga et de Bobo est mieux que la Tour d’ici. Comment peut-on construire le futur avec le présent », a murmuré un dans l’assistance, l’air outré.

Le ministre en charge des transports, Roland Somda a invité les entreprises à aller vite et bien car le gouvernement ne transigera pas sur la qualité des infrastructures qui vont être livrées. © : Issa COMPAORE Sidwaya.info

D’un site à l’autre, le message du ministre en charge des transports à l’endroit des entreprises en charge des travaux est le même. Aller vite et bien en apportant les correctifs nécessaires, avec un nouveau planning actualisé clairement défini.

« Ce chantier de l’aéroport mérite du sérieux. C’est une infrastructure stratégique et nous voulons un bon résultat », a-t-il martelé.

Avec un taux d’exécution global de 55%, qu’il qualifie de moyen avec « des délais largement dépassés pour la majorité », le ministre Somda a été on ne peut plus clair.

« C’est le lieu pour moi d’appeler tous les prestataires à changer de vitesse pour aller plus rapidement à l’exécution du travail qui leur a valu l’attribution du marché », insiste-t-il.

Tout en rappelant que le gouvernement ne transigera pas sur la qualité des infrastructures qui vont être livrées. C’est pourquoi, il a appelé les entreprises à redoubler d’efforts dans l’organisation et la mobilisation des moyens matériels, humains, financiers et de l’expertise nécessaire à l’accomplissement de leurs missions.

« Nous avons demandé aux acteurs sur le site d’être un peu prévoyants, de revoir leur planning et de mieux s’organiser sur les chantiers afin que nous puissions avoir un aérodrome digne de ce nom », a renchéri son homologue en charge des infrastructures, Adama Luc Sorgho.

La primauté aux intérêts du Burkina

Et l’efficacité recherchée, pour lui, passe par un recadrage à travers la mise en place d’une équipe de coordination disposant de la technicité qu’il faut pour un suivi coordonné des travaux à l’effet d’éviter les cloisonnements préjudiciables à l’avancée des travaux et à la qualité des ouvrages.

Le ministre en charge des infrastructures, Adama Luc Sorgho, a appelé les entreprises à mettre en place une équipe de coordination afin d’éviter les cloisonnements préjudiciables à l’avancée des travaux. © : Issa COMPAORE Sidwaya.info

L’aéroport de Donsin, un projet stratégique et d’envergure, n’a-t-il pas été conçu sans la vision futuriste qui va avec, au regard de certaines infrastructures non prévues et de la multiplicité des avenants ? L’infrastructure n’est-elle pas simplement dépassée avant sa mise en exploitation, comme l’a soutenu le syndicat des travailleurs de l’aéronautique ?

Pour le ministre Somda, qui ne voudrait pas entrer dans cette polémique, la conception du projet ne datant pas d’aujourd’hui pourrait expliquer les insuffisances constatées çà et là.

En tout état de cause, les projets d’extension, à l’issue de cette phase initiale, pourraient permettre de rattraper certains manquements surtout que le domaine de l’aéroport s’étale sur 4 400 hectares, souligne-t-il.

Mais à quand le premier vol ou atterrissage d’avion sur le tarmac de Donsin ? L’échéance de 2025 est-elle tenable ?

Le ministre joue la carte de la prudence. « Je ne dirai pas que cet horizon n’est pas tenable mais il y a des points, des centres d’intérêt à régler, notamment la question de la société d’économie mixte dont le sort sera connu dans les jours à venir. Au risque de me tromper, je préfère que nous puissions évaluer véritablement le délai en fonction de ce que nous avons constaté comme insuffisances et correctifs à apporter », a-t-il répondu.

Revenant sur la suspension de la convention de concession de l’aéroport de Donsin qui est déjà actée, le gouvernement examine toutes les insuffisances qu’elle comporte et une décision relative sera connue les prochains jours. Mais pour sûr, rien ne sera fait au détriment de l’intérêt du Burkina Faso, a-t-il rassuré.

Débuté à 8h45, c’est à 13 heures que cette visite marathon a pris fin. Avant le début de la visite, une minute de silence a été observée à la mémoire des 7 travailleurs décédés sur le site à la suite à l’écroulement d’un bâtiment en construction.

Mahamadi SEBOGO


Coût du projet

Le coût estimé des travaux de la phase 1 du projet de construction de l’aéroport de Donsin actualisé en 2019 était de 436 milliards F CFA, dont 381 milliards F CFA pour la composante civile et 55 milliards F CFA pour celle militaire. En novembre 2022, le montant du projet réévalué à nouveau se chiffre à 500 milliards F CFA.

Cette révision à la hausse prend en compte le renforcement et l’amélioration de la conception technique du projet, la réalisation de la voie express, l’incidence financière des révisions des prix et des travaux supplémentaires indispensables au fonctionnement de l’aéroport.

Pour ce qui est du montant disponible pour des nouveaux d’engagements, il est de 38 milliards F CFA. Quant au besoin global de financement, il est estimé à 249 milliards F CFA, dont 211 milliards F CFA à mobiliser auprès de l’Etat burkinabè et des bailleurs de fonds.

M.S

Source : MOAD

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