Le chef d’état-major général des armées du Burkina, le général Moïse Miningou et son homologue de la Côte d’Ivoire, le général Lassina Doumbia, se sont rencontrés, vendredi 22 mai 2020, pour faire le point de l’opération «Comoé», engagée depuis le mercredi 13 mai dernier contre des groupes terroristes à la frontière entre les deux pays.
Déclenchée depuis le mercredi 13 mai dernier, l’opération conjointe militaire entre le Burkina et la Côte d’Ivoire baptisée «Comoé» bat son plein dans la zone frontalière entre les deux Etats. Par cette opération, les deux armées entendent mutualiser leurs forces pour faire face à la menace terroriste transfrontalière, selon les deux chefs d’état-major des armées. Le chef d’état-major général des armées du Burkina, le général Moïse Miningou et son homologue de la Côte d’Ivoire, le général Lassina Doumbia, se sont rencontrés le vendredi 22 mai 2020, pour faire le point de l’opération «Comoé».
Comme un symbole, le général Miningou et sa délégation ont effectué le déplacement à Kafolo en terre ivoirienne à bord d’un avion militaire burkinabè aux côtés des soldats ivoiriens. Accueilli à sa descente d’avion par des officiers ivoiriens à Kafolo dans la zone de Ferkessedougou, le général Miningou aura, par la suite, une séance de travail à huis clos avec son homologue ivoirien, le général de corps d’armée, Lassina Doumbia au ranch de Kafolo. A la suite de cette séance de travail, les deux généraux ont félicité et encouragé les commandants d’unité et les soldats pour le travail déjà abattu depuis le début de l’opération « Comoé ».
L’opération «Comoé» qui dure depuis une dizaine de jours a déjà engrangé des résultats. Les soldats burkinabè et ivoiriens, main dans la main, ont mis en déroute des terroristes.
L’opération a permis le démantèlement d’une base des terroristes à Alidougou dans la province de la Comoé à 10 kilomètres de la Côte d’Ivoire et de saisir d’importants matériels, notamment des armes, des motos et des téléphones portables. « Nous avons eu les comptes rendus de ce qui se passe sur le terrain, et ces comptes rendus nous amènent à continuer dans la même lancée parce que cela témoigne que la victoire est proche», a lancé le général de brigade Moïse Miningou aux troupes des deux pays.
S’unir pour vaincre le terrorisme
Pour lui, grâce à la bravoure des deux armées, l’opération est déjà une réussite. « …Nous pensons qu’il faut continuer la lutte afin que nos populations puissent travailler dans la quiétude, dans la paix et dans la sérénité », a insisté le général de brigade, Moïse Miningou. L’opération « Comoé » est une première et ne doit pas s’arrêter en si bon chemin, a-t-il laissé entendre.
En effet, cette opération a permis aux deux armées de faire ce maillage qui ne se faisait pas d’habitude, foi du général Moïse Miningou. « Et nous pensons que cette zone qui n’a pas encore été prise par les terroristes, ne le sera plus jamais », souligne le général Miningou. Les dernières attaques terroristes survenues en territoire burkinabè ont eu lieu à 10km de la frontière ivoirienne.
D’où cette initiative de former une coalition de forces armées étant donné que les groupes terroristes sont mobiles entre les deux frontières. Une mobilité que regrette le général ivoirien.
Car, estime-t-il, « aucun Etat ne devrait permettre qu’une quelconque partie de son territoire soit utilisée pour organiser, préparer et mener des attaques terroristes en territoire voisin ou s’y réfugier après avoir commis de tel forfait».
D’où la nécessité que les deux pays s’unissent et se solidarisent pour faire face à la menace terroriste, selon le général de corps d’armée, Lassina Doumbia.
« Nos ennemis ont réussi à le faire, ils arrivent à se solidariser entre groupes armés terroristes, ils vont au-delà en se solidarisant avec les trafiquants », poursuit-il. De son avis, cette opération conjointe a permis de lever des doutes. Et au regard des résultats obtenus, il se dit satisfait.
Ainsi, le général Doumbia dit avoir la conviction que cette zone pourra être stabilisée de façon durable. Et pour lui, mener une telle opération est un devoir pour les deux armées afin de sécuriser leur frontière commune. « Si nous, nous n’arrivons pas à le faire, nous perdrons la guerre », met en garde, le général Doumbia, invitant les deux pays à consolider les acquis. Mais prévient-il, même si les résultats de cette opération sont déjà satisfaisants, les deux Etats ne doivent pas dormir sur leurs lauriers.
Boudayinga J-M THIENON
De retour de Kafolo
Pourquoi le port de la tenue de l’ex- RSP sur le terrain d’opération?
Selon le général Moïse Miningou, « dans l’armée burkinabè, nous avons plusieurs tenues. Il y a ce que vous voyez que l’on dit du RSP, il y a les tenues terres du Burkina et autres. Toutes ces tenues sont pour l’armée burkinabè et en tant que chef d’état-major, selon les circonstances, je prescris la tenue.
Ici, le terrain est boisé, c’est pratiquement la forêt et nous pensons qu’une tenue qui va avec la forêt ne peut être que celle-ci. Si vous partez au Nord, ça sera une tenue sable. Que ce soit ici ou à l’est, nous avons décidé de porter cette tenue car c’est une tenue de l’armée burkinabè ».
B J-M T
« Il est impossible d’envoyer un soldat au front et ne pas lui donner
à manger », selon le général Miningou
« Il est vrai que ça circule sur les réseaux que les forces armées du Burkina ne sont pas bien traitées, mais en réalité il n’y a pas plus dangereux qu’un ignorant qui ne sait pas qu’il est ignorant. J’ai entendu qu’ils ne mangent pas assez mais je peux vous rassurer qu’il n’y a pas un militaire qui n’est pas alimenté.
Même moi quand je suis sur le terrain, je suis alimenté par l’armée, c’est une règle. Il est impossible d’envoyer un soldat au front et ne pas lui donner à manger. Je ne sais pas pourquoi ça raconte partout mais moi ce que je sais, c’est que le commandement fournit des efforts pour que les soldats soient bien traités. Il y a d’autres même qui disent qu’ils n’ont pas d’armes lourdes.
Je me demande s’ils comprennent la différence entre les armes. Dans un détachement, comment voulez-vous avoir des armes lourdes ? Il y a des armes qui tirent à 30km. Est-ce que vous voulez, que dans un détachement qui doit défendre son périmètre, qu’on mette des armes qui tirent à 30km ? Mais non ! Par contre, il y a les armes collectives et là ils ne peuvent pas dire qu’il y a n’a pas…
Ce que je peux dire, c’est que les forces armées du Burkina Faso ne se laisseront jamais distraire. Nous avons une mission et nous allons l’accomplir. Vous voyez que tous les jours pratiquement nous avons des soldats qui tombent mais quand même le combat continu. Je sais que mes soldats m’écoutent et nous recevons progressivement du matériel ».
B J-M T