
La chambre criminelle de la Cour d’appel de Fada N’Gourma a débuté, hier mardi 22 avril 2025, dans la cité de Yendabli, ses assises criminelles. Ils sont au total 28 accusés appelés à la barre pour répondre, notamment, des faits de détournement de deniers publics, de meurtre, d’assassinat et de viol, durant ce jugement prévu, du 22
au 30 avril 2025.
Accusé de complicité de corruption, courant 2020, alors qu’il purgeait une peine de 15 ans à la Maison d’arrêt et de correction de Bogandé (MACB), OF, âgé de 71 ans, a comparu, hier mardi 22 avril 2025, devant la chambre criminelle de la Cour d’appel de Fada N’Gourma. Dans les faits, le prévenu aurait reçu des sommes d’argent de ses codétenus et de leurs proches pour remettre à M.A, le défunt chef de sécurité de la MACB, afin de bénéficier de sa part, d’une liberté provisoire ou de toute autre faveur.
Parallèlement, sur ce dernier, décédé en 2024, pesaient plusieurs chefs d’accusation dont le viol aggravé sur trois détenues, la tentative de viol aggravé et la corruption. Au terme des débats, la cour a déclaré l’action publique éteinte concernant M.A pour cause de décès avant de prononcer l’acquittement de O.F au bénéfice du doute.
Ce dossier est le premier de 20 autres qui font l’objet de jugement par la chambre criminelle de la Cour d’appel de Fada N’Gourma à la faveur de ses assises criminelles qui se tiennent ,du 22 au 30 avril 2025, dans la cité de Yendabili. Officiellement ouverte au cours d’une audience solennelle, la session de la section de la chambre criminelle et de la chambre criminelle d’appel connaîtra, selon le procureur général près la Cour d’appel de Fada N’Gourma, Barnabé Compaoré, le jugement de 20 dossiers impliquant 28 accusés.
« Il s’agit, d’une part, de 7 dossiers en appel impliquant 9 accusés dont 7 détenus et deux non détenus et, d’autre part, de 13 dossiers en première instance devant la section de la chambre criminelle impliquant 19 accusés dont 8 détenus, 10 non détenus et un décédé », a-t-il expliqué. Aussi, a-t-il souligné, ces dossiers se rapportent notamment à des faits qui ont « gravement » choqué la conscience sociale et troublé suffisamment l’ordre public. Ce sont, a-t-il cité, le meurtre, l’assassinat, les détournements de deniers publics, le viol et la traite de personnes, entre autres.
Des assises à but pédagogique
Pour le président de la Cour d’appel de Fada N’Gourma, Fortuné Gaëtan Zongo, cette session a pour but de vider les dossiers, de situer chaque
accusé sur son sort, de désengorger le rôle des juridictions et de réduire les dépenses liées à la prise en charge des détenus. « La justice permet de corriger les membres de la communauté qui ont failli, de leur permettre de payer à la société ce qu’ils ont fait comme acte malveillant, de s’amender et de se réinsérer.
C’est pour cette raison que les juridictions tiennent les audiences », a-t-il rappelé. Au-delà des décisions de justice qui sont rendues, a fait remarquer le procureur général Barnabé Compaoré, le jugement vise à conscientiser la population. Mieux, a renchéri le président de la Cour d’appel de Fada N’Gourma, ces assises peuvent être pédagogiques pour la population. Pour lui, c’est donc l’occasion pour chaque personne de s’intéresser à l’activité judiciaire, les audiences étant publiques et ouvertes à tout le monde.
En tous les cas, a promis le procureur général Barnabé Compaoré, durant les neuf jours, la loi sera dite et chacun bénéficiera d’un procès équitable. Car, a-t-il soutenu, cette session est l’aboutissement d’un long processus d’enquête et d’investigation. « Si les procès sont équitables, cela peut contribuer à l’apaisement dans la société. Ceux qui seront condamnés comprendront les raisons de leur condamnation et les victimes sauront que leur cause a été entendue », a-t-il ajouté.
Au demeurant, si les 20 dossiers au menu des assises criminelles sont prêts à être jugés, c’est en partie grâce au travail de fins limiers abattu par tous les maillons de la chaîne pénale, a-t-il fait savoir. Il s’est adressé à l’ensemble des acteurs judiciaires en ces termes : « je salue le procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Fada N’Gourma (TGI), les juges d’instruction, la garde de sécurité pénitentiaire, le corps des greffiers, la police judiciaire et tous ceux qui ont participé réellement à la manifestation de la vérité dans ces dossiers ».
M. Compaoré a traduit également sa gratitude aux Forces de défense et de sécurité (FDS) qui, grâce à leur perspicacité, a-t-il indiqué, ont permis de mener les enquêtes dans la quiétude et la sérénité. Il a salué également les avocats qui travaillent d’arrache-pied pour éclairer la religion du juge. Avant de déclarer la session ouverte, le président de la Cour d’appel de Fada N’Gourma a donné acte au greffier en chef de sa lecture des différentes ordonnances et au procureur général de ses réquisitions.
Joanny SOW