Près de 2000 femmes travaillent à la carrière de Pissy, située dans l’arrondissement n°9 de Ouagadugou, un gisement d’exploitation traditionnelle de granite à ciel ouvert. Dans des conditions difficiles ces femmes concassent du dur pour survivre.
Assise à même le sol, Abzeta Kaboré veuve d’environ 75 ans casse difficilement le granite. Elle casse et concasse la pierre sans aucune protection. De grosses gouttes de sueur perlent sur son front. Sa camisole de couleur rougeâtre est toute trempée. Avec un souffle entrecoupé, elle indique qu’elle travaille sur le site depuis plus de 20 ans. « Quand j’étais plus jeune j’entrais dans le trou, transporter le granite et sortir concasser », confie-t-elle. Aujourd’hui, elle n’a plus la force. Mais malgré son âge elle est toujours à la tache car ne sachant quoi d’autre à faire l pour se nourrir. « Le travail est très pénible. J’ai des courbatures et j’ai mal partout, mais je suis obligée de venir ici tous les jours pour avoir de quoi me nourrir. Car je n’ai personne pour s’occuper de moi », marmonne-t-elle.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=Hj96AGOg6xY&w=560&h=315]
Sur le site, elle n’est pas la seule femme à y travailler. Il y a de centaines d’autres femmes qui s’adonnent à cette activité pour s’occuper de leur famille.
Ramatou Bancé travaille sur cette carrière il y a plus de 20 ans. « Je suis ici pour n’est pas ‘’mourir’’ de faim. Sinon le travail est pénible mais n’est pas rentable », indique-t-elle. Aussi, elle affirme que le marché est lent. Elle fait savoir que pour sortir le granite du trou c’est vraiment très difficile. « Je suis fatiguée de ce travail, mais que faire ? »
Creuser, casser, concasser, transporter, vanner… c’est le quotidien des personnes qui travaillent sur le gisement granitique de Pissy. Des bruits de concassage, des fumées et des tiraillements des vendeurs accueillent tout visiteur qui s’aventure sur ce lieu. Pendant que certaines femmes, assises sous des tentes et des arbres réduisent en petits morceaux le granite, d’autres les approvisionnent de blocs de pierres transportés dans des récipients.
Odile Gansbéogo, la quarantaine révolue, travaille ici pour prendre en charge ses cinq enfants tous scolarisés. Elle affirme que le travail n’est pas aisé mais elle n’a pas le choix. Son mari ne fait rien.
Ce travail m’a conduit à la Mecque
La septuagénaire Adja Asseta Kouraogo travaille sur le site il y a plus de 30 ans. Elle affirme qu’au départ, elle travaillait sur cette carrière comme toutes les autres femmes. « Grâce à ce travail, j’ai pu nourrir ma famille », soutien-t-elle. Aujourd’hui, elle n’a plus assez de force pour affronter ce travail pénible. Mme Kouraogo est aujourd’hui grossiste. Après plusieurs années de dur labeur, le concassage de granite lui a permis d’aller à la Mecque. Elle est aujourd’hui ‘’Adja’’.
« Pendant que les parents sont dans le « trou » de la carrière de granite de Pissy, les enfants des travailleuses de la roche sont envoyés dans une école préscolaire non loin du site, créée par l’association de l’ensemble des exploitants », confie Sawadogo Edouard, le président de l’association des travailleurs de la roche. Il affirme qu’il y a quatre classes dont une crèche, une classe de petite section, une de moyenne section et une de grande section. Il y a au total 219 enfants à la crèche et à l’école maternelle.
Des travailleurs exposés
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=q7NeA2RLkCI&w=560&h=315]
M Sawadogo indique que le travail de la roche est plein de risques. Selon lui, chaque jour les travailleurs se blessent. « Au départ, nous avons cotisé pour mettre en place une infirmerie pour nous permettre de nous prendre en charge en cas de blessure. Cette infirmerie dénommée ‘’centre médical Wend La Laafi’’ a été renforcée par les Pères Don Orione de Kamboinsé », dit-il.
Située en pleine ville, sur environ 700 mètres de long et 70 m de large, la carrière de granite du quartier de Pissy est un site d’exploitation dite « artisanale traditionnelle ». Cette carrière existe depuis la période coloniale et les techniques n’ont pas changés.
Wamini Micheline OUEDRAOGO