Les habitants de la région du Nord sont dans la tourmente en cette année 2022. Car, le spectre de la famine frappe aux portes, en témoigne la hausse des prix des produits de première nécessité sur le marché. Constat !
Nous sommes, le 5 février 2022, à Ouahigouya, contrairement aux années antérieures, le prix du kilogramme de la pomme de terre s’est multiplié par deux et est vendu à 500 F CFA. Cette situation s’explique par la réduction des superficies cultivables en raison de l’insécurité et du manque d’eau dû à la mauvaise pluviométrie enre-gistrée dans la région du Nord. Les puits et les barrages tarissant peu à peu, il devient difficile d’effectuer le reste des activités de maraîchage.
« Pourra-t-on encore avoir l’eau de boisson dans les mois à venir ? », s’interroge la vendeuse de pomme de terre au grand marché de Ouahigouya, Ramata Ouédraogo. Selon elle, le prix du kilogramme de la pomme de terre à pareille période, oscille entre 250 F CFA et 300 F CFA. A son avis, cette augmentation du prix de la pomme de terre découle de la baisse de la production. « En réalité, cette denrée vendue à Ouahigouya n’est pas uniquement cultivée ici.
Les villes comme Titao en produisaient en grande quantité. Malheureusement, à cause de la mauvaise pluviométrie et l’insécurité, la majorité des cultivateurs n’ont pas pu produire. Certains sont devenus des personnes déplacées internes », explique-t-elle. A cette allure, la famine n’est pas loin, s’inquiète-t-elle. Les prix des céréales connaissent un véritable pic, s’alarme la vendeuse de céréales, Alizèta Sawadogo.
A l’entendre, le sac de maïs de 100kg qui coûtait auparavant 16 500 F CFA, coûte désormais plus de 20 000 FCFA. Le sac de 100 kg du petit mil se vend à 26 000 FCFA au lieu de 18 000 FCFA. «Or, nous ne sommes qu’en période sèche. Qu’allons-nous devenir en période de soudure (Juillet à septembre). Les clients se plaignent de la cherté des céréales mais ce n’est pas de notre faute », souligne-t-elle. Sur le marché, la boîte (de tomate) de haricot coûte 1200 FCFA, le zamnè et le sésame est à 1500 FCFA, ajoute-t-elle.
Les denrées se font rares
Pour la vendeuse Mariétou Traoré, les céréales sont en rupture sur le marché d’approvisionnement . A l’écouter, cela s’explique par le fait que de nombreux grands producteurs aient abandonné leurs champs à cause de l’insécurité. « Des greniers entiers ont été brûlés par les terro-ristes. Du coup, il n’y a plus suffisamment de céréales sur le marché », confie-t-elle. Et le peu qui existe, coûte cher, fulmine-t-elle.
« Je pense que la solution pourrait venir de la vente des céréales à prix social de la SONAGESS avec l’ouverture de plusieurs boutiques témoins. Je crois que c’est cela qui pourra soulager les populations surtout les personnes déplacées internes », suggère dame Sawadogo. L’inflation se fait sentir à tous les niveaux, confirme Alioune Cissé, gérant d’un restaurant.
Venu pour acheter du haricot en vue de varier son menu du jour, il soutient qu’il a été obligé de revoir à la hausse le prix des plats servis, qui est passé de 500 à 800 FCFA. « Mes clients se plaignent parce qu’ils estiment que c’est devenu coûteux. Mais cette augmentation est due à celle des prix des produits sur le marché », se défend-t-il.
La flambée touche également les produits divers. Le litre d’huile est passé de 800 FCFA à 1100 FCFA. Le sucre, vendu entre 450 et 500 FCFA, coûte désormais 600 FCFA. Les prix du savon, du riz ont aussi connu des hausses, témoignent nos interlocuteurs. « Tout cela est dû à la fermeture des frontières à cause de la COVID- 19 » croit savoir le boutiquier, Seydou Ouédraogo.
Fleur BIRBA
fleurbirba@gmail.com